Le RDR à L’épreuve De La Gestion De l’État

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A l’épreuve du pouvoir, il y a des passés qui se signalent toujours au présent. Naître sous le signe de la souffrance et conquérir le pouvoir dans une adversité où il a fallu souvent se défier des armes à feu, cela donne, par-delà le flot de souvenirs émus, l’envie d’avoir rapidement ce dont on a été pendant longtemps privé. Attentes légitimes des militants et nécessité de bâtir une Nation Le Rdr est au pouvoir depuis un peu plus de deux ans et demi. Le Président de la République est issu de ses rangs, le président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, s’est fait élire sous sa bannière; il a la majorité des députés au Parlement (135sur 255) et le plus grand nombre de mairies (88 sur 197). Le parti à la case est aussi régulièrement accusé de ne nommer que ses partisans aux postes les plus enviables et de se montrer chiche avec les militants des autres partis composant le Rhdp. Les militants du Rdr devraient donc être les plus heureux, et pourtant…

Des récents pugilats devant le siège du parti à Cocody à la grogne non feinte de la base militante en passant par les défaites des candidats positionnés par le parti aux élections législatives et régionales, on peut relever qu’à l’épreuve du pouvoir, les promesses ne s’accommodent guère de patience. Pour faire court, les militants estiment que, pour avoir donné sang et sueur pour la cause du parti, les solutions devraient s’appliquer rapidement pour améliorer leur quotidien. Les différentes mesures d’apaisement prises par le gouvernement (liberté provisoire accordée aux pontes du Fpi, dégel de certains comptes bloqués, procès de Mme Simone Gbagbo en Côte d’Ivoire, etc.) sont aussi perçues comme une banalisation des souffrances endurées pendant et même avant la crise post-électorale, la question des indemnisations n’étant pas encore épurée.

Il est légitime que les militants du Rdr veuillent plus. Cependant, il importe de savoir que la gouvernance politique doit tenir compte de tous les acteurs de la société et de quelques bords qu’ils soient. Le pouvoir doit être au centre du corps social pour que tous en perçoivent la nécessité comme lieu de leur sécurité (des biens et des personnes), de la paix et de la justice. Autrement dit, un parti politique conquiert le pouvoir mais pour le bien de tous, pour le vivre-ensemble. Au demeurant, un Etat moderne obéit à des règles qui  exigent que les nominations, les recrutements, se fassent en fonction des capacités des personnes choisies et pas seulement en raison d’un militantisme de première heure. Assurément, au pied du mur, les pouvoirs, ici comme ailleurs, ont toujours été rattrapés par la réalité du terrain. En France, on a pu voir François Hollande chuter dans les sondages, juste un trimestre après son élection à la magistrature suprême. Aux Etats-Unis, Barack Obama a dû solliciter un second mandat pour concrétiser les attentes des Américains. Du reste, l’indice de popularité des dirigeants n’est pas forcément un référentiel de l’efficacité de leur politique. L‘homme d’Etat se caractérise en particulier en ce qu’il ne redoute pas l’impopularité pour entreprendre les transformations nécessaires, et que tout politicien de haute stature devrait, de nos jours, étant donné qu’il ne peut pas entreprendre des réformes sans fâcher des composantes de la société, en profiter pour adapter notre pays aux besoins réels des populations et dans les meilleurs délais. Chez-nous, l’immensité de la tâche rend le quotidien difficile. Mais quand on observe tous les chantiers qui sortent progressivement de terre et tous les projets qui prennent peu à peu corps, nous avons de bonnes raisons d’espérer des lendemains meilleurs car la Côte d’Ivoire s’est remise au travail. Les militants du Rdr ont de bonnes raison d’y croire. Reste à leurs cadres qui sont aujourd’hui à des hauts postes de responsabilité d’avoir le sens du partage et du respect pour les faiseurs de rois que sont leurs militants, autant dire les électeurs.

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