Missive Aux Militants Du Pdci A La Veille Du Congres : Rien Ne Vaut La Réconciliation Et La Reconstruction Du Pays

0
5

Ces jours derniers, j’ai essayé de donner des conseils à de jeunes sœurs et frères nôtres qui ne décolèrent pas de leurs griefs vis-à-vis du leadership du PDCI, exprimant leur subséquente intention de voir émerger un nouveau dirigeant à la tête du parti. Ils font, ainsi, état de leur choix en faveur de la désignation d’un candidat du PDCI pour les joutes présidentielles de 2015. Pour la plupart des tenants de ces points de vue, il s’agit de l’expression de dépits et de déceptions par rapport aux pesanteurs du RHDP dont les élections législatives et locales dernières ont marqué les aspects les plus excentriques. Par ailleurs, ces ressentiments traduisent des déséquilibres beaucoup plus ressentis dans la gestion générale du pays à l’intérieur du RHDP, ce qui a été noté deux fois dans des réunions du Bureau politique du PDCI.

Mes écrits de cette interface, depuis plus d’une semaine, s’adressent à ces jeunes et moins jeunes des nôtres, déçus et exaspérés de l’échec de cette espérance que nous avons nourrie ensemble, en faveur d’un ensemble plus large et plus cohésif des énergies de notre pays pour porter la renaissance de la Côte d’Ivoire à la paix et à la prospérité, en réminiscence des années Félix Houphouët-Boigny et du symbole fort que ce dirigeant incarne dans la vie publique ivoirienne.

Je l’ai dit plus d’une fois: en sortant de cette crise, la Côte d’Ivoire devrait offrir un espace public de gestion participatif, cohésif et inclusif, débordant des cercles concentriques du pouvoir et des appareils de partis politiques. C’est ici plus qu’ailleurs que la philosophie politique de Félix Houphouët-Boigny, sa praxis politique axée autour de la géopolitique affinée au principe du mérite et de la compétence, aurait pu être de portée et de pertinence pour guérir les plaies dues à l’exclusion desquelles la crise tire une grande partie de son origine ou sa justification. C’est, en toute logique, à l’autorité suprême du pays de comprendre et de capter ces enjeux pour les traduire, en digne héritier de FHB, dans la pratique politique, pour faire fructifier l’héritage du Pater Familias. Mais, au-delà, ces écrits sont destinés à des sous-marins, ceux-là qui, surfant sur un mécontentement au sein des cercles de partis politiques de l’Alliance des Houphouëtistes, voudraient reprendre le jeu des chicanes politiques sans fin, pour plomber davantage l’espace public ivoirien.

Mes interventions de ces derniers jours s’adressent également à des esprits que je connais depuis longtemps et qui ont eu partie liée avec le PDCI avant le coup d’Etat de 1999 ou ont entretenu un commerce avec ce parti jusqu’en 2005 avant la signature de la Plate-forme des Houphouëtistes à Paris. Depuis belles lurettes, ils sont d’intelligence avec la Refondation et tirent à boulets rouges sur le leadership du Parti. Certains sont restés dans le flot de soutien à Laurent Gbagbo à la suite de l’attaque de l’ex-rébellion en 2002 et ont mené, en esprit et en actes, le combat de la crise postélectorale aux côtés de l’illustre hôte de la prison de Scheveningen. Ils rêvent, avec les militants du FPI, du retour de M. Gbagbo en Côte d’Ivoire, certainement dans le fauteuil de Chef de l’Etat, sans mesurer ce que cela pourrait susciter de désordre ou de violence. Cependant, ils se drapent toujours dans la tunique vert-blanc du PDCI-RDA, dans un jeu de clair-obscur.

C’est de ces visées loufoques, des actes de pêcheurs en eau trouble, que tire la substance première des attaques en tirs groupés contre le Président du PDCI-RDA suspecté de vouloir « vendre » le Parti au RDR. Des agissements de militants et cadres du Parti déçus et les actions de ces sous-marins concourent tous à l’affaiblissement du PDCI. Ils sont repris en chœur par les journaux bleus de la Refondation qui n’espèrent qu’à replonger le pays dans le chaos. Il s’agit ici de tenter toujours de couper la tête du serpent qui ne serait pas mort! L’âge du Président, le non-respect de l’âge limite pour la présidence du Parti ou son changement dans les règlements intérieurs sont des préoccupations dérisoires, secondaires ou superfétatoires. Pour des esprits portés essentiellement par l’idéal démocratique, les règles et leurs applications ne concourent qu’à l’expression de la convergence en vue de la création d’un état meilleur. Les règles n’ont pas de valeur en elles-mêmes uniquement, mais par rapport à l’amélioration d’un état!

Qui de nous ici, sur Facebook, sait la configuration que prendra la direction du Parti à l’issue du Congrès? Qui connaît les instructions que le Congrès pourrait donner au Parti pour son éventuelle mue en vue d’œuvrer à la réunification des partis constitutifs du RHDP en un ensemble plus solide pour dissiper toutes les aigreurs résultant de partage de pouvoir? Pourquoi ne pas nous projeter dans les perspectives de l’horizon 2020? Qui d’autre que le Président Henri Konan Bédié peut, aujourd’hui, ramener tous les enfants de Félix Houphouët-Boigny sous le même toit et pourquoi ne pas comprendre que cela est plus important que tout dans la recréation de l’harmonie brisée de notre commune Maison Ivoire? L’âge limite a été introduit en 1998, après la modification de la Constitution en ses articles portant sur les conditions d’éligibilité à la présidence. Ce sont ces clauses constitutionnelles qui ont été débattues à Marcoussis et qui sauteront certainement dans une nouvelle lecture de la Loi fondamentale qui interviendra tôt ou tard.

En ce qui concerne la vie d’un parti politique, le principe d’un âge limite ne mérite pas tant de rigueur, à moins de vouloir s’enfermer dans un juridisme de mauvais aloi! Plus que la nécessité de changement de leadership au PDCI-RDA, il faut se préoccuper de la constitution d’un socle solide en termes de cohésion nationale pour porter les actes requis par la sortie d’une crise sociopolitique de plus de dix ans. Plus que la réorganisation du PDCI en vue d’une hypothétique reconquête de pouvoir en 2015, il faudrait s’intéresser à l’impulsion d’un élan de rassemblement et d’union des filles et fils de ce pays autour des enjeux de reconstruction et de réconciliation.

Ici et maintenant, je voudrais dire à mes jeunes sœurs et frères que je suis hors du marigot politique ivoirien; je ne suis à la soupe de personne, n’ayant jamais occupé un quelconque poste dans l’appareil d’Etat ivoirien. En me rendant bientôt dans notre pays, je serais libre d’y faire tout ce que je trouve juste et bon pour contribuer à son développement. Mais, pour le moment, je ne suis qu’un simple citoyen mu, comme tout autre, par l’amour de la patrie. Dans les discussions que nous engageons sur la place publique, il faudrait éviter de coller des intentions, procéder par des insinuations perfides, voir toujours des courtisans ou des mendiants, derrière des points de vue exprimés. En dignes filles et fils de la Côte d’Ivoire, nous avons tous droit à nos opinions, dans la liberté de leur expression et le respect des autres. Si nous présentons nos points de vue sans nous attaquer les uns aux autres, si nous faisons preuve de discernement, de respect et de déférence vis-à-vis du leadership de notre mouvement, notre parole pourrait porter. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Bonne journée à toutes et à tous. Que la paix du sage de Yamoussoukro soit sur nous!

New York, le 3 juillet 2013

 

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here