PDCI-RDA : Bédié Réélu à La Hauteur De Son Coup Tordu (Analyse)

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On le sait, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) élisait samedi son président à l’occasion de son 12e congrès, ouvert, rappelons-le, jeudi à Abidjan ; un congrès tant attendu, notamment parce qu’on était curieux de savoir le sort d’Henry Konan Bédié, 79 ans, qui ne pouvait légalement se présenter à cette élection, atteint par la limite d’âge, 75 ans. Seulement voilà : Bédié, dont le président du comité d’organisation est aux bottes, a fait supprimer l’article 35 des statuts du parti sur la limite d’âge, s’est porté candidat à sa propre succession face à Djédjé Mady et à KKB, qu’il a finalement surclassés haut la main par :  93,29% des voix contre 3,29% à Djédjé Mady et 3% à Kouadio Konan Bertin. Un score à la hauteur du coup tordu  du « sphinx ». Une manière de montrer que même sénile, le vieux mastodonte a toujours des ressources  pour renvoyer les éléphanteaux à leur place, d’où il n’auraient pas dû sortir. En tout cas pas avant sa mort.

Tout comme à l’occasion de Marcoussis donc, Bédié a été sauvé par la suppression opportune de la limitation d’âge. Il restera donc aux commandes du parti les 5 ans à venir.

Et pourquoi pas ad vitam aeternam. Mais une chose est d’avoir une appétence pathologique de règne à vie et une autre est de pouvoir résister aux lois de la biologie. Et dans ce dernier cas, ça ne ment pas comme on dit au bord de la lagune Ebrié. Octogénaire, que peut bien apporter Bédié au PDCI si ce n’est pas le reflet de cette sénilité qui le gagne inexorablement ? Ce qui  vient de  se passer au sein du plus vieux parti ivoirien est symptomatique d’une certaine réalité bien africaine : plutôt donc que ce soit les individus qui s’adaptent aux textes, ce sont les textes qui s’adaptent aux individus. Verrou de l’âge sauté, président du comité  d’organisation  acquis à sa cause, il faut dire qu’HKB avait bien balisé le terrain, même qu’un comité  de médiation du parti avait essayé d’obtenir le retrait des deux autres candidatures, sans doute pour que le dernier chef de l’Etat ivoirien issu du PDCI soit reconduit par acclamation, mais là, ce fut l’échec : en effet, si le non-paiement de la caution, non remboursable, de 18 millions de francs CFA a permis  le rejet de la candidature de Kouassi Yao, ancien secrétaire général de la Présidence, la médiation n’a pu empêcher la multiplicité des candidatures.

Conséquence de cet échec de Bédié à briguer seul la présidence, lui et les siens redoutaient le scénario du second tour  si aucun candidat n’obtenait la majorité absolue au premier ; heureusement pour eux, quand, à 6 h (heure locale), au regard de 32 urnes dépouillées sur les 156, Bédié totalisait 770 voix, Djédjé Mady 42, et Bertin Konan Kouadio 19, on semblait s’acheminer vers la victoire,  ce qui fut finalement le cas.

A présent quelle sera l’attitude des candidats perdants vis-à-vis ou à l’intérieur du PDCI ? Comment surtout vont se passer les choses en 2015, le 12e congrès du PDCI ayant décidé de présenter un candidat à la présidentielle contre ADO alors que, on le sait, Bédié n’y était pas enclin jusque-là ? Des concessions, compromis et consensus du congrès y sont-ils pour quelque chose ?

Même si tel a été le cas, les partisans de la candidature du PDCI à la prochaine présidentielle doivent ouvrir l’œil et le bon. Le vieil éléphant étant passé maître dans l’art du revirement de trompe.

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