Félicien Agbahi S’adressant Au SG Du RDR Parlant Du Pdci : « Nous Risquons D’être Abandonnés Par Ces Alliés De Nouveau Genre, à Un Moment Décisif De Notre Marche Commune »

Objet : Lettre ouverte  

A Monsieur le Secrétaire Général par intérim du Rassemblement des Républicains

Monsieur le Secrétaire Général,

Nous sommes aujourd’hui à dix-sept mois de l’élection présidentielle d’octobre 2015, et je vous écris ce courrier en votre qualité de premier responsable du Rassemblement des Républicains (RDR), pour attirer votre attention sur certains agissements d’un de nos alliés politiques.

En effet, pendant que nous étions dans l’opposition, nous avons scellé des alliances avec d’autres formations politiques dans le souci de combattre efficacement notre adversaire commun qui était le Front Populaire Ivoirien (FPI). Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) naquit ainsi le 18 mai 2005,  avec pour principal objectif de faire partir démocratiquement Laurent Gbagbo du pouvoir d’Etat et mettre fin à la souffrance des ivoiriens. Ainsi,  avant la tenue de l’élection présidentielle d’octobre 2010 et à l’issue de nos nombreuses rencontres, nous avons convenu avec les autres partis membres de l’alliance, c’est-à-dire le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et le Mouvement des Forces de l’Avenir (MFA), de soutenir le candidat issu de nos rangs, qui irait au tour suivant. Cela a été chose faite, puisque le Président Alassane Ouattara a bénéficié du soutien des partis alliés lors de sa brillante victoire au second tour de cette élection. Depuis lors, c’est-à-dire après la prestation de serment le 22 mai 2011, le Président a honoré sa parole en associant tous les partis membres du RHDP à la gestion des affaires de l’Etat. En ce qui concerne le PDCI-RDA, hormis la primature, ce sont plusieurs autres postes ministériels, de directeurs centraux, de présidents de District et même diplomatiques qui lui sont revenu au nom de notre alliance. Mieux, le Président Henry Konan Bédié est constamment consulté par le Président de la République sur des questions de haute portée nationale.

Monsieur le Secrétaire Général, je suis cependant offusqué face au comportement des parlementaires et certains militants du PDCI, qui de plus en plus travaillent à rompre cette alliance.  En effet, le boycott de ces derniers, s’est manifesté à plusieurs reprises. En novembre 2012, lors du vote de la loi portant mariage, ses députés ont bloqué les travaux refusant même d’adopter le texte. Il a fallu l’intervention du Chef de l’Etat pour trouver une issue favorable à cette impasse. Aujourd’hui encore, où il est question de la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI), les mêmes jouent à un jeu trouble. J’en veux pour preuve leur rencontre avec le FPI pour dit-on, prendre l’avis de l’opposition, je ne parlerai même pas du ballet que ces parlementaires ont offert lors des débats en commission, de la loi sur la commission électorale indépendante (CEI), Il est vrai que le mandat du député est impératif, mais il n’en demeure pas moins vrai, qu’à pareilles circonstances, nos groupes parlementaires se rapprochent pour avoir des positions communes, plutôt que de se livrer à ce spectacle affligeant que nos alliés nous donnent à voir à ces occasions.

A quoi servent alors le groupe parlementaire et  les alliances inter-partis ?

A ce niveau, j’aimerais rappeler que l’une des forces du RHDP a été toujours la concertation. Il est donc inconcevable que,  pour une question aussi délicate, l’un des alliés aille rencontrer l’adversaire pour le consulter et prendre son avis ( ?). Pour ma part, je crois que ces personnes demeurent dans une logique de boycott de l’alliance. D’ailleurs, elles restent dubitatives et se perdent en conjectures sur la possibilité d’une candidature unique au sein du RHDP.

Le père fondateur Félix Houphouët Boigny, dont nous nous réclamons tous a dit et je cite : « La politique est la saine appréciation des réalités du moment ». Je me pose la question de savoir quelle est cette réalité aujourd’hui dans notre pays ? En effet, cette réalité qui est assez évidente est que, primo, le Président Alassane Ouattara a été élu grâce au soutien du RHDP ; secundo, il a respecté tous les engagements de l’accord signé avec ses alliés, tertio, il gouverne très bien le pays au point où tous les observateurs lui décernent des satisfécits et enfin quarto, il est candidat à sa propre succession. Dans ces conditions et au-delà des accords du 18 mai 2005, la logique aurait voulu que ses alliés lui renouvellent leur confiance pour un second mandat, afin d’achever l’œuvre gigantesque entreprise, Mais, c’est sans compter avec ces gens, qui ont déjà oublié l’histoire récente de notre pays, qui n’ont pas la moindre idée des efforts au quotidien, harassants du Chef de l’Etat, pour que ce pays en soit là où il est aujourd’hui, ces gens qui marquent déjà leur désaccord à cette idée de candidature unique, rament à contre-courant de l’alliance.

 Et de plus en plus, certains de ces élus et cadres font des sorties que je qualifierai d’hasardeuses dans une totale cacophonie, remettant même en cause notre gestion commune des affaires. Ils oublient malheureusement qu’ils sont aussi comptables de la gestion du Président Alassane Ouattara. D’autre part, certains élus ignorent  qu’ils l’ont été la plupart du temps dans des localités où ils ne pouvaient l’être sans le soutien du RDR.C’est pourquoi, je comprends difficilement la récurrence de leurs agissements, en dépit de l’autorité, la sagesse et la clairvoyance du Président Bédié qui les appellent par moment à la retenue.

Monsieur le Secrétaire Général, si nous n’y prenons garde, nous risquons d’être abandonnés par ces alliés de nouveau genre, à un moment décisif de notre marche commune. En tout état de cause, j’aimerai vous inviter à remobiliser d’avantage vos troupes et à les remettre en ordre de bataille. Aussi, aimerais-je vous rappeler que depuis 1993, le RDR n’a eu besoin de personne pour mener ses combats héroïques. Au contraire nous avons fait l’amère expérience du Front Républicain. C’est pourquoi, nous ne saurions accepter aujourd’hui, ce qui ressemble visiblement à un chantage éhonté. Je tiens à préciser qu’un mariage se contracte à deux et que lorsque l’un des conjoints ne s’y sent plus, il faut lui rendre sa liberté. Dans le cas échéant, il nous faut compter, sur nos propres capacités et elles sont grandes et réelles pour la réélection du Président Alassane Ouattara. Aujourd’hui, plusieurs de nos militants sont frustrés à juste titre parce qu’ils se sentent oubliés et abandonné, le gros de nos militants qui ne se retrouvent pas dans la victoire du Président Ouattara, n’a pas hésité à faire payer les candidats de notre parti pendant les élections locales.

A la vérité, c’est parce que nous cogérons le pouvoir avec d’autres forces politiques, que nous avons peine à satisfaire leurs besoins d’ordre sociaux. Et je crois que pour y parvenir, il faudra dès cet instant que le RDR prenne résolument son destin en main. Ceux des alliés qui auront fini de tergiverser et qui voudront prendre le train de cette marche irréversible vers le succès, seront les bienvenus.

Monsieur le Secrétaire Général, tout en espérant que vous accorderiez un intérêt particulier à cette lettre, recevez toutes mes salutations militantes.