Affi Par CI, Affi Par Là

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Depuis sa sortie de prison, Pascal Affi N’guessan semble avoir mangé du lion. En effet pas un jour ne passe sans que les journaux ne fassent écho de déclarations tonitruantes du président du FPI. Engagé dans une course pour apparemment rattraper le temps perdu et surtout redresser le tir après l’intérim du timoré Miaka Oureto, le « chef » frontiste semble avoir opté pour la stratégie du poil à gratter. On connaissait l’effronterie du personnage et son goût prononcé pour la provocation. N’est ce pas lui qui un jour de 2006 n’avait pas hésité a tiré sans crier gare sur l’opposition d’alors, traitant ses leaders de wôrôwôrô et de pneus réchappés ? C’est encore lui qui après avoir déchiré les résolutions de L’UA sur la crise ivoirienne, prophétisait en plein délire malachiste que le PR Ouattara ne serait jamais à la tête de ce pays.

Les sorties hasardeuses du sbire de séplou sont légendaires et ses déclarations à l’emporte pièce lui avaient valu d’être catalogué parmi les extrémistes de son parti. Ce n’est pas un hasard si c’est lui qui à l’époque avait été choisi pour répondre à Mamadou Koulibaly. Un autre dur du régime accusé de se la jouer en solo et d’avoir adressé des critiques acerbes à ses camarades confondant ainsi son camp avec celui de l’adversaire. Le Pascal n’était pas passé par quatre chemins pour lui dire ses vérités, rabrouant publiquement l’ex PAN pour sa liberté de ton et son affection prononcée pour les « one man show ».

L’esprit belliqueux du quidam est donc connu. Mais ce qui ne manque pas de surprendre les observateurs de la vie politique ivoirienne, c’est le contexte dans lequel interviennent ces déclarations. Car à voir l’aplomb avec lequel notre homme assène ses vérités au pouvoir, on a vraiment du mal à croire qu’il y a quelques semaines encore il séjournait dans les geôles de la maison d’arrêt de Bouna et que c’est seulement à la faveur d’une mise en liberté provisoire que lui et ses camarades respirent actuellement l’air frais du dehors. La précarité de leur situation n’a d’ailleurs pas échappé à ses compagnons qui pour la plupart ont décidé de jouer la modération, évitant d’irrité le pouvoir en espérant continuer de bénéficier de sa mansuétude. On pourrait donc se poser la question de savoir sur qui ou sur quoi compte Affi N’guessan.

La stratégie qui consiste à se mettre volontairement dans le viseur du pouvoir afin d’engranger les dividendes d’une éventuelle riposte de celui-ci a déjà été avancée comme explication. Le culte de la persécution est très à la mode ces derniers temps. Il n’y a qu’à voir l’acharnement avec lequel Koua Justin, Mamkoul et autres Abou Cissé s’escriment à s’attirer les foudres du pouvoir pour s’en convaincre. Rien de tel qu’une arrestation ou un petit séjour à l’ombre pour se parer du manteau de martyr et bénéficier d’une aura internationale. Le premier cité en a d’ailleurs tiré un profit non négligeable récemment. Mais ceci n’explique pas tout.

La dernière fois, je commentais Le sourire en coin une photo de l’ex bagnard accoutré, le visage recouvert de poudre (ou de farine) et tenant en laisse un mouton de sacrifice. Apparemment échaudé par les prophéties fantaisistes des bonbons pasteurs à la solde de la refondation, le gourou de bongouanou semble décidé à se détourner de « l’éternel des armées » pour s’en remettre aux forces occultes. Finis les versets bibliques et les veillées de prières interminables. Désormais c’est potion magique et grigris. Selon certaines indiscrétions, notre homme serait désormais immunisé contre les balles, les armes blanches et les poisons. Il posséderait aussi le don d’ubiquité et serait capable de disparaître d’un claquement de doigt. Il ne se promènerait plus sans ses amulettes et autres talismans sensés lui conférer puissance et invulnérabilité. Voilà qui pourrait donner un début d’explication à l’assurance du bonhomme. Pauvre de nous…

Mais le moins qu’on puisse dire est que certaines des rodomontades du dozo de bouadikro ne sont pas du goût de ses propres camarades. Beaucoup dans son parti n’apprécient pas son indépendance d’esprit et ses ambitions à peine voilées. Passe encore qu’il incendie Ouattara et son régime et accuse les houphouetistes de tous les péchés d’Adam. Mais qu’il laisse planer l’éventualité d’une candidature à la prochaine présidentielle, c’est là une limite à ne pas franchir pour ses amis. Car le mot d’ordre à la refondation n’a pas varié d’un iota. C’est Gbagbo ou rien. Pas question pour un membre du parti d’afficher des ambitions présidentielles tant que le chef vénéré sera toujours vivant. Les récentes sorties de Affi N’guessan n’ont donc pas manqué de provoquer des grincements de dents dans sa famille politique créant au passage un mini séisme politique. L’actuel numéro un de la refondation voudrait il enterrer son mentor qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Beaucoup de militants outrés n’ont pas manqué de signifier au parricide leur mécontentement, l’enjoignant fermement de rattraper le coup en nuançant ces propos. On se croirait chez les bolcheviques !

Pour sûr, les frontistes n’ont toujours pas fait le deuil de la chute suivie de l’extradition de leur patron. Plus de deux ans après l’arrivée du PR Ouattara au pouvoir, ils vivent toujours dans l’espérance d’une parousie illusoire. De parti de gouvernement, le FPI s’est mué en club de supporters à la solde d’un homme. Le tabou de la succession du chef incarcéré entrave les ambitions des uns et des autres et empêche les refondateurs d’envisager un futur sans koudou. Affi n’guessan a mis les pieds dans le plat en affichant clairement ses prétentions. L’avenir nous situera sur la capacité des frontistes à réaliser leur mue. On saura alors si l’homme fort du moronou a les épaules assez large pour incarné une alternative à séplou. À moins qu’emporté par son zèle, il ne se brûle les ailes dans sa course effrénée au titre de martyr…

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