Liberation À Moindre Frais

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Quatorze partisans de l’ex président ivoirien ont recouvré la liberté. La justice ivoirienne pour certains, l’exécutif pour d’autres en a décidé ainsi. En cette veille de fête de l’indépendance, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe au point d’être reprise en boucle par la plupart des chaînes internationales d’information.

Il faut dire que la date choisie pour libérer ces détenus n’est pas anodine. Au temps du père de la nation ivoirienne (le président Houphouet Boigny), c’était une tradition républicaine que de libérer des bagnards pendant la période de commémoration de notre accession à la souveraineté nationale. Le président Ouattara dans sa grande magnanimité et mu par l’esprit d’apaisement qui le caractérise a-t-il voulu renouer avec cette pratique… ?

Toujours est-il que placée dans le contexte actuel d’affrontement larvé et de défiance perpétuelle entre le pouvoir et le principal parti d’opposition (le FPI), cette libération n’a pas manqué de susciter des réactions et commentaires aussi enflammés qu’hypocrites. Des jugements où la mauvaise foi et l’aveuglement l’emportent sur la plus élémentaire objectivité.
Pour certains il ne s’agirait ni plus ni moins que d’une victoire de l’ex parti au pouvoir sur le camp de l’actuel président ivoirien. Car la pression exercée (on se demande bien laquelle) par l’opposition sur le pouvoir a fini par porter ses fruits. Si bien qu’acculé et désemparé (on croit rêver), le PR Ouattara n’a trouvé d’autres portes de salut que de lâcher du lest en libérant 14 personnalités de l’ex LMP incarcérées depuis 2011 dans les prisons du nord de la Côte d’ivoire. Faute de quoi le ciel lui serait sûrement tombé sur la tête… D’autres affirment même que c’est en prévision de cette libération rendue inéluctable par les pleurnicheries et autres lamentations des refondateurs que le PR a adressé une invite à son opposition, l’appelant à s’amender et à demander pardon aux ivoiriens pour tout le mal à eux causés. Ainsi il aurait pris ce mea culpa comme échappatoire pour camoufler sa contrainte sous le manteau de la miséricorde. Elle est bien bonne celle-là !

Cela me fait penser à ce jour d’octobre 2011 où Israël avait consenti contre la libération d’un de ces soldats (Gilad Shalit), à la relaxe de 1027 palestiniens détenus dans ses prisons. 1027 contre 1 !!!! Les palestiniens avaient célébré cela comme une grande victoire sans même se préoccuper du message subliminal que l’état hébreux leur adressait par ce troc singulier. La condescendance israélienne était manifeste pour tout le monde….sauf pour les palestiniens. Et apparemment, faute d’avoir compris quelque chose à la situation actuelle, les frontistes ont décidé d’emprunter le même raccourci. Crier victoire là où il ne faut voir qu’un geste d’indulgence teinté de pitié et de paternalisme.

La vérité est que le PR n’a que faire des larmes de crocodiles et des regrets de circonstance des refondateurs. Il prouve donc par ce geste que son pardon n’est pas lié aux repentirs hypocrites de Miaka et consorts mais plutôt au désir de la majorité des ivoiriens de voir s’instaurer dans ce pays un climat de paix et de dialogue. Et nous ne pouvons que saluer une telle grandeur d’esprit…

D’autres encore nous ont ressorti les pamphlets habituels sur l’état de droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et pleins d’autres mièvreries destinées à nous endormir et nous égarer. On a vraiment du mal à croire que ce sont ces mêmes gens qui se lamentaient à longueur de journée, faisant de la libération de leurs camarades un préalable à toute discussion avec le pouvoir. Aujourd’hui ils nous disent qu’une telle libération est contraire aux pratiques d’un état de droit, car dans un système respectueux des lois, le Président de la république n’a pas mandat pour actionner la justice en vue de la libération d’un prisonnier. En clair les refondateurs nous expliquent que leur requête auprès du PR en vue de la libération de leurs camarades n’était pas destinée à être satisfaite par celui-ci, vue qu’une telle demande ne lui avait été adressée qu’en considération du fait qu’il n’avait pas la possibilité de lui donner une suite favorable !!! Comprenne qui pourra…

Vivement que les refondateurs mettent de l’ordre dans leurs idées, ainsi ils pourront nous expliquer le fonctionnement d’un état de droit. On saura peut être au nom de quel principe de droit le colonel Dosso a été interpellé et conduit au bord d’une route pour être lâchement assassiné. On saura sans doute au nom de quelle conception de l’état de droit le colonel major Bakassa Traoré a été sauvagement battu par des troufions de deuxième classe au point d’en perdre la vie quelques temps plus tard. On saura sûrement au nom de quelle règle de droit Paul yao N’dré a commis la plus grande forfaiture que ce pays ait jamais connu. On nous expliquera au nom que de quelle idée de la justice les responsables du charnier de Yopougon ont été relaxés. Les milliers de victimes du pouvoir FPI pourront ainsi reposer en paix quand ils sauront au nom de quel principe juridique on leur a ôté la vie : le général Guéï et toute sa maisonnée; les femmes d’Abobo; les victimes de l’article 125, les innocents massacrés par les mercenaires et autres miliciens…etc…Tous pourront reposer en paix.

En attendant, saluons à sa juste valeur l’acte posé par le pouvoir. Gageons qu’un tel geste contribuera à décrisper le climat politique et conduira à la normalisation tant souhaitée. Espérons aussi que les libérés d’aujourd’hui ne compromettront pas les chances de ceux qui attendent encore un geste de mansuétude du pouvoir. Car c’est pour n’avoir pas respecté la paix des braves que Affi et ses compagnons sont passés de l’hôtel « la Pergolas » au golf hôtel puis à Bouna. Alors messieurs un peu de modération dans vos commentaires. C’est un conseil d’ennemi…

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