Création D’un Poste De Vice-Président De La République : Pdci-Rdr: Qui Gagne Quoi, Qui Perd Quoi?

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L’idée qui se chuchotait au creux des oreilles dans les couloirs du siège du Pdci-Rda a commencé à faire son chemin dans l’opinion au lendemain du 12ème congrès de ce parti. Le président Henri Konan Bédié et ses hommes, au sortir de ces assises, ont demandé une modification de la loi fondamentale ivoirienne pour insérer un poste de vice-président au sein de l’exécutif. « La Constitution de 2000 doit être revue, de sorte à rééquilibrer le pouvoir exécutif par la création d’une vice-présidence ; rééquilibrer le pouvoir législatif par la création d’un Sénat ». C’est en ces termes que le 12ème congrès a demandé la création du poste de vice-président. Au lendemain de cette rencontre, ils sont nombreux, les analystes politiques qui se sont interrogés sur l’opportunité de cette déclaration et les motivations réelles du Pdci Rda dans la mesure où ce parti a géré la Côte d’Ivoire pendant 40 ans sans avoir jamais eu à créer ce poste. Dans l’histoire de ce pays, c’est seulement après les élections de1980 que Houphouët-Boigny a créé un poste de vice-président de la République. Mais, contre toute attente, ce poste n’a jamais été pourvu parce que ‘‘Le vieux’’ n’a jamais désigné son vice-président jusqu’à ce que cette décision soit extraite de la Constitution en 1985.Selon les informations qui ont couru à l’époque, l’on a évoqué la clause de la tradition Akan qui stipule qu’un chef ne doit pas connaître son successeur de son vivant. Aujourd’hui, avec la conjecture politique, l’on sent que les Ivoiriens ne sont pas loin de la concrétisation de cette volonté du doyen des partis politiques ivoiriens. Après l’annonce de la candidature du président Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015, les lignes politiques ont commencé à bouger aussi bien au niveau de la coalition au pouvoir que de l’opposition. Mais pour ce qui est du pouvoir, l’idée de la candidature unique au niveau du Rhdp est acquise ou presque. Le président Ouattara, au cours de ses tournées, ne cesse d’appeler les houphouëtistes à l’union pour continuer le travail, car, dit-il, « on ne change pas une équipe qui gagne». Henri Konan Bédié qui est le garant moral de la gouvernance Ouattara et qui se trouve être aussi l’éminence grise du Rhdp a lui, aussi adressé un message très évocateur dans lequel il a confirmé la candidature unique au sein du Rhdp. A côté de ces déclarations, les actions dans les différents états majors se multiplient et se succèdent. La dernière en date est la déclaration d’un groupe de 25 députés issus de toutes les formations politiques qui ont décidé de prendre les devants de la lutte pour la candidature unique d’Alassane Ouattara en2015 pour le compte du Rhdp. Au regard de toutes ces initiatives, tout porte à croire, sauf changement de dernière minute, que le chef de l’Etat sera l’unique candidat des houphouëtistes à cette élection. Cela sous-entend que l’idée du Pdci de créer une vice-présidence est également sur la voie royale d’être acceptée par les républicains. Si cela venait à être confirmé, une grosse interrogation se dégage. Entre le Pdci et le Rdr qui va gagner quoi et qui va perdre quoi ?

‘‘Partenariat gagnant gagnant ?’’

Il est vrai qu’au sommet, les différentes directions peuvent s’accorder sur l’idée de création du poste de vice-président au niveau de l’exécutif. Mais cette décision risque d’avoir des grosses répercussions au niveau des militants de base. Si Alassane Ouattara est effectivement le candidat unique du Rhdp et qu’il est réélu au soir de la présidentielle d’octobre 2015, qui sera son vice-président ? Là encore, l’on n’a pas besoin de regarder dans une boule de cristal ou de sortir de Science Po pour savoir que ce vice-président sortira du Pdci Rda, l’autre maillon fort du Rhdp. Mais là encore, rien n’est joué. Tout dépend des prérogatives qui seront confiées à ce N°2 de la République. Si ce le poste de vice-présidence est créé, cela sous-entend aussi que la Primature va disparaître. Qui occupera alors ce nouveau fauteuil à côté de Ouattara ? Daniel Kablan Duncan ? Ahoussou Jeannot ? Niamien N’-Goran ? Personne ne peut le deviner pour le moment. Mais pour un élu du Pdci avec qui nous avons échangé, le poste de vice-président n’arrangera pas le vieux parti. «Dans un régime présidentiel, le vice-président n’a aucun pouvoir. Tant que le président est là, il ne joue aucun rôle en dehors de son rôle de suppléance. Aux Etats-Unis, il y a un vice-président, mais c’est d’Obama seulement qu’on parle. Qui connait Joe Biden ? Ce serait une erreur pour nous d’accepter d’être vice-président de Ouattara après2015. Avec la Primature, le Premier ministre a au moins une petite marge de manœuvre. Il ne faut passe leurrer. Si on accepte la viceprésidence, le Rdr ne nous fera pas la passe en 2020 comme certains de nos militants le pensent», a indiqué ce parlementaire pour qui le Pdci risque de perdre gros dans ce partenariat. A contrario, d’autres estiment que l’avènement du poste de vice-président va accélérer l’avènement du parti unifié au niveau du Rhpd. Ce qui sous-entend qu’en 2020, il n’y aura pas cette autre guerre des héritiers de Bédié et Ouattara comme l’annonce ce jeune député. A côté du Pdci, est-ce que la vice-présidence arrangera aussi le Rdr ? Sur la question, les discussions risquent d’être houleuses au sein de la case. Si l’idée est acceptée, cela veut dire que les républicains iront à la présidentielle avec un ticket comme aux Etats-Unis. Qui sera alors le colistier d’Alassane Ouattara ? Amadou Gon Coulibaly, Guillaume Soro, Marcel Amon Tanoh, Hamed Bakayoko, Amadou Soumahoro accepteront-ils de céder la place à un cadre du Pdci qui va profiter de ce poste de vice-président de la République pour se préparer pour2020 ? Comme dans tous les pays qui ont adopté le format de ticket à la présidentielle, quand le président sortant ne se présente plus, c’est son vice-président, dans90% des cas qui se présente comme le candidat du pouvoir parce que le poste de vice-président est l’anti chambre pour accéder à la magistrature suprême. Le Ghana vient de le démontrer avec John Dramani Mahama qui a terminé le mandat de John Atta Mills avant de se faire élire face à Nanan Akuffor Addo. Au Nigeria, Goodluck Jonathan était le vice-président de Umaru Yar’Adua. Il a terminé le mandat de celui-ci avant de se faire élire en 2011. Cela a été le même parcours pour l’Ethiopie où Haile Mariam Dessalegn était le vice-Premier ministre de Meless Zenawi avant de devenir Premier ministre plein après la mort de ce dernier en2012. Si donc le projet passe et que le poste échoit à un cadre du Pdci Rda, ce dernier risque d’être le candidat idéal ou naturel des houphouëtistes en 2020. Les cadres du Rdr qui se battent actuellement dans l’ombre pour l’après Ouattara risquent d’être forclos. Mais là encore, il faut attendre parce que pour le moment, nous ne sommes qu’au stade de la politique-fiction. Le débat est donc ouvert. Le Pdci et le Rdr ont tout le temps pour analyser la question.

 

 

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