Justice En Egypte : Et Les Massacres Sous Al-Sissi ?

0
3

La justice égyptienne a repoussé les procès des Frères musulmans et d’Hosni Moubarak, respectivement au 29 octobre et au 14 septembre prochains. Les trois membres de la confrérie islamiste à juger, leur Guide suprême, Mohamed Badie, ainsi que ses adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, qui n’ont pas été présentés au tribunal « pour des raisons de sécurité », risquent la peine de mort pour « incitation au meurtre » de huit manifestants anti-Morsi.

L’ex-raïs, lui, avait été condamné en juin 2012 en première instance à la prison à perpétuité pour « complicité » dans le meurtre de manifestants lors de la révolte populaire qui l’a renversé en février 2011. Moubarak, qui encourt également le châtiment suprême, avait fait appel, et la Cour de cassation avait ordonné un nouveau procès, déjà suspendu le 11 mai.

Le report de ces audiences a lieu en plein chaos politique sur les bords du Nil, où les militaires putschistes répriment dans un bain de sang depuis 10 jours les manifestations organisées par les Frères musulmans : près de 1 000 morts, dit-on, voire des milliers, essentiellement des pro-Morsi, et les principaux cadres du  mouvement arrêtés ainsi que plus de 2 000 partisans du président islamiste, tel serait le bilan de la répression contre les Frères musulmans.

Et dire que c’est ce régime militaire sanguinaire au (x) millier (s) de macchabées sur la conscience qui fait encourir la peine de mort à d’autres, moins meurtriers que celui-ci. Si ce n’est la raison du plus fort comme dans la jungle, qu’est-ce d’autre alors ? La simple accusation d’« incitation au meurtre » de huit personnes en une année de pouvoir (30 juin 2012 – 3 juillet 2013) est-elle comparable au massacre d’un ou de plusieurs milliers de contestataires en quelques jours  sous la férule du général Fatah al-Sissi ? Même les 850 morts en deux semaines sous Moubarak n’atteignent pas le nombre de victimes des militaires, bien que toute mort soit de trop et à déplorer.

C’est dire qu’un tel procès des Frères musulmans sur fond d’arbitraire aurait été de l’huile sur le feu si les islamistes pro-Morsi n’avaient été décimés par la police et la Grande Muette, et leur capacité de mobilisation et d’organisation réduite comme peau de chagrin. En tout cas vendredi, alors qu’ils avaient appelé à des manifestations de « millions » des leurs contre le coup d’Etat, ils n’ont réussi à faire descendre dans la rue que quelques milliers de partisans. Quand on sait qu’avant le début de la répression en mi-août, les pro-Morsi mobilisaient des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants au Caire et dans les autres grandes villes, on peut conclure que le pouvoir est définitivement perdu par les Frères musulmans, chape de plomb faisant. Comme signe que les militaires prennent le dessus sur les islamistes, il y a l’allègement du couvre-feu, qui court désormais de 21h à 6h, sauf le vendredi, où il débute à 19h, mais une hirondelle ne faisant pas le printemps militaire…

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here