Confirmation De La Condamnation De Charles Taylor : Il Y A Une Vie Apres Le Pouvoir

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Hier 26 septembre 2013, Charles Taylor a été situé par la CPI sur l’appel qu’il a interjeté de sa condamnation à 50 ans de réclusion pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis notamment en Sierra Leone. En effet, le tribunal a confirmé le verdict, à la grande satisfaction des nombreuses victimes dont certaines portent encore les stigmates et les traumatismes d’une barbarie qui illustre bien la thèse de Thomas Hobbes selon laquelle « L’homme est un loup pour l’homme ».
La réponse du tribunal n’est donc pas étonnante pour tous ceux qui ont connu l’ensemble de l’œuvre de l’homme aussi bien au Liberia qu’en Sierra-Leone, en termes de violations massives et systématiques des droits humains. Charles Taylor est le symbole achevé d’une époque où les populations africaines étaient livrées aux pulsions de chefs de guerre, devenus par effraction des chefs d’Etat. La simple évocation du nom du « rouquin de Monrovia » suffisait pour donner des frissons aux Libériens et aux Sierra-léonais.

L’Afrique et le monde gardent encore en mémoire qu’avec la bénédiction de Charles Taylor, le RUF du caporal Fodé Sanko avait procédé à des rapts massifs d’enfants pour en faire des soldats et des esclaves sexuels, à des amputations de bras et à des viols systématiques

L’on se souvient qu’il a parrainé et sponsorisé, en échange de diamants, les atrocités du Front révolutionnaire uni (RUF) du maniaque et mystique Fodé Sanko. Les barbaries de l’illuminé caporal rappellent celles qui ont été commises sous le Kampuchéa démocratique alors soumis à la férule humiliante des Khmers rouges et de leur chef emblématique Pol Pot. L’Afrique et le monde gardent encore en mémoire qu’avec la bénédiction de Charles Taylor, le RUF du caporal Fodé Sanko avait procédé à des rapts massifs d’enfants pour en faire des soldats et des esclaves sexuels, à des amputations de bras et à des viols systématiques.
Il est donc heureux que la CPI ait demandé des comptes à un tel monstre et ait eu la main lourde à son endroit : 50 ans de réclusion criminelle. Si un tel instrument n’avait pas existé, il aurait fallu le créer car il a certainement contribué à « assagir » des dirigeants politiques en résorbant ou atténuant leurs pulsions morbides.

L’opinion africaine doit éviter de tomber dans le piège de tous ceux qui soutiennent l’idée selon laquelle la CPI est un instrument raciste qui ne demande des comptes qu’aux Africains. De quoi ont donc peur les dirigeants africains ?

La CPI constitue de ce fait un rempart sûr pour les populations contre l’arbitraire et la mégalomanie de leurs dirigeants. La meilleure illustration de l’adage selon lequel « tout ce qui se ressemble s’assemble » se trouve en ce moment à la Haye où sont embastillés, pour les mêmes charges à peu près, Jean Pierre Bemba, et dans une certaine mesure Laurent Gbagbo. Et ce ne sont pas les cris d’orfraie poussés par certains dirigeants africains qui doivent faire fléchir la Cour pénale internationale dans sa noble mission de traquer et de demander des comptes à tous ceux qui se sont illustrés par des pratiques avilissantes pendant leur gestion du pouvoir. Décidément, la querelle faite à la CPI est une mauvaise querelle et l’opinion africaine doit éviter de tomber dans le piège de tous ceux qui soutiennent l’idée selon laquelle la CPI est un instrument raciste qui ne demande des comptes qu’aux Africains. De quoi ont donc peur les dirigeants africains ? Ces derniers doivent plutôt œuvrer, pendant qu’ils sont aux affaires, à mettre en place une gouvernance vertueuse, car, après tout, il y a une autre vie après le pouvoir. Cette vision exige qu’ils aient la lucidité et la responsabilité nécessaires pour encadrer leur magistère. Bref, leur credo devrait être pour reprendre l’expression de Platon : « gouverner droitement ». C’est pour cela qu’il faut saluer la CPI qui, au-delà de sa mission qui consiste à rendre la justice à l’échelle internationale, a une mission pédagogique. En effet, le sort de Charles Taylor est déjà scellé mais son parcours doit édifier les chefs d’Etat en exercice. Charles Taylor, au sommet de sa gloire, n’avait certainement pas imaginé, un seul instant, qu’il serait rattrapé par l’histoire et que son itinéraire politique qui a commencé du côté du Mont Nimba, à la tête du Front national patriotique du Liberia (NPFL), s’achèverait quelque part aux Pays-Bas, loin de son Liberia natal et de ses pierres précieuses auxquelles il était si attaché.

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