Dans Quel Pays Sommes-Nous ?

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Moi j’aime mon pays…. Cette antienne longtemps ressassée par les suppôts de Koudou avait fini par donner des complexes à tous ceux qui à l’époque s’avisaient d’émettre une opinion différente de celle prescrite par les catéchistes de la refondation. Osez formuler la moindre critique ou la moindre réserve sur la gouvernance de LG et vous étiez sûr de recevoir en pleine figure cette repartie impertinente sensée vous rappeler qui dans ce pays possédait les droits du patriotisme et de la dévotion à la nation. Qui n’aime pas son pays ? était on tenté de répondre… Manifester son attachement à sa patrie ou à sa communauté n’a en soi jamais été une mauvaise chose. Mais vouloir s’attribuer un monopole dans ce domaine en taxant tous vos contradicteurs d’antipatriotes, voilà qui avait fini par agacer plus d’un.

Mais à la vérité (et on s’en rend compte aujourd’hui), l’amour que certains revendiquent et proclament pour leur pays varie en fonction de leurs intérêts et de leur rapport au pouvoir d’état. Ainsi, à l’image d’un couple qui divorce le couteau entre les dents en effaçant toutes traces de son bonheur passé, les refondateurs en cédant les rênes du pouvoir ont banni en eux tout sentiment national et toute conscience citoyenne. Au point de faire des malheurs de ce pays une source de réjouissance et d’ériger le sabotage en ligne de conduite politique. On avait pensé qu’instruits par leurs déboires récents, les ivoiriens tous bords confondus avaient compris la nécessité qu’il y avait d’accorder la priorité au développement et au relèvement de la nation en créant un consensus autour des thèmes qui sous d’autres cieux sont facteurs de rassemblement. N’est ce pas le premier des refondateurs qui déclarait après une visite des stands du forum ICI 2014 : « Nous sommes venus là, pour manifester l’intérêt que notre parti, que nos militants, que toute la Côte d’Ivoire accordent à toutes les initiatives visant à donner à la Côte d’Ivoire, les moyens de se redresser, les moyens de sa reconstruction et les moyens de son progrès…. ». Cette brillante déclaration avait été saluée à l’unisson et valu à son auteur un tonnerre de félicitations. Certains avaient même écrasé une larme en espérant que ce geste quoique symbolique soit le tournant annonciateur d’un avenir nouveau pour la côte d’ivoire. Un avenir où pouvoir et opposition se donneraient la main pour tirer le navire ivoire sur les sillons de l’émergence.

À l’évidence, on s’était réjoui un peu trop vite. Et les récentes sorties d’Affi et consorts sur la question du RGPH nous donnent encore une fois matière à disserter sur la psychologie des refondateurs et la conception qu’ils ont de la notion de reconstruction nationale. Car à moins que le chef des frontistes soit un parfait crétin, il ne peut ignorer que toute action de développement humain ne peut se planifier qu’en s’appuyant sur un état objectif de la répartition des populations sur le territoire national. Avec les mouvements de population qu’on a connus pendant la décennie de crise, quelle évaluation crédible peut-on faire avec les chiffres du RGPH de 1998 ? Quand on sait que nulle part au monde, les techniques de projection ne prennent en compte des critères aussi aléatoires que les conflits politiques ou militaires. Ce n’est pas avec une baguette de sourcier qu’on déterminera les zones à forte densité de population ou les villages susceptibles de bénéficier de l’électrification rurale, de la construction d’une école ou d’une maternité. Le règne de l’arbitraire a longtemps été dénoncé et le favoritisme trop longtemps décrié pour qu’on vienne encore s’opposer à une opération dont le but est justement de donner à l’état les moyens de corriger les disparités régionales et aux citoyens les éléments d’appréciation de cette politique d’ajustement. De quoi a-t-on peur finalement ? de la mention de l’ethnie sur les fiches de recensement ? Dans tous les pays du monde il existe des données rendant compte de la diversité ethnique et donc de la réalité sociale. Le RGPH n’invente pas les groupes communautaires mais se contente de les répertorier et de les quantifier. Il n’y a aucun mal à cela. Que les pourfendeurs de la prétendue politique de rattrapage ethnique ne se réjouissent ils pas d’une telle opération ? Eux qui désormais auront accès à des données crédibles leur permettant affiner leurs comptes d’épicier et leurs statistiques de boulanger sur la représentativité des différentes ethnies dans les hautes sphères de l’état ? Histoire de ruer encore et toujours dans les brancards et d’ameuter la planète entière sur la main mise d’une communauté sur le pouvoir d’état et l’accaparement des postes administratifs par les dozos…. Nègreries quand tu nous tiens !!!

Qu’on ne s’y trompe pas. Ce qui se manifeste ici (encore une fois) n’est autre que la légendaire mauvaise foi des frontistes et leur inusable capacité de nuisance qui en une décennie de règne ont coûté bien du retard à ce pays. On ne peut pas prétendre aimer un pays plus que les autres quand on s’assigne pour mission de saboter toutes les actions entreprises dans le but d’améliorer le quotidien de ses habitants. On ne peut pas se proclamer champion du nationalisme quand on passe son temps à dévoyer toutes les opérations menées en vue de permettre à cette nation de retrouver les chemins du progrès. On ne peut pas donner de leçons de patriotisme quand on accueille les agents recenseurs, les agents de développement avec des machettes (aiguisées) et des fusils de chasse. Dans quel pays sommes-nous ?

Saluons donc la récente décision des autorités de sévir contre les perturbateurs et autres séditieux qui appellent au boycott de cette opération de dénombrement de la population. La politique de développement impulsé par le pouvoir ne peut se faire en ignorant une frange de la population otage de politiciens véreux. Le gouvernement est donc résolu à faire le bonheur de tous les habitants de ce pays sans exclusion, et s’il le faut contre leur volonté. Ceux qui aiment sincèrement leur pays ne pourront que se réjouir d’une telle décision. Quand aux autres, ceux qui aiment encore plus la prison, ils seront sûrement ravis d’apprendre qu’une cellule douillette est prête à les accueillir si l’envie leur prenait de défier à nouveau l’autorité de l’état. Histoire de leur permettre de méditer dans le calme et la tranquillité sur le patriotisme et les devoirs que nous impose ce sentiment d’attachement à la nation. Dans quel pays sommes-nous ?

 

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