Dans l’après-midi du 30 décembre dernier, un jeune homme connu sous le nom de Petit Bahi, 24 ans, est interpellé par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci)dans la sous-préfecture de Guezon (département de Duékoué). Gnonsian Saint Joël Alex, de son vrai nom, soupçonné d’avoir commis plusieurs braquages, viols et constitué une bande de criminels a été conduit à Duékoué pour être interrogé. Selon des forces de l’ordre qui ont requis l’anonymat, Petit Bahi a révélé, lors de son interrogatoire, qu’il possédait un arsenal de guerre comprenant 17 Kalach cachées au cimetière de Dahoua, village situé dans le périmètre communal. Les militaires, sans tarder, s’y rendent en compagnie de l’interpellé pour vérification. Une fois sur les lieux, Petit Bahi qui maîtrise mieux le terrain se fond dans la nature, profitant de l’obscurité, selon les militaires. Ceux-ci, craignant d’être pris pour cible, ouvrent alors le feu dans les broussailles. Petit Bahi, atteint au pied gauche, appelle à l’aide. Les militaires le ramènent à leur base pour le soigner. Sur le chemin du retour, le jeune homme saigne abondamment. Une fois au camp militaire, l’infirmier militaire lui prodigue des soins avant de le conduire à l’hôpital général de la ville pour un traitement plus complet. Sur le lit de l’hôpital, vu qu’il continue de saigner, l’infirmier de garde change son bandage et lui place un sérum pour le remonter. Selon ce dernier que nous avons rencontré, Petit Bahi qu’il a hébergé à Daloa à sa sortie de prison en 2008, des suites d’un braquage, l’a reconnu et lui a même demandé s’il avait été affecté à Duékoué. « J’ai échangé avec lui en Guéré pour savoir ce qu’il avait fait, mais il n’a pas répondu. Le connaissant bien, je me suis dit qu’il devait être impliqué dans un braquage. Lorsque je l’avais accueilli en 2008 à sa sortie de prison, je lui avais pourtant demandé d’être sage. Je suis allé chercher un médicament et à mon retour à 6h30mn, j’ai constaté qu’il est mort », précise l’agent de santé qui a requis l’anonymat. Le corps est alors transféré à la morgue de la ville et les parents qui résident à Guitrozon en sont informés. Ces derniers se rendent à la gendarmerie dans la journée du 31 décembre 2013pour être officiellement informés. Ils décident de ne pas porter plainte et formulent le vœu de récupérer le corps pour l’enterrement. Mais le 4janvier, ils font volte-face et décident de porter plainte. Selon eux, leur fils a été tué parce qu’il est un rescapé de l’attaque du camp des réfugiés de Nahibly en juillet 2012. Le père, Sian Mompéhé Germain, a déposé, hier, une plainte au bureau du juge d’instruction de la section du tribunal de Guiglo. Une enquête a été ouverte pour connaître les circonstances de la mort de Petit Bahi qui était l’homme le plus recherché de l’ouest montagneux pour plusieurs infractions. Selon des agents de santé, sa mort serait consécutive à la rupture d’une artère touchée par la balle qui l’a freiné dans sa fuite, et non d’une volonté délibérée de mettre fin à ses jours.
CORRESPONDANT RÉGIONAL
Qui Etait Il ?
Né le 31 mars 1989 à Duékoué, Gnonssian Saint Joël Alex était l’homme le plus recherché par toutes les unités de sécurité des régions du Guémon et du Cavally depuis la fin de la crise postélectorale en 2011. En effet, selon les informations et documents en notre possession, Petit Bahi à sa sortie de prison en2008 s’installe à Guitrozon, son village natal. Quand la crise post-électorale éclate fin 2010, il forme un groupe de malfaiteurs qui écument l’axe Duékoué-Bangolo et même tout le département. Les attaques sont récurrentes, les véhicules de transport sont mitraillés, les occupants dépouillés de leurs biens et les femmes violées. Le nom de Petit Bahi revient sur les lèvres des populations de Duékoué quant à la paternité de ces attaques. Au nombre des actes crapuleux qui lui sont attribués, il y a, entre autres, l’attaque, en novembre 2010, du cortège du premier adjoint au maire de Duékoué, Paul Mondouho, qui reste hospitalisé avec 21 plombs dans le corps. On se souvient aussi que le3 janvier 2011, suite au mitraillage d’un véhicule de transport de dame Salimata Diomandé, les communautés se sont accusées mutuellement. Elles finissent par s’affronter durant quatre jours. Bilan de ces conflits : 56 personnes tuées et plus de 400 maisons incendiées. Le groupe de Bahi se signalera le 28 mars 2011 après ces affrontements. L’adjudant des Douanes Meless Jean, fuyant l’avancée des Frci, part se cacher à Guitrozon avec une forte somme d’argent. Informé, Bahi et son complice de toujours, le surnommé Atta, le rattrapent, le tuent, volent son argent et font disparaître son corps…Autre méfait à lui attribué :l’enlèvement du caporal Coulibaly des Frci et son ami, un certain Adama, qui seront exécutés non loin du village de Béoué dans la commune de Bangolo. Traqué de toutes parts, le groupe trouve refuge sur le site des déplacés de Nahibly dans la commune de Duékoué. De leur cachette, ils mènent des expéditions meurtrières. Le 20 juillet2012, quatre personnes sont tuées au quartier Kokoman. Les résidents pointent du doigt le groupe de Bahi réfugié sur le site. Avec le démantèlement du site, le groupe se disloque… Atta part se cacher à Divo où il sera interpellé par les forces de l’ordre. Un autre de ses complices, surnommé Sam Boukari, sera mis aux arrêts après une attaque d’un bus qui avait fait 3 mort en août2013. Ce dernier est en prison à la Maison d’arrêt et de correction de Man ainsi qu’Atta.Petit Bahi, entretemps, s’est trouvé de nouveaux amis. En juin dernier, il est aperçu à Guiglo lors d’une cérémonie de réjouissance. Cette même nuit, un commerçant est tué dans le village de Yaoundé. Là encore, le nom de Petit Bahi est cité. Après plusieurs années de cavale, le 30 décembre dernier, il est livré aux forces de l’ordre, selon des témoins, par un de ses anciens complices repenti.
S-T BI
Fraternité Matin
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