Rapport D’experts Onusiens Sur La Cote d’Ivoire : Manipulations Ou Réalités ?

0
3

C’est un gros pavé jeté dans la lagune Ebrié, dont les ondulations sinusoïdales se sont propagées jusque dans la grande maison de verre onusienne. Un groupe d’experts de l’ONU vient, en effet, de se faire l’écho de révélations des autorités ghanéennes, lesquelles font état de tentatives d’enlèvements et d’assassinats par le gouvernement ivoirien, de pro-Gbagbo sur le sol ghanéen. Au pays de John Kufuor où ils ont séjourné en juillet dernier, ces experts avaient pour mission d’enquêter, entre autres, sur les réseaux pro-Gbagbo soupçonnés de violer l’embargo sur les armes au Liberia. Et puisqu’il leur fallait rendre compte de leur travail, un rapport, daté du 2 décembre 2013, a été produit.

Pour des accusations aussi graves, il aurait été préférable de jouer la carte de la patience et de la prudence, plutôt que celle de l’empressement et du sensationnel

Mais il y a un hic : le crédit à accorder à leur rapport est sujet à caution, ces experts onusiens ayant remis des conclusions ne se fondant sur aucune preuve, comme ils le reconnaissent eux-mêmes. Qu’est-ce qui pressait ? Pourquoi avoir parlé si vite ? Ces experts ne sont-ils pas bien payés, au sens figuré comme sans doute au sens propre, pour savoir qu’au moulin des accusations sur un sujet aussi délicat, toute goutte d’eau, ou plutôt, la moindre preuve apportée, compte ? Pour des accusations aussi graves, il aurait été préférable de jouer la carte de la patience et de la prudence, plutôt que celle de l’empressement et du sensationnel. En tout cas, la réaction du gouvernement ivoirien, à travers la personne du porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, ne s’est pas fait attendre. Ce dernier a eu beau jeu de se fonder sur les failles du rapport, pour constater que « le texte, en lui-même, comporte des insuffisances », et que, par conséquent, il « n’accordait pas, à ce stade, beaucoup de crédit à ce qui a été dit ».

« Beaucoup », le mot a été lâché. Un lapsus ? Ou l’aveu qu’un minimum de crédit peut être accordé auxdites accusations ? Alors, manipulations ou réalités ? Tentatives d’enlèvements et d’assassinats ou pas, rien n’est à exclure. D’autant que l’assassinat politique n’a rien de nouveau sous les cieux d’Afrique ou d’ailleurs.
Mais, autant on ne peut donner le bon Dieu sans confession au pouvoir ivoirien, autant on ne peut jurer que les pro-Gbgabo sont sans péchés. De fait, il n’est pas exclu que ces experts onusiens aient été, quelque part, manipulés soit par ces exilés, soit par le gouvernement ghanéen. Car, quoi qu’on dise, le Ghana du défunt Atta-Mills ou de son successeur Dramani, n’a pas toujours manifesté de signes d’impartialité et de neutralité dans la vieille querelle qui oppose le pouvoir ivoirien aux pro-Ggagbo réfugiés sur son sol.

La question de l’extradition des pro-Gbagbo empoisonne les relations entre la Côte d’ivoire et son voisin

Toutes proportions gardées, bien des pro-Gbagbo sont au Ghana, ce que l’ancien dictateur tchadien Hissen Habré a été au Sénégal : un Crésus dont l’apport à l’économie du pays hôte est inestimable. Quand un Etat accorde l’hospitalité à de grosses fortunes étrangères ou supposées telles, l’idée de s’en débarrasser est loin d’être tentante. Le Ghana est-il guidé par cette logique ? Faut-il croire en leurs autorités quand elles affirment avoir même déjoué deux tentatives d’assassinat de pro-Gbagbo ? En tout état de cause, s’il s’avère que les experts ont manqué de recul face à ce qu’ils auraient appris au Ghana qui pourrait avoir été, à son tour, manipulé par les pro-Gbagbo, l’enjeu n’en a pas été moins mesuré. Et par le Ghana, et par les partisans de Gbagbo exilés. En faisant valoir que leur vie est menacée en Côte d’ivoire, ces pro-Gbagbo pourront facilement prétexter de ce que toutes les conditions de leur sécurité ne sont pas réunies pour envisager un quelconque retour au bercail.
Voilà bien des années que la question de l’extradition des pro-Gbagbo empoisonne les relations entre la Côte d’ivoire et son voisin. Jusqu’à quand ? Une chose est sûre, la seule façon d’y mettre fin, c’est que la Cour pénale internationale (CPI) fasse diligence dans le traitement du dossier de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Une fois que le pensionnaire de la prison de la Haye aura été fixé sur son sort, la Côte d’ivoire intègrera dès cet instant la nouvelle donne, pour voir dans quel sens advancer.

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here