Dano Djédjé Ou La Logique du Gringalet Politique

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Abidjan, Côte d’Ivoire

Il y a en Côte d’Ivoire, des  individus qui se trouvent parfois mis en mission à leur grand désarroi. Ils n’ont ni le courage, ni la carrure, ni la vision des conséquences de la mission qu’on leur attribue, en guise d’examen de passage dans les confréries de sorciers politiques que la pensée identitaire ivoirienne fomente à outrance.  On a beau leur dire «  Quand on en t’envoie, il faut savoir t’envoyer », ils ne savent pas y faire. Comme des moutons de Panurge, ils vont à l’abattoir de la légèreté et de l’inconséquence. Tel nous paraît précisément être le cas de Sébastien Dano Djédjé, ex-ministre ivoirien de la réconciliation nationale, mis en mission par le Front Populaire Ivoirien pour porter l’estocade contre le président Guillaume Soro avant la visite du Gôh, mais assez malhabile pour se prendre les pieds dans le tapis et subir la culbute inévitable des êtres chez qui l’indignité a depuis belle lurette supplanté le bon sens. Comment comprendre autrement que le signataire de la fameuse Lettre des cadres qui sommait Guillaume Soro de ne point mettre les pieds hors de Gagnoa, sous peine de représailles imprévisibles, freine aujourd’hui des quatre fers et jure ses grands dieux à Guillaume Soro qu’il ne fut jamais dans ses intentions de le tuer ? Je voudrais montrer dans la présente tribune que Sébastien Dano Djédjé a bel et bien servi des menaces de mort à Guillaume Soro ; je voudrais établir que la réplique de Guillaume Soro à la logique étriquée de Dano Djédjé fut plutôt modérée ; enfin, je voudrais montrer en quoi Dano Djédjé est littéralement un politicien à courte vue, un véritable gringalet politique.

I La rhétorique malsaine de Dano Djédjé : acte 1 d’une agression-boomerang

Tel l’enfant têtu, Dano Djédjé joue avec des boomerangs en croyant faire le malin contre son entourage. Qui crache en l’air, tôt ou tard, crache sur son propre nez. N’est-ce pas ce qui est arrivé à notre bonhomme ? Sans doute mis en demeure de faire preuve de radicalisme contre Guillaume Soro par les radicaux du FPI, à la veille de ce que le FPI pressentait comme le siphonage de son fief politique dans la région du Gôh, Dano Djédjé était en obligation de faire le fier, de montrer ses muscles, de jouer au méchant. On l’aura hélas davantage que cela, contraint à être, comme le dirait Alpha Blondy dans l’une de ses chansons, « bête et méchant ». Bête parce que dans la fameuse Lettre des Cadres de Gagnoa qu’il signera de son nom bien solitaire, il est clairement question de demander au Président de l’Assemblée Nationale, deuxième personnalité de l’Etat, de s’exclure de certaines parties du territoire de l’Etat. Dano Djédjé, apparemment serein et imperturbable au moment de pondre sa missive d’interdiction de déplacement, ne mesure sans doute pas que l’homme à qui il s’adresse n’est pas Guillaume Soro, fils de Diawala, mais le Président de l’Assemblée Nationale, institution de Côte d’Ivoire. « Méchant », Dano Djédjé n’aura pas hésité à l’être.  Quel culot ne faut-il pas pour excommunier Guillaume Soro d’une partie de son propre pays, à l’heure ou l’apatridie est dans la visière de la gouvernance-Ouattara ! Dano Djédjé ose interdire à une haute institution ivoirienne d’ester en son territoire. Il décrète Mama, Gnaliépa, Kpokropbo, principautés et enclaves intouchables de Côte d’Ivoire. Comment croire qu’au moment de cliquer sur le bouton d’envoi de ce courrier-oukase aux médias, le professeur Sébastien Dano Djédjé n’ait eu ni la visite de la raison, ni les conseils de quelques-uns des siens plus ou moins instruits de la logique institutionnelle d’une république démocratique ?

En réalité, le fameux Communiqué des Cadres de la région de Gagnoa aura révélé la rhétorique malsaine de Dano Djédjé. Elle consiste à toujours avoir deux fers au feu. L’un au feu des siens, l’autre au feu des ennemis déclarés. Cela s’appelle autrement duplicité. Pour donner des gages aux extrémistes du FPI, Dano Djédjé fait le fou favori des sondages, comme le chef Boga Sivori. Il parle mal aux autorités, pour paraître bon parmi les siens. Mais pour s’assurer de la clémence de Guillaume Soro, il se fend d’un communiqué angéliste, où il se donne quasiment l’intention christique d’avoir voulu bénir Guillaume Soro à la veille de son départ périlleux vers la région du Gôh. Comment peut-on à la fois être le bourreau et le thérapeute de la victime ? Seul Dano Djédjé le sait. Et sans doute, cet homme pourrait-il ouvrir une université de formation aux arts de la lâcheté en république. Heureusement toutefois, sa dérive aura inspiré sa victime ! Voyons la suite de l’affaire.

II La réplique de Guillaume Soro : une manière d’élégance républicaine

Dans la politique ivoirienne, Guillaume Soro a précisément la réputation de n’être ni un boulanger, ni un roublard, ni un balayeur. Je dirais qu’il est plutôt l’homme du concret. On voudrait le contester ? J’ai lu dans la presse ivoirienne cette semaine, non sans un certain dépit, la prose d’un certain Patrick Zasso contre le président Guillaume Soro. Ce quidam singulièrement mal luné prétendait, entre autres fictions extravagantes, que Guillaume Soro en fin novembre 2010, n’avait pas informé Laurent Gbagbo de sa défaite certaine à l’issue du deuxième tour de la présidentielle 2010. A en croire Patrick Zasso, néo-converti à l’art démagogique des frontistes, Guillaume Soro ne serait pas homme à dire ce qu’il pense ou à faire ce qu’il veut en temps de péril . Pourtant, 20 ans d’observation de Guillaume Soro protestent aisément contre les délires de l’impénitent Zasso.

Zasso, comme Dano Djédjé, devraient pourtant posséder le minimum requis pour décrypter l’énigme du chef du parlement ivoirien.  Guillaume Soro, de la FESCI au Parlement ivoirien, est l’homme qui mène ses combats parmi et avec ses compagnons. Jamais demandeur de bouclier humain, il est aux avant-gardes des luttes qu’il coordonne et impulse. Fesciste, il connaîtra cinq fois la prison pour ce courage physique inénarrable qui le caractérise. Devenu chef de la rébellion du MPCI, c’est encore lui qui, aux heures chaudes du revers militaire d’Abidjan en septembre 2002, accepte de parler sous le nom du Docteur Koumba, de la lutte des Ivoiriens contre le serpent ivoiritaire dans tous les médias du monde. Au cœur du feu de 2004, tout comme lors de l’attentat de 2007 ou de la prise d’Abidjan en 2011, c’est au cœur de ses compagnons que Guillaume Soro impulse encore leur lutte. Je l’ai à ce titre nommé « L’Homme des devants », pour dire l’exceptionnel kairos dont il peut faire preuve quand tous les autres leaders se réfugieraient dans des atermoiements illimités.  Comment Dano Djédjé pouvait-il donc rêver que ses menaces de représailles aient quelque effet sur l’idiosyncrasie solide de Guillaume Soro ?

Pour faire face à la menace des Cadres de Gagnoa conduits par le ministre Dano Djédjé, Guillaume Soro a commencé par démentir leurs prédictions sur le terrain effectif du pays bété. Il est allé en compagnie de ses compagnons de lutte et des députés d’Abidjan à Gagnoa, atterrissant contre vents et marées sur une piste de terre avec son avion de courses.  Il est allé de Gagnoa à Gnagbodougnoa, Gnaliépa, Kpokrobo, Ouragahio, Guibéroua, et est revenu triomphal, délivrer un grand message de vérité et de réconciliation à Gagnoa. Dans chacune des stations de sa patiente procession pour la paix en Côte d’Ivoire, il a convaincu les âmes et vaincu les peurs . Semant vérités, développement et discours de réconciliation sur son passage, il a déraciné pour longtemps les mauvaises herbes du mensonge, de la stérilité et de la haine politiques semées par le FPI à travers le Gôh. Bref, Guillaume Soro a montré que Dano Djédjé ramait à contre-courant du sens même de l’Histoire. Y a-t-il meilleure réplique à l’infrapolitique que le bon exemple donné par la fraternisation de Guillaume Soro avec le peuple du Gôh ?

III La logique du gringalet politique Djédjé démantelée

Les cadres de Gagnoa soi-disant représentés par la signature haineuse de Dano Djédjé sont en fait des fenêtres sur un passé qui doit passer : la gouaille sanglante du Front Populaire Ivoirien a fait trop de mal à la région du Gôh pour qu’on la laisse encore entre les mains des mêmes. En allant chercher les véritables désirs d’avenir des populations du Gôh, Guillaume Soro a littéralement coupé l’herbe sous les pieds de la Refondation tout en montrant que la grille de lecture ethniciste de la politique ivoirienne souffre de sérieuses défaillances logiques. Du coup, c’est la vision politique de Dano Djédjé qui apparaît alors dans tout son rabougrissement intérieur.

Dano Djédjé aura impuissamment tenté d’imposer aux Ivoiriens une logique de gringalet politique, celle qui consiste à croire que les partis politiques peuvent confisquer à jamais des régions exclusives de la Côte d’Ivoire. Logique de gringalet parce qu’elle réduit le monde ivoirien aux proportions étroites de la pensée ivoiritaire. En croyant que des cadres peuvent s’arroger un territoire, telle une principauté moyenâgeuse sur laquelle trôneraient des princes consorts à jamais maîtres de toutes les opinions, Dano Djédjé donne du FPI une vision suffisamment éloquente pour être dépeinte : un parti qui pense petit, qui vise petit, et qui confond son gros cœur avec la taille autrement plus immense de la Côte d’Ivoire.

Penser petit ? Telle est la logique du gringalet politique : il croit que ses petits calculs de positionnement politique dans l’appareil partisan sont la fin du monde. Il croit que la bave xénophobe de ses camarades saturés de désirs de vengeance aura de nouveau le vent en poupe  bientôt. Abruti par les prophéties à deux sous du sulfureux  Koné Malachie qui fait les choux gras de l’insipide presse bleue, Dano Djédjé se prend à rêver d’une Côte d’Ivoire où Guillaume Soro serait assigné à résidence dans une partie du pays et interdit d’arpenter l’autre. Il n’a pas compris, il n’a décidément toujours pas compris, Dano Djédjé, que Guillaume Soro a résolument pris date avec l’avenir renouvelé de son pays.

Et voilà pourquoi les communiqués à courte vue de Dano Djédjé en font résolument un gringalet politique. Pendant ce temps, Guillaume Soro avance.

Une tribune internationale de Franklin Nyamsi Agrégé de philosophie,

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