Bombardement Du Bunker De Gbagbo : Comment Les Soldats Français Ont Opéré

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On en sait désormais un peu plus sur le mode opératoire employé par les soldats de la Force Licorne pour pilonner la résidence de l’ancien président Laurent Gbagbo. Interroge par RFI, l’écrivain Jean Christophe Notin, auteur du livre « le crocodile et le scorpion » a fait des révélations sur les derniers combats autour de cette résidence.

 

Lors de la crise postélectorale ivoirienne, tout le monde se souvient des combats de la dernière semaine, mais vous nous dites que le premier bras de fer, c’est dès le mois de janvier pour le carburant, et il commence à la sortie d’Abidjan, sur l’autoroute du Nord.

Gbagbo, voulant éviter l’affrontement direct avec les Français a choisi la manière détournée d’instaurer un blocus en fermant à la fois le port et l’aéroport. Evidemment, la force française Licorne basée à Port-Bouët, à Abidjan, aurait pu se retrouver à court de carburant, adonc été obligée de constituer des convois très lourds avec des dizaines de blindés, de véhicules, et d’hélicoptères qui devaient gagner Bouaké, la zone à peu près sûr où on pouvait installer un pont aérien. Donc, ces convois passaient par la sortie Nord qu’on appelle le corridor Nord à Abidjan, où les forces pro-Gbagbo avaient installé un barrage.

 

Finalement, les convois français ont pu forcer les barrages sur l’autoroute du Nord ?

Oui, les Français ont une très grande expertise de ce genre d’événements grâce à la gendarmerie nationale. Les gendarmes mobiles, équipés de blindés ou delames pour pousser les éventuels véhicules au milieu. Les choses se sont relativement bien passées à chaque fois, mais on n’est pas passé loin à plusieurs reprises, d’incidents assez graves.

 

A partir du mois de février, le camp de Laurent Gbagbo perd des positions dans la ville, notamment à cause de ce commando invisible qui tend des guets-apens dans la commune d’Abobo. Sait-on aujourd’hui qui était derrière ce commando ?

Il y a eu beaucoup de fantasmes et de rumeurs sur le sujet. Maintenant que l’on dispose de l’analyse des services de renseignements auxquels j’ai pu avoir accès, on sait que c’était le légendaire IB (Ibrahim Coulibaly ; Ndlr) qui a participé à toutes les révoltes depuis une dizaine d’années. Il avait réussi à fédérer grosso modo, une centaine de partisans qui ont mené des opérations coups de poing contre les forces de sécurité.

En mars, c’est le bombardement d’un marché d’Abobo puis le vote du Conseil de sécurité pour des frappes anti-Gbagbo. Le 4 avril, les frappes des hélicoptères de Licorne et de l’Onuci commencent. Le camp Gbagbo résiste farouchement et vous dites que les pilotes d’hélicoptère sont alors pris du syndrome du Faucon noir.

Oui, avec un guetteur s’installant sur un toit et tirant au lance-roquette sur l’hélicoptère. C’est exactement ce qui s’est passé à Mogadiscio en1993. La chute du faucon noir. Ça a été une scène évidemment terrible qui aurait contre battu l’effet politique qu’on voulait pour l’opération.

 

Dans la nuit du 8 au 9 avril, il faut exfiltrer un diplomate britannique de sa résidence tout près de celle de Laurent Gbagbo. Quatre hélicoptères français sont engagés et vous dites qu’à ce moment là, les militaires français sont passés tout près de la catastrophe.

Oui, l’opération qui était encore inconnue à ce jour et que je révèle grâce à mes sources au sein des Forces spéciales. C’est une opération impliquant une cinquantaine d’éléments des Forces spéciales, plusieurs hélicoptères et qui a donc failli très mal tourner. Les Forces spéciales se sont retrouvées quasiment bloquées contre un mur, comme sur un peloton d’exécution. L’affrontement a duré plusieurs heures et les Français ont failli enregistrer plusieurs pertes au sol mais également en l’air. Les hélicoptères ont été impactés.

 

Ce qu’on apprend dans votre livre, c’est que lors d’un redécollage d’urgence, un hélicoptère tape un lampadaire et est sur le point de se crasher.

C’est pour récupérer les hommes au sol et éviter un risque considérable. Ils ont tapé ces lampadaires qu’ils ont d’ailleurs sciés et évidemment ça n’arrange pas la conduite d’un hélicoptère. Ça a failli donc tourner au drame.

 

Les Français comme les Frci pro-Ouattara sont à ce moment là surpris par la capacité de résistance du dernier carré de Laurent Gbagbo. Y avait-il seulement des soldats Ivoiriens dans le dernier carré ?

Non. Mais déjà, le dernier carré est constitué des meilleures troupes de Gbagbo. Le Cecos, la Garde républicaine, mais il y avait également beaucoup de mercenaires, libériens, quelques Angolais venus très très motivés par l’argent et par différentes substances que les Français ont pu retrouver sur place.

 

Des substances de quelle nature ?

Drogues

 

On arrive à la journée décisive du 11 avril. Comme les Frci n’arrivent pas à approcher la résidence de Gbagbo, c’est une colonne de blindés français qui fait la percée. Il est 11h45 et il y a cette phrase inoubliable dans votre livre, d’un officier français de la base opérationnelle de Port-Bouët au capitaine qui commande le premier blindé de la colonne: « Balance-moi ton putain d’obus dans le portail de cette baraque ».

Et c’est là qu’on voit une certaine exaspération à Paris qui veut absolument conclure ce jour-là. Et les blindés français ont montré la voie de Gbagbo. Les Frci ne suivent pas. Donc, le commandement français estime qu’il faut en plus pratiquer des ouvertures dans les murs pour être sûr que les Frci vont rentrer. D’ou, ce fameux Lieutenant-colonel qui donne l’ordre de ‘‘bréchage’’ qui est un terme indiquant les frappes sur le portail et les murs de la résidence de Laurent Gbagbo.

 

Derrière le portail, il y avait un anti-char ?

Oui, ça a été la grande découverte. C’était une arme anti aérienne qui n’était pas prévue et qui aurait pu tirer sur les assaillants si elle n’avait pas été détruite par le blindé français qui a tiré un deuxième coup.

 

La question que tous se posent évidemment, c’est qu’après le ‘‘bréchage’’, est ce que les Français ont participé à l’assaut de la résidence elle-même ?

Non, là, c’est vraiment la limite absolue qui a été donnée par le sommet de l’Etat : Ne pas entrer dans la résidence de Gbagbo. Et ça se comprend puisque la bataille est terminée. Donc, il n y a pas besoin d’engager des vies humaines françaises ou risquer des vies alors que Gbagbo, de toutes façons est coincé.

 

Mais qu’est-ce qui vous prouve que les Français n’ont pas participé à l’assaut final ?

D’après les témoignages que j’ai recueillis au sein de la résidence française qui était juste à côté, des troupes qui étaient engagées. J’ai rencontré ceux qui ont détruit le mur, qui ont fait le survol de la résidence. Ça m’étonnerait qu’une telle conjonction de témoignages n’aboutisse pas à la vérité.

 

Laurent et Simone Gbagbo sont capturés, mais ce que vous dites, c’est qu’une fois l’assaut terminé, les Français vont rendre visite à cette fameuse résidence.

Oui, c’est une des surprises de ce livre. En soirée, quelques éléments français de différents services, Dgse, Gign, et l’ambassadeur se sont rendus sur place. Le but étant de vérifier le contenu des papiers de Laurent Gbagbo.

 

Et de ne pas seulement les regarder ?

On l’imagine. Il y a eu certaines Saisies

 

 

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