Alpha Conde – Cellou Dalein Diallo : La Guinée, Otage De La Guerre Des Ego

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Maintes fois reportées depuis bientôt trois ans pour faute de consensus, les élections législatives, qui doivent se tenir le 24 septembre en Guinée, inquiètent de plus en plus, face au regain de tension auquel on assiste ces derniers temps.
A moins d’une semaine du scrutin, des affrontements entre partisans de l’opposition et du pouvoir ont nécessité le déplacement du représentant spécial de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, pour sauver le processus électoral. La pomme de discorde est le fichier électoral et le découpage électoral, décriés par l’opposition qui soupçonne la CENI et le gouvernement de vouloir « coûte que coûte organiser une mascarade électorale pour donner au parti présidentiel une majorité à l’Assemblée nationale ». Cette recrudescence de la violence, à l’approche de l’échéance électorale, inquiète au plus haut point, d’autant que l’opposition appelle à manifester dans tout le pays, à partir de jeudi prochain, pour dénoncer la mauvaise préparation de ces élections. Une fois de plus, la Guinée est en train de donner de mauvais signaux au reste du monde et cela suscite de nombreuses interrogations : pourquoi ce pays s’amuse-t-il à jouer avec son destin de façon interminable ? Chaque fois que l’on pense avoir atteint le bout du tunnel, il nait toujours des problèmes qui ramènent les choses à la case départ, dans un éternel recommencement qui renvoie au mythe de Sisyphe. Comment comprendre que la Guinée ait payé le prix du sang de ses enfants, et qu’après mille et un sacrifices et médiations, on en soit encore à des querelles de chiffonniers à la veille d’un scrutin que l’on prépare depuis près de trois ans ? Pourquoi cette intransigeance des deux côtés ? Sont-ce des manœuvres malsaines et intentionnelles de la CENI au profit d’Alpha Condé, ou est-ce l’opposition qui est maximaliste ?

Quoi qu’il en soit, il faut craindre que ces manifestations soient le début d’un nouveau cycle de violences, parce que quand ça démarre en Guinée, la suite, on ne la connaît pas. Or, à cette allure, on s’achemine vers une préparation des esprits à de nouvelles violences. Plus inquiétant encore, nul ne sait ce qui adviendrait pendant et après ces élections si le ton était donné. Les résultats seront-ils acceptés par tous ?

De toute évidence, rien ne peut se construire dans une bagarre interminable. Or, on a le sentiment que les dirigeants guinéens ont peur de la paix. Mais que gagnent-ils à maintenir le pays dans une telle situation de tension et de conflits permanents ? A vrai dire, la Guinée est victime d’une guerre des ego entre ses dirigeants (opposition et pouvoir) et qui met à mal l’avenir du pays.
Aujourd’hui, le problème guinéen semble être un problème personnel entre les deux poids lourds de la scène politique, le président Alpha Condé et l’opposant Cellou Dalein Diallo. Ce pays doit éviter de lasser la communauté internationale car, bien que riche en ressources humaines et naturelles, il ne peut se payer le luxe d’être boudé et mis au ban des pays de la sous-région.
Il faut donc que ces élections se tiennent et de la façon la plus apaisée. Autant on peut être enclin à soupçonner le parti au pouvoir de travailler à s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale à travers un tripatouillage du fichier et un découpage qui l’arrange, autant, on peut se demander où étaient les représentants de l’opposition à la CENI pour ne dénoncer que maintenant la qualité du fichier et le découpage.

En tous les cas, les délais actuels ne laissent pas une grande marge de manœuvre pour espérer des élections à risque zéro comme le souhaite l’opposition. Ce risque zéro n’existe d’ailleurs nulle part. Il faut donc travailler à mettre en place tous les mécanismes pour déceler lors du déroulement du scrutin, les irrégularités éventuelles, appliquer les dispositions de la loi en la matière, et surtout, faire impérativement l’économie de nouvelles violences. En cela, il faut saluer la promptitude du facilitateur Djinnit qui s’est prestement déplacé à Conakry pour renouer le fil du dialogue.

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