Séance De Clôture De La Conférence « Afrique – France Pour Un Nouveau Model Economique » – Allocution De Sem Alassane Ouattara

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Excellence Monsieur François Hollande, Président de la République Française ;
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat;
Mesdames et Messieurs les Ministres;
Honorables Invités;
Mesdames, Messieurs;
Je voudrais pour commencer remercier très sincèrement le Ministre Moscovici pour son aimable invitation à participer à cette importante conférence qui se tient à un moment crucial des relations économiques entre la France et l’Afrique. Je voudrais saluer cette heureuse initiative qui a permis à d’éminentes personnalités et à de fins connaisseurs du Continent Africain de débattre aujourd’hui de l’essor de l’Afrique et du rôle important que la France continuera d’y jouer.

Je voudrais également féliciter le Ministre Védrine et ses collègues pour la qualité de leur rapport, leurs analyses et réflexions, ainsi que pour les recommandations pertinentes qu’ils proposent. Ce rapport constitue un bon complément au rapport d’information intitulé « L’Afrique est notre avenir », qui a été déposé au Sénat de la République Française le mois dernier.
Je voudrais enfin me réjouir et exprimer la fierté de tous les ivoiriens, qu’un de nos compatriotes, Monsieur Tidjane Thiam, ait été associé à ce travail important qui met en exergue les contours de l’émergence inéluctable de notre continent.

Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,

Comme le soulignait récemment la Banque Mondiale, l’Afrique est en train de réussir son décollage économique et sera sans aucun doute le prochain continent émergent dans le monde.
En effet, ces dix dernières années, la croissance économique en Afrique a été supérieure à celle de tous les continents, à l’exception de l’Asie. Six des dix pays affichant les taux de croissance les plus élevés au monde se trouvent en Afrique. Mon pays, la Côte d’Ivoire en fait partie, avec 9,8 % de croissance en 2012, 9 % estimé cette année, et 10% en moyenne en 2014/2015 ; ce qui consolide son rôle de moteur de croissance dans la sous-région ouest-africaine francophone.

Je note également avec satisfaction que le taux d’investissement direct étranger en Afrique a été multiplié par dix au cours de la dernière décennie, avec des investissements massifs de pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, la Malaisie et la Turquie. Comme ce fut le cas au début du miracle économique asiatique il y a 25 ans, un accroissement relativement faible du taux d’investissement en Afrique peut produire des gains de productivité très élevés.
C’est ainsi qu’on estime généralement que notre continent, qui représente aujourd’hui 4 % de la richesse mondiale, pèsera 7 % en 2030 et 12 % en 2050.
Le 21è siècle va donc consacrer inéluctablement le décollage économique de l’Afrique.

Il est indéniable que l’intégration croissante de l’Afrique dans l’économie mondiale n’aurait pu se faire sans le renforcement de la stabilité politique, de la bonne gouvernance, et de la démocratie grâce à l’alternance par les urnes et à la consolidation progressive des Institutions. L’évolution positive de nos économies est aussi le résultat d’un cadre macroéconomique et d’une dette publique jugés soutenables dans bon nombre de pays par le FMI et la Banque Mondiale, ainsi que d’un climat des affaires favorable à l’investissement privé.

Selon certaines estimations, le secteur privé est le moteur de la croissance du continent. Il contribuerait à près de 80 % du PIB et créerait environ 90 % de tous les emplois.
Dans ce contexte, la jeunesse et le dynamisme de notre population apparaissent comme un atout et une potentialité.
En effet, avec environ 1 milliard d’habitants, projeté à 2 milliards en 2050, l’Afrique deviendra à la fois un grand réservoir de main d’œuvre et l’un des plus grands marché du monde.

Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
La France a pris conscience de la profonde mutation en cours sur le continent Africain. Comme l’ont montré les discussions de cette journée, elle dispose d’atouts déterminants pour redynamiser sa coopération, à la fois comme partenaire commercial majeur et investisseur de premier rang ; comme partenaire scientifique et universitaire, terre d’accueil de nombreux étudiants africains, pourvoyeuse d’expertise technique ; comme bailleur d’aide influent et prioritairement tourné vers l’Afrique.

En partenariat avec leurs homologues africains, les grandes entreprises et les PME/PMI françaises devraient prendre une part prépondérante dans cette renaissance des relations franco-africaines.

Elles peuvent le faire :
– En participant à l’expansion des infrastructures interrégionales d’énergie, de transport et de télécommunication, condition du commerce et de la «défragmentation» du continent.
– En contribuant à l’enrichissement des ressources humaines et entrepreneuriales, par la formation professionnelle, les efforts de responsabilité sociétale, environnementale et sanitaire, la dynamisation des tissus de sous-traitants locaux.
– En finançant l’essor des projets de PME et de grandes entreprises africaines.
– En coopérant avec les chercheurs et entrepreneurs africains pour des solutions innovantes.

Je voudrais donc, au nom des pays de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, me féliciter de cette volonté affichée par la France de renforcer, de moderniser et d’équilibrer sa relation d’échange et d’investissement avec ses partenaires africains.
La Côte d’Ivoire, dont la France est le partenaire historique et principal, se réjouit de cette nouvelle orientation. Elle appelle de tous ses vœux la création, en coopération avec la France, de centres d’excellence en matière de formation professionnelle et techniques, de recherches scientifiques et technologiques, de santé et d’éducation, de réflexion sur la création d’une croissance verte, respectueuse du genre et d’une urbanisation réussie.

Je voudrais saisir cette opportunité pour inviter les entreprises françaises à participer au Forum Investir en Côte d’Ivoire 2014 (ICI 2014) qui se tiendra à Abidjan du 29 janvier au 1er février 2014 et qui se déroulera dans un contexte économique particulièrement porteur.

En effet, notre pays a enregistré des investissements privés records de 2,2 milliards d’euros à fin septembre 2013, à comparer avec 1,1 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2012. Notre pays recueille les premiers fruits de son ambitieux Plan National de Développement (PND 2012-2015), dont les investissements, qui se chiffrent à 16,7 milliards d’euros, seront financés à 60 % par le secteur privé et 40 % par le secteur public.

Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,

La France demeure un partenaire privilégié de notre continent.
Mon pays, la Côte d’Ivoire salue la volonté de la France de renforcer sa contribution au décollage de l’Afrique et de l’Afrique Francophone en particulier. La France est une amie de la Côte d’Ivoire et nos deux pays continueront ensemble à œuvrer à l’approfondissement de leurs relations économiques, empruntes de respect mutuel, pour le bien-être et les intérêts de nos deux peuples et de ceux de la sous-région.

Je voudrais, pour conclure, affirmer que l’Afrique a autant besoin de la France que la France a besoin de l’Afrique pour construire un monde plus juste, plus équitable et plus fraternel !

Je vous remercie

Paris, le 4 décembre 2013

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