Photos De Blé Goudé : Le Choc Des Images, Le Poids Des Interrogations

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C’est le dernier buzz en date sur les bords de la lagune Ebrié : depuis quelques jours, des photos supposées être celles de Blé Goudé, le patron des Patriotes du temps de Laurent Gbagbo, sont présentées en boucle sur les réseaux sociaux et publiées dans des journaux ivoiriens, créant l’émoi, l’indignation, la colère ou la circonspection. On y voit en culotte l’ancien tout-puissant ministre de la Rue, torse nu, décharné, barbe broussailleuse, Bible en main. Choquant ! Quand on sait que Blé Goudé est actuellement en détention, point n’est besoin de mots pour exprimer les dures conditions carcérales de celui qui fut, à un moment donné, l’ennemi public numéro un du régime du président Ouattara. Mais si ces  clichés provoquent, chez tous ceux qui les ont vus, une vive émotion, ils soulèvent aussi de grandes questions : sont-ils authentiques ? A l’ère des technologies de l’information et de la communication, particulièrement du Photoshop, logiciel de retouche d’images, tous les montages et autres manipulations n’ont de limite que l’imagination.

 

Avant, l’on disait que lorsque tu es «Boubou» (1), tu sortais «Boubou» sur une photo. Mais autres temps, autres photos. Aujourd’hui, tu peux être «Boubou» mais, par la magie du traitement des images, apparaître en véritable apollon.

C’est donc dire qu’au sujet des fameux clichés sur Blé Goudé, la raison  ne doit pas céder à l’émotion, le doute sur ces images et l’intention réelle de leurs auteurs  étant  permis, voire nécessaire. Mais si d’aventure ce qu’on a vu sur les réseaux sociaux et dans certains journaux est conforme à la réalité, on peut s’interroger sur les conditions de détention de ce précieux prisonnier. D’autant que nous sommes loin de partager la perfidie de certains hauts dirigeants du RDR (le parti au pouvoir) qui, au vu de ces clichés,  ont fait preuve d’esprit revanchard. Arguant que les «culottes blanches» que portait le détenu et ses «oreilles propres» qu’ils ont vues sur les photos ne pouvaient souffrir d’aucune comparaison avec les «assassinats à l’arme lourde» et les «victimes brûlées comme des animaux» pendant la crise postélectorale. Si donc les images ne sont pas truquées et qu’il ne s’agit pas d’un montage abject pour discréditer le pouvoir en place, il faut déplorer que ce prisonnier politique souffre ainsi le martyre. Au demeurant, il y aurait de quoi s’interroger sur la véritable nature du régime de Ouattara.

Si par contre il s’agit d’un savant montage  émanant de qui que ce soit afin de peindre ADO sous les traits d’un tortionnaire, c’est aussi gravissime. Et la rigueur de la loi devrait s’appliquer aux indélicats auteurs. Passe encore que ces images inondent certains réseaux sociaux, à l’image de Facebook et de Twitter, à travers lesquels des internautes malveillants polluent la toile. Ça prouverait peut-être que le mur de défiance entre les différentes parties reste solide et que tous les coups sont permis. Mais que, dans ce cas d’espèce, ce soient des médias qui tombent sur tout ce qu’on leur balance sans la moindre vérification, c’est une attitude qui n’honore pas la presse ivoirienne, qui regorge pourtant de médias sérieux et de journalistes talentueux. Tout cela conforte beaucoup d’observateurs dans l’idée selon laquelle la presse ivoirienne a toujours été l’un des principaux vecteurs de cette crise dont ce pays peine à sortir.

 

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