L’opposition Ivoirienne Doit Elle Rentrer Dans Le Gouvernement Pour Exister ?

0
3

Voilà une question qui tourmente les esprits dans le milieu politique ivoirien. Pour l’exécutif, la question est désormais de savoir si l’entrée au gouvernement des membres de l’opposition peut lui être favorable politiquement? Et de quelle manière ? Pour l’opposition, quelle lecture peut-elle faire de cette volonté politique du gouvernement de voir ses cadres devenir ministres ? Les militants des partis membres du Rhdp et ceux de l’opposition attendent toujours de voir l’évolution de cette rumeur, née d’une intense activité politique entre l’opposition et l’exécutif. Un exécutif sans une opposition forte peut constituer une menace pour la démocratie En principe, dans un État démocratique, la gestion du pouvoir doit se faire par alternance, suite à des élections. Dans cette logique, seuls les électeurs ont le pouvoir de désigner leurs dirigeants, pour une durée qui est déterminée par la constitution. En Côte d’Ivoire, la durée du mandat présidentiel est de cinq années. Et le chef de l’État ne peut être élu plus de deux fois de manière consécutive. Ces dispositions législatives contribuent à l’instauration de garde fous permettant l’émergence d’une démocratie dans notre pays. Pour que cette démocratie soit effective et favorise une alternance politique, souhaitable dans une démocratie saine, il faut qu’il existe également une opposition forte, crédible et républicaine. Il est donc évident que le rôle de l’opposition est aussi important qu’un exécutif crédible dans la gestion des affaires de l’État. Un pouvoir sans une opposition forte, qui propose des solutions alternatives et veille au respect des lois, peut constituer une menace pour la démocratie et  l’équilibre  des  forces  en  présence.  Voilà  pourquoi  en  Côte d’Ivoire, nous nous interrogeons sur la pertinence de l’éventualité de faire entrer les membres de l’opposition dans le gouvernement, composé des membres du Rhdp. Pour certains, il s’agirait d’une volonté visant à favoriser la réconciliation nationale. Et pour d’autres, bien au contraire, cette initiative n’est qu’une manœuvre politique pour empêcher toutes les actions de contre-pouvoir de l’opposition. Comment l’opposition pourrait-elle s’opposer à un gouvernement auquel elle participerait, si la solidarité gouvernementale prévaut? De 2003 à 2010, la Côte d’Ivoire, embourbée dans une crise sociopolitique meurtrière, et sous la contrainte du Conseil de sécurité des nations unies, a été obligée tant bien que mal, de fonctionner avec plusieurs gouvernements d’union nationale successifs. Dans la réalité, il s’agissait d’une cogestion du pouvoir basée sur des rapports de force, où tout le monde se surveillait. Chaque membre du gouvernement travaillait uniquement pour sa formation politique et non pour le pays. La solidarité gouvernementale n’existait pas en réalité. Tous les ministres dans les différents gouvernements étaient à la fois des opposants aux autres, et des collègues à qui s’imposait (seulement en théorie) la logique de la solidarité gouvernementale. Ces expériences très difficiles qui ont laissé des traces dans les mémoires devraient permettre d’éviter de réitérer ce type d’aventure finalement peu apprécié par les populations. L’exécutif est fait pour gouverner et l’opposition pour s’opposer de manière responsable dans les règles démocratiques. Le président Ouattara « sera inéligible à la prochaine élection présidentielle »Comment l’opposition pourrait-elle s’opposer réellement à un gouvernement auquel elle participerait et serait tenue par le devoir de solidarité gouvernementale et de loyauté? Lors de la présentation des vœux du président du Fpi, le 7 janvier2014, il a déclaré que le président Ouattara « sera inéligible à la prochaine élection présidentielle ». Le message était très clair. Il faisait allusion à ce concept d’ivoirité, qui est à l’origine de toutes les crises sociopolitiques ivoiriennes. Pour lui, le Fpi « ne va pas accompagner un gouvernement incompétent » en faisant partie de  l’exécutif.  Dans  ce  contexte,  comment  un  gouvernement d’union nationale pourrait voir le jour ? Affi N’Guessan qui vient de comprendre qu’en radicalisant son rapport avec le pouvoir, il peut espérer séduire les extrémistes de l’opposition et ceux du Pdci qui sont encore attachés à cette notion dangereuse de l’ivoirité. Il sait aussi que si le Fpi entre dans le gouvernement, il prend le risque de faire de nombreux déçus et se disqualifier politiquement vis-àvis de sa base et des groupes religieux et ethniques farouchement hostiles au chef de l’État ivoirien.

 

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here