Dieu Et Le Basket-Ball De Michel Vallez : Une Lecture Edifiante Pour La Paix Interreligieuse

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Les livres qui vous adressent un clin d’œil au passage méritent autant votre attention que ceux dont on vous a parlé avec emphase et empressement. Il arrive même que certains livres viennent à vous, et vous n’avez alors qu’à savoir les accueillir, pour passer de rares moments de grâce. Par un heureux hasard de circonstances, je suis tombé cette semaine sur un petit ouvrage, illustré d’images iconiques simplifiées et de courts récits, publié par Michel Vallez, auteur-éditeur de l’opuscule.  Je l’ai lu en moins d’une heure, en ai contemplé les illustrations et éprouvé l’idée originale. Je voudrais en partager quelques accents avec les lecteurs, afin que cette petite cause soit peut-être, demain source de grandes conséquences. Qui sait ce qu’une idée, si petite et simple soit-elle, peut générer de grand autour d’elle ? Parlons de la chose.

D’emblée, le titre de l’ouvrage intrigue, notamment pour l’Africain que je suis demeuré, et qui considère que s’il existe un sport à associer à Dieu, c’est bien le football, l’idole de nos peuples et de nos stades du grand Sud. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre. Ce n’est pas pour revendiquer une supériorité quelconque du basket-ball sur le football que Michel Vallez  a choisi ce sport singulier pour illustrer son approche de la question de Dieu en ce 21ème siècle. Soyons attentifs à ces nuances qui indiquent que les sports sollicitent et développent sans doute différemment les différentes facultés humaines. Le choix du basket-ball par Michel Vallez ne relève donc pas du hasard. C’est tout simplement parce que le basket ball, à la différence du football, favorise une plus grande proximité entre ses joueurs. Il peut se jouer entre personnes de la même équipe, il peut se jouer dans un mouchoir de poche, dans le moindre coin de cour où l’on peut installer un panier pour scorer. Sport de main, de duel et d’intense mobilité, il requiert un sens de l’adresse et une capacité de conquérir la verticalité à chaque instant. Le basket-ball appelle à la hauteur, exige du joueur qu’il se surpasse et se transcende, autant pour attaquer que pour défendre. Par-là, le basket ball ne serait-il pas un adjuvant extraordinaire de l’expérience de la foi ?

L’auteur, que j’ai rencontré avant-hier en Normandie, m’explique que c’est la nature ainsi déployée de ce sport singulier, sport de proximité, de duel, d’adresse et d’élévation qui lui a suggéré l’idée originale de son récit. La voici : rassemblés un jeudi soir sur une surface banalisée de basket-ball, entre deux barres d’immeubles de la région parisienne, quatre jeunes gens engagent une partie endiablée, qui n’a malheureusement pas le temps de s’achever, parce que l’un d’entre eux, doit aller rejoindre sa mère. La situation est d’autant plus complexe, qu’avant le retour à l’école le lundi prochain, il reste comme options pour achever le match, le vendredi, le samedi, et le dimanche. Or les quatre amis sont chrétien, juif, musulman et bouddhiste. Le chrétien, le musulman et le juif font valoir leurs droits spirituels respectifs et voilà nos quatre amis dans l’impasse, le bouddhiste seul demeurant disponible pour une poursuite de la partie un jour quelconque…Bien cocasse situation, non ? Il nous est en réalité ici donné de méditer sur les différences religieuses et les conditions d’émergence d’une civilisation universelle de tolérance.

Que faire ? Michel Vallez suggère à ses quatre personnages d’aller rencontrer des autorités de leurs traditions religieuses respectives, pour se faire expliquer pourquoi alors même que l’humanité est une et que la plupart des monothéismes ont la même origine, les croyants de ces différentes religions s’entendent difficilement sur la gestion du monde et les règles qui doivent les départager en cas d’embrouilles. L’opuscule nous conduit dès lors chez un prêtre chrétien, un imam, un moine bouddhiste et un rabbin juif. On découvre avec bonheur, en écoutant chacun des exégètes, que les religions juive, chrétienne, musulmane et bouddhiste sont toutes porteuses d’un seul et même message d’amour du prochain, de fraternité, de vérité, de justice et de tolérance. Michel Vallez, à travers les autorités religieuses qu’il fait parler, nous conduit dans le dédale intérieur desdites religions, avec la patience du pédagogue et la simplicité du gentleman. Il nous invite à cette expérience de partage du sens de la foi d’autrui, qui est la condition, sans renoncement à notre propre foi ou à notre athéisme, à accueillir et héberger la différence humaine partout où elles sont facteurs de richesse, de paix, et de juste cohésion entre tous les humains.

Comment ne pas recommander la lecture et l’exploitation d’un tel opuscule dans nos sociétés africaines confrontées à la violence de l’intolérance religieuse en quête de réconciliation post-conflits ? Comment ne pas voir ce qu’il y a de noble dans l’idée de Michel Vallez quand on vit dans des sociétés où certains entrepreneurs politiques pervers n’hésitent pas à coupler différences ethniques et différences religieuses pour organiser l’exclusion économique et citoyenne de millions de leurs compatriotes ? Le sport, replacé ainsi en perspective comme espace de fraternisation des différences, lieu de rencontre et de partage avec l’Autre, prend toute sa dimension spirituelle dans la démarche de cette  allégorie moderne née d’une conscience inspirée. Et d’une pierre, Michel Vallez, qui ne se surcharge pas des subtilités exégétiques fastidieuses pour un tel projet,  nous propose de faire trois coups : en soignant notre corps par l’exercice physique, songeons à soigner notre âme par l’élargissement de nos connaissances du monde, et surtout notre esprit par la pratique de l’amour du prochain, seule dimension qui élève l’homme bien plus haut que toutes les hauteurs du monde, symbolisées par le panneau de Basket-Ball. Ainsi seulement, la foi et le sport s’épouseraient merveilleusement, dans une vision fraternelle de l’être humain, comme chez les pythagoriciens de l’antiquité grecque, qui recommandaient aussi bien la gymnastique que la musique, la rhétorique, la grammaire, l’astronomie, l’architecture et la géométrie pour la formation réussie des jeunes générations.

Je ne puis dès lors qu’ardemment souhaiter la plus large diffusion possible* de l’ouvrage illustré de Michel Vallez, et pourquoi pas, son utilisation dans les campagnes d’éducation à la laïcité, à la tolérance et à la paix interreligieuses qui s’imposent sous les tropiques. Car la paix interreligieuse, c’est la tranquille bienveillance avec laquelle nous pouvons accueillir la différence religieuse de l’Autre, parce que cette différence n’est qu’une manière autre de célébrer le même idéal de fraternité humaine que nous célébrons nous-mêmes.

Paris, le 12 octobre 2013.

*Des propositions seront adressées en ce sens aux responsables des ministères de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports de nombreux  Etats de la Francophonie.

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