Située à 26 kilomètres du fleuve Cavally, frontière naturelle avec le Libéria voisin, pays où sévit la fièvre hémorragique à virus Ebola, la ville de Tabou se présente calme et paisible au visiteur. Aucun signe apparent de psychose malgré sa proximité avec le Libéria. Les populations de la vieille ville vaquent tranquillement à leurs activités. Cette situation doit sûrement tirer son explication dans le travail de sensibilisation et de sécurisation sur le terrain, abattu par les autorités administratives et politiques avec à leur tête, le Préfet Yacouba Doumbia. Celui-là qui ne cesse de relayer le message du gouvernement : « Pour la sensibilisation, qu’est ce que je peux dire de plus que le message du gouvernement qui stipule « Ne pas chasser, manipuler et manger la viande de brousse. Eviter de serrer les mains, les contactes avec les animaux et les cadavres… » ? Respectez strictement les consignes qui ont été données par le gouvernement. Etant nous, à la frontière, nous constituons le bouclier et chacun doit prendre au sérieux, la question de la fièvre hémorragique à virus Ebola ». De nombreuses tournées de sensibilisation avec projection de photos et de films, la mise en place de comités de vigilance et le refoulement des clandestins qui voudraient à tout prix, franchir nos frontières. Les ONG comme ASAPSU luttent pour un changement positif d’habitude, selon son médecin, Dr Tokou Kacou : « A l’entrée, nous avons dressé un couloir pour obliger tous ceux qui viennent à nous, de se laver les mains avant d’avoir accès à nos bureaux ». Dans les maquis, le respect scrupuleux de ne pas vendre de la viande de brousse, est de mise. A ce propos, les tenancières de maquis avec qui nous avons échangé, sont unanimes à reconnaitre une baisse drastique de leurs chiffres d’affaires. Respectant à la lettre l’interdiction de consommer de la viande de brousse, une partie de la population qu’il nous a été donné d’observer, continue encore de se serrer les mains. Nous avons recueillis des propos accompagnant ces scènes de défiance : « On dit que y a Ebola mais on va faire comment ? C’est Dieu qui est aux commandes », ironisent ces personnes. Les habitudes sont têtues. Pour bien mener la sensibilisation, des personnes ont attiré notre attention sur le fait que des commerçantes continuent de servir à main nue, de la nourriture comme l’attiéké, l’aloco et des galettes. Elles souhaiteraient le port de gant. N’étant pour le gant, d’autres proposent la présence de bassine d’eau, afin de se laver régulièrement les mains après chaque service. Pourtant, les autorités administratives et politiques n’ont de cesse de sensibiliser cette population tout en veillant à leur sécurité par les nombreuses patrouilles déployées tout le long de la frontière qui s’étire sur plus de 170 km et les comités de veille installés dans tous les villages. Sans oublier les cas de refoulement des clandestins qui veulent entrer sur le territoire ivoirien. A l’instar de certaines populations des autres localités de la Côte d’Ivoire, celles de Tabou ont encore du mal à se départir du réflexe de se tendre la main pour un salut. Avec la fièvre hémorragique à virus Ebola qui fait de nombreux morts dans des pays voisins, c’est maintenant que s’impose l’impérieuse nécessité aux populations ivoiriennes, particulièrement celles de la cité du Djibetoua, de se conformer aux recommandations du gouvernement pour éviter que Tabou ne soit une porte d’entrée d’Ebola. Faudrait-il déployer des volontaires à travers la ville afin de sensibiliser ceux qu’ils verraient se donner des bisous ou se serrer les mains afin de pousser encore la sensibilisation ? Pour une sensibilisation qui œuvre dans le but de préserver la vie, rien n’est de trop. Terminons par ce vœu pieu du maire de la commune de Tabou, Klébé Tchibio Julien : « Nous continuons la sensibilisation car le plus important, c’est de faire en sorte qu’Ebola ne rentre pas chez nous. Parce que lorsque ça rentre, il n’y a plus de solution dans l’immédiat ».
SORY BLINTIAKA
Lementor.net
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