Konan Banny Candidat En 2015 ! Histoire D’une Seconde Trahison De La Patrie.

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Monsieur Charles Konan Banny, président de la commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR) est candidat à l’élection présidentielle de 2015! La nouvelle cristallise l’actualité et attire de vives critiques sur le prince de Morofê: « Tu es indigne de la confiance des Ivoiriens », « Tu n’as jamais rien réussi » a-t-on lu. Vrai ou faux ? Lisez cette contribution.

C’est la deuxième fois que M. Charles Konan Banny trahit la confiance placée en lui par les Ivoiriens. Souvenons-nous, la première remonte à 2005-2007 où il a été choisi Premier Ministre de transition.

2005-2007 : épisode 1 d’une trahison de la patrie

En 2005, la Côte d’Ivoire s’enlise dans une situation de ni paix ni guerre. Le pays reste divisé par une ligne imaginaire de front séparant le nord et le sud. Jadis locomotive de la sous-région, la Côte d’Ivoire devient une sorte de « pays godillot » (pour emprunter l’expression des temps) et a besoin d’un homme providentiel pour « refleurir » (une autre expression à la mode). Sous l’impulsion de la communauté internationale, l’homme providentiel est trouvé. Son nom, Charles Konan Banny (CKB), prince de Morofê. Nommé Premier Ministre le 05 Décembre 2005, il est chargé d’une mission en six points saillants. « Gbagbo et moi, nous formons un tandem » rassura-t-il l’opinion. Enfin l’espoir de la paix retrouvée ? Que non! Bien masqué, M. Banny va plutôt engager un bras de fer inédit avec Gbagbo sur le pouvoir au détriment de sa feuille. Cette histoire récente peut être contée. Et fort heureusement qu’une équipe avisée de sociologues de l’Université Alassane Ouattara (ex-Université de Bouaké) s’est attelée à écrire une mémoire de ces temps de guerre. Le bras de fer engagé par Banny va consister à tenter de couper le cordon humain de sécurité de Gbagbo, la galaxie patriotique.

  • Le hold up manqué sur la galaxie patriotique Gbagboiste

Dès son arrivée à la primature, Banny fait installer un distributeur automatique de billets de banque à la Sorbonne. Objectif : détourner à son profit politique des milliers de jeunes qui s’étaient donné pour métier le patriotisme. Prétextant de l’organisation d’une « grande rencontre » sur ses terres natales de Yamoussoukro, Banny invite de nombreux jeunes patriotes. Parmi eux, l’ex numéro 2 de la Sorbonne. L’affaire fait grand bruit dans les cercles patriotiques et entraîne une bagarre à la Sorbonne. Le fait est que des partisans du président de la Sorbonne, Dakouri Richard, accusent son adjoint (Nado clément) d’avoir reçu vingt millions de Banny pour, arguent-ils, « détourner le mouvement« . « De l’intox », se défendait l’accusé. Dans tous les cas, des centaines de sorbonnards troquent leur réputation de « bébés gbagbo«  et empruntent ce qu’eux-mêmes avaient humoristiquement baptisé « le train Banny ».

On avance même, à tort ou à raison, que dans son appétit du fauteuil de Laurent Gbagbo, Banny s’était lancé dans la création de milices armées d’appui. Certaines publications vont lui attribuer la paternité de la milice du Front de sécurité du centre-ouest (FSCO) forte de 4000 combattants. Certes,  M. Banny s’en était défendu par presse interposée. Mais sans vraiment parvenir à dissiper les nombreuses zones de doute laissées par l’affaire. En effet, on se souvient encore que le 19 juillet 2007, la presse nationale s’était fait l’écho d’une grève du FSCO devant la résidence privée de Banny à Yamoussoukro. Donnant les raisons d’une telle manifestation, le responsable du FSCO, le Cdt Marc Gnatoa, aurait révélé : « Konan Banny a sollicité le FSCO pour l’aider à accéder au poste de président de la République. L’objectif atteint, le FSCO devait recevoir une forte récompense dont la prise en charge de son commandement supérieur, une réinsertion sociale de ses éléments et le financement de micro-projets ». Toujours dans sa quête du pouvoir, Banny va politiquement exploiter l’affaire des déchets toxiques. 

 

  • Les déchets toxiques, une aubaine politique pour Banny

Le scandale des déchets toxiques se présente à Banny comme une aubaine pour « casser le FPI » et renverser l’actuel locataire de la prison de Scheveningen. Une sorte de coup d’Etat soft. Tour à tour, Gnamien Konan, alors DG des douanes, Marcel Gossio, celui du port d’Abidjan et Pierre Amondji, gouverneur du District d’Abidjan, sont débarqués. Gbagbo perçoit le danger et rétablit les personnes incriminées. Colère de son Premier Ministre. La République est engagée sur une corde raide. Banny est limogé le 29 mars 2007 sans jamais accompli un seul des six points que comportait sa mission. En 2011, Banny trouve encore une vraie chandelle pour démontrer sa capacité à redonner espoir à la « génération cabri-mort », « génération des sacrifiés » qu’il découvre seulement maintenant. Mais hélas! 

 

2011-2013 : épisode 2 d’une trahison par Banny

Arrivé au pouvoir après une longue crise postélectorale, le Président Ouattara met un point d’honneur sur la réconciliation. Banny avait-il vraiment le profil cette fois? « Oui », disent certains qui ne manquent pas d’arguments : « Banny est un homme du centre dans tous les sens du terme » arguent-ils. « Il est issu d’une grande famille baoulé du centre du pays. Banny a des connexions dans le Sud-Ouest parce que né à Divo où son père était planteur. Au surplus, par son épouse, Massandjé, native de Touba, dans le Nord-Ouest, Banny a des attaches avec les Dioulas. Bref, CKB est vraiment assez représentatif du melting-pot ivoirien. Pour réconcilier les Dioulas du Nord et les Bétés du Sud-Ouest, Banny est bien placé ». Un peu de sociologie pourtant. Ceux qui (et nous y compris) doutaient non pas vraiment des compétences mais plutôt de la volonté et surtout l’intérêt de CKB à voir une Côte d’Ivoire réconciliée sous ADO n’étaient pas eux aussi stériles en arguments : être président d’une institution comme la CDVR, c’est jouer un véritable rôle de médiateur social. Être bon médiateur implique qu’on soit à l’abri entre autres du besoin de reconnaissance ou de gloire. Or, l’histoire récente de M. Banny montrait clairement chez lui un profond besoin psychologique de gloire, de statut et de pouvoir.

Rappelons-nous, la véritable occasion où l’on a senti le président de la CDVR sur le terrain, c’était à Duékoué dans la région du Guémon. Là encore, des résultats d’enquêtes de terrain d’un collègue chercheur senior à l’organisation Crisis Group confondent Banny. Pour rappel, nous avons rencontré ledit chercheur au département « Foreign Affairs » à Londres où nous étions invité le 14 Aout 2013 pour être l’un des speakers du thème « reconciliation process in Ivory Coast ». Le rapport du chercheur en question démontre que Banny, au cours de ses tournées dans le Guémon était plus préoccupé à réveiller et à se faire rallier le vivier électorat baoulé que l’on sait important dans ces zones de production caféière. Finalement, la véritable mission qu’aura accomplie Banny à la tête de la CDVR a été d’exiger au président Ouattara que sa structure soit instituée « Autorité administrative indépendante dotée d’une autonomie financière ». Une sorte de présidence bis!

Conclusion et recadrage du débat

Ce qui intrigue et heurte la morale, c’est la façon opportuniste par laquelle Banny s’est servi de la CDVR comme un cache-sexe pour peaufiner sa candidature. Les résultats du travail accompli par la CDVR devraient être réservés à un usage d’intérêt national. Que nenni! M. Banny se les approprie en les brandissant désormais comme son projet de société. N’ayons pas peur des mots, Banny s’est rendu coupable d’une haute trahison de la confiance nationale placée en sa personne. Que l’on nous fasse surtout l’économie du débat de très bas échelle du genre : « Banny est un citoyen libre, il peut candidater à l’élection s’il le veut. Cela est consacré par la Constitution ». C’est justement pour faire prospérer ce type de glissements hâtifs que l’auteur de Kokoyalê a lui-même insidieusement escamoté la trame de fond du débat en arguant : « Je ne me laisserais pas conter par tous ceux qui croient pouvoir parler en notre nom… ». Simple raccourci empreint de démagogie. Le débat est bien loin.  Il se pose dans l’appropriation et l’usage du travail de la CDVR à des fins politiciennes privées. Et personne y compris Banny lui-même ne peut nier cet usage frauduleux. Les écrits sont têtus : « Président de la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, j’ai fait mon tour de Côte-d’Ivoire. J’ai écouté avec compassion, battre le cœur de la Côte-d’Ivoire blessée. Ma tournée de ses terroirs m’a révélé … son Histoire n’est pas close ». Akwaba sacré candidat!

 

 

 

 

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