La Crise Burkinabè Et La Côte d’Ivoire

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La terre a tremblé sous le grand baobab du pays des hommes intègres et les secousses se poursuivent. Le baobab burkinabè, le grand Blaise, le beau Blaise, le Président Blaise Compaoré a été secoué et continue de l’être. Ces poussées sismiques viennent de partout, d’adversaires et d’anciens compagnons de l’homme fort de Ouaga. Pourtant tout semblait sourire à celui qui est au pouvoir au pays des hommes intègres depuis près de 27 ans. Même s’il arrive tant bien que mal à éviter la catastrophe, il n’est plus certain qu’il parvienne à maitriser le peuple burkinabè qui semble sortir d’un long sommeil. Tant les manifestations de défiance se multiplient. Mutineries de l’armée par ici, manifestations de journalistes et d’artistes par là, agitations d’élèves et étudiants, grogne de magistrats, soulèvements de commerçants et abandon du navire par la démission en cascade de certains de ses compagnons qui s’apprêtent à créer un parti politique. Il n’est plus certainement loin, le temps de voir un grand  monde sortir dans les rues et crier leur ras-le-bol au beau Blaise. Malgré ses tentatives de maitriser la situation, le pourra-t-il indéfiniment ? Pourtant, celui qui subi les tirs croisés de bon nombre de burkinabè, le Président Blaise Compaoré pour sa longévité au pouvoir, détient un carnet d’adresses assez fourni pour avoir été sollicité dans le règlement de plusieurs crises. Avec un bilan assez satisfaisant. Dans la résolution de la crise ivoirienne, dans son rôle de Facilitateur, il a abattu un travail herculéen. Grâce à Blaise Compaoré, par le biais des Accords Politiques de Ouagadougou (APO), les ex-belligérants Guillaume Soro et Laurent Gbagbo se sont retrouvés, côte à côte sans armes, après avoir été, durant une dizaine années, face-à-face, armés jusqu’aux dents. Travail qui a abouti à des élections démocratiques en Côte d’Ivoire. Pour rappel, il a joué un rôle important dans la crise de la Commission Electorale Indépendante (CEI), baptisée à l’époque « L’affaire Mambé et les 429.000 inscrits ». A cette occasion, les principaux protagonistes de la crise ivoirienne avaient rencontré en février 2010, dans son palais de Kossyam à Ouagadougou, le président Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue politique inter-ivoirien. Pour terminer la parenthèse des élections, toujours en tant que facilitateur, il s’est rangé du côté des résultats de la CEI. Ensuite, après la mise en place du gouvernement par le Président nouvellement élu, SEM Alassane Ouattara, il a soutenu la relance économique en demandant aux opérateurs économiques de son pays, de privilégier les ports d’Abidjan et de San-Pedro. En plus de détenir les clés des grandes crises régionales, des langues affirment que le chef de l’Etat burkinabè est devenu un pilier important de la France et même des Etats-Unis en Afrique de l’Ouest. Au fil du temps, Ouagadougou s’est progressivement affirmée comme place stratégique dans la sous-région. En dehors de la crise ivoirienne, il a joué les facilitateurs dans les crises Guinéenne et malienne. Dans la crise guinéenne, Blaise Compaoré a travaillé à relancer le dialogue entre l’opposition et la junte, et tenter de maintenir le cap vers la présidentielle. Dans celle du Mali, il est à la base de l’ouverture des négociations entre Bamako et les groupes touareg qui occupaient Kidal, dans le nord-est du Mali. Voilà un Président au carnet d’adresses bien fourni. Que se passe t-il donc au pays des hommes intègres pour qu’il y ait cette levée de boucliers contre le Président Blaise Compaoré ? Ces compatriotes, ceux qui ne le soutiennent surement  pas, l’accusent de vouloir changer la loi fondamentale, la tourner à son avantage. Ils le soupçonnent de vouloir changer le fameux article qui permet de faire sauter le verrou du nombre de mandats présidentiels. Si tel était le cas, la communauté internationale avec les puissances occidentales en tête, applaudiraient-elles une telle volonté de maintien ? C’est dans ce tourbillon que le Président de la République ivoirienne, SEM Alassane Ouattara a apporté son soutien au Président Blaise. Par une délégation conduite par Guillaume Soro, Président de l’Assemblée Nationale. Cette visite était l’occasion pour le président Soro de tenter une médiation entre les dissidents et leurs anciens camarades du parti au pouvoir. Tour à tour, Guillaume Soro a rencontré les démissionnaires, les responsables du parti au pouvoir, et d’autres chefs de partis politiques. Le but de cette manœuvre, était de renouer le dialogue entre les anciens camarades du parti au pouvoir. Ce soutien ivoirien aura-t-il des effets sur la situation sociopolitique du pays ? Le pouvoir ivoirien doit-il soutenir Blaise Compaoré pour un autre mandat si tel est son désir, ou lui demander de se conformer à la constitution ? A l’analyse, le pouvoir d’Abidjan aura du mal à se séparer de Blaise Compaoré.  De peur d’être taxé d’ingratitude. Si Abidjan ne peut le soutenir ouvertement dans sa quête de maintien, si les choses devaient tourner autrement, à la rigueur, lui permettre une sortie honorable. Cependant, le départ de Blaise Compaoré ne sera pas un vide facile à gérer. Il y va de la stabilité du Burkina Faso et de l’Afrique Occidentale, d’autant que tout au tour dans la région Ouest-Africaine, des foyers sont encore chauds. Et bien chauds. Il faut rappeler que le Président Blaise Compaoré, l’enfant de Ziniaré, au Nord de Ouagadougou, du haut de ses 63 ans, est à la tête du Burkina Faso, le pays des ‘’Hommes Intègres’’, depuis le 15 octobre 1987. Jour baptisé ‘’jeudi noir’’ car Blaise Compaoré a été impliqué dans le meurtre de Thomas Sankara, alors Président, des suites d’un coup d’Etat sanglant en cette soirée d’octobre 1987. Il a été successivement élu à la tête de son pays en 1991 (7 ans), 1998 (7 ans), 2005 (5 ans) et 2010 à ce jour où il traverse des moments de tumultes. Quel avenir pour le beau Blaise ?

 

 

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