« La lutte pour la libération de Gbagbo est une obligation politique pour le Front populaire ivoirien FPI). Le FPI n’acceptera pas que Gbagbo soit en prison pour avoir respecté la Constitution de son pays ». C’est ce qu’a déclaré Pascal Affi N’Guessan qui a repris officiellement fonction à la tête de son parti. On croyait que l’homme, après ses deux années de détention qu’il a consacrées essentiellement à la lecture, s’était assagi. Manifestement, non, puisqu’il renoue avec les déclarations primesautières et incendiaires dont il est coutumier.
Même revenu de la Mecque, un chat demeure toujours un félin, prompt à bondir à la moindre occasion sur sa proie. Sinon, comment comprendre qu’un homme en liberté provisoire se laisse aller à de tels excès de langage, susceptibles de susciter le courroux du régime en place qui, quoique l’on dise, l’a traité avec beaucoup de mansuétude ?
Ces gens-là sont visiblement incapables d’envisager l’avenir sans Laurent Gbagbo
A vrai dire, la prison n’a pas changé Affi N’Guessan pour qui, l’ancien président Laurent Gbagbo est victime d’une grave injustice pour avoir « défendu la Constitution de son pays ». Que veut-il insinuer ? A mots couverts, Pascal Affi N’Guessan semble ne pas reconnaître la légitimité du pouvoir en place, surtout quand il déclare qu’en deux ans seulement, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) a rendu méconnaissable la Côte d’Ivoire.
Sur quel plan ? On se le demande. Et puis, le régime précédent a-t-il fait mieux ?
Au fait, le vrai problème des intellectuels du FPI, c’est qu’ils manquent absolument de courage pour faire leur autocritique. Si fait qu’ils s’emploient obstinément à vouloir cacher le soleil avec leurs doigts. Le seul personnage politique de ce parti historique, qui a accepté de faire son mea culpa, est Mamadou Coulibaly qui, du reste, a fini par claquer la porte pour fonder son propre parti. Il est le seul à avoir fait avec courage et lucidité son introspection, contrairement aux autres qui vivent comme un deuil impossible et interminable l’absence de Laurent Gbagbo. Ces gens-là sont visiblement incapables d’envisager l’avenir sans Laurent Gbagbo. Une sorte de manichéisme absurde, pour ainsi dire, anime les pro-Gbagbo.
En tout cas, le président Ouattara doit d’ores et déjà prendre à témoin tous ceux qui ont agi dans l’ombre pour l’élargissement de Affi N’guessan
En réalité, tant que l’ex-président Gbagbo ne sera pas jugé et condamné, ses partisans continueront de rêver de son éventuel retour au pays, tout en rendant la tâche difficile à ADO surtout que les juges de la chambre d’accusation de la Haye, naguère seulement, ont demandé des preuves supplémentaires au parquet ivoirien pour que puisse se tenir un procès. En tout cas, tant que le président Ouattara ne fera pas contre mauvaise fortune bon cœur en sacrifiant quelqu’un dans ses rangs et en l’envoyant à la CPI, il fera toujours face à l’éternelle critique selon laquelle il n’y a pas une vraie justice en Côte d’Ivoire, mais plutôt une « justice des vainqueurs ». En confiant les rênes du parti à Affi N’Guessan qui est toujours dans le collimateur de la Justice, le FPI entend ainsi lui apporter une caution morale afin de le tirer d’affaire, de le mettre à l’abri face à la justice.
Car, il y a fort à parier que si, pour une raison ou pour une autre, Affi N’Guessan retournait en prison, le FPI n’hésiterait pas à dénoncer la volonté de Ouattara de casser de l’opposant. C’est peut-être ce qui explique que l’homme qui, à sa sortie de prison, tenait un discours conciliant et lénifiant, se mue subitement en fauve enragé, sitôt après avoir respiré le vent de la liberté.
En tout cas, le président Ouattara doit d’ores et déjà prendre à témoin tous ceux qui ont agi dans l’ombre pour l’élargissement de Affi N’guessan ainsi que la communauté internationale sur les comportements de ce dernier et de certains pro-Gbagbo pour qu’en cas de dérapages, ces derniers qui excellent dans la provocation, ne soient pas encore les premiers à jouer les victimes.
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