Imaginez une seconde ce que donnerait un face à face « Gbagbo – Ouattara » pour la prochaine course au fauteuil présidentiel. Vous direz que ce schéma est inimaginable et presqu’impossible. Avouons que vous avez raison puisque l’ex-président de la république est actuellement détenu à la Cour pénale internationale (Cpi) et ses chances de bénéficier d’une liberté provisoire sont extrêmement minces : les charges qui pèsent sur lui ont été en effet confirmées avec un procès en perspective. Laurent Gbagbo ne pourra donc pas être visiblement candidat à l’élection présidentielle de 2015. Cependant, son système sera probablement présent. C’est dire que le duel qui se profile à l’horizon est celui du « système Gbagbo face à la machine Ouattara ».
Le système Gbagbo
Hier, c’était un impressionnant dispositif constitué d’un shadow cabinet à la présidence de la république, du Fpi élargi à d’autres mouvements et personnalités politiques, de la galaxie patriotique, des femmes patriotes, de parents et amis. Une multitude de structures et d’individus en pleine interaction. Une équipe fournie et éclatée dans laquelle on retrouve Pascal Affi N’Guessan comme porte parole du candidat, Simone Gbagbo qui fait office de gardienne du temple, Nadiana Bamba avec son entreprise de communication (Cyclone) qui édite plusieurs publications pro-Gbagbo, Mamadou Coulibaly membre du conseil politique de campagne ; Issa Malick Coulibaly nommé directeur de campagne, Gervais Coulibaly porte parole du président, Charles Blé Goudé le leader des jeunes patriotes, Généviève Bro Grébé et Odette Lorougnon chargées de la mobilisation des femmes, et bien d’autres activistes. Sans oublier les inconditionnels envoyés à la Commission électorale indépendante (Cei) et dont la mission se résume au slogan « on gagne on gagne ».
Ce tableau est certes incomplet, mais il donne un aperçu de ce qu’était le dispositif Gbagbo en 2010. Aujourd’hui, les données ont fortement changé. Le compteur affiche Simone Gbagbo dans les liens de la justice nationale, Charles Blé Goudé transféré à la Haye, plusieurs pontes du Fpi en fuite et le parti en pleine scène de ménage. On savait qu’en raison de l’absence de son leader charismatique, le parti traverse une période de dépression politique qui se traduit par une cacophonie au sein de son appareil dirigeant. Les camps en désaccord ne sont pas parvenus à trouver un compromis. C’est une période de trouble où deux courants s’affrontent sous le regard impuissant des militants qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Dans cette « guerre de chefs », tous les coups sont permis. Les deux camps multiplient des révélations sulfureuses pour tenter de se nuire.
La machine Ouattara
Tous les observateurs politiques l’attestent. Alassane Ouattara est un homme structuré et sa machine est à son image. Hier, l’homme s’est appuyé sur le Rassemblement des républicains (Rdr) pour mener son combat politique. Et c’est cette formation politique qui lui a permis de prendre le ticket du second tour des dernières présidentielles. Et à ce stade, il a fallu que les alliés du Rhdp lui apportent leur soutien pour qu’enfin la victoire éclate.
La machine Ouattara s’est donc enrichie depuis 2010 de l’engagement du Parti démocratique de Cote d’Ivoire (Pdci), de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Updci), du Mouvement des forces d’avenir (Mfa). Pour l’Updci du Docteur Mabri Toikeuse, le président Ouattara est le cheval gagnant pour 2015. Aujourd’hui, nous savons avec précision que la machine Ouattara ne sera pas amputée du Pdci. Dans une confiance renouvelée, le président Henri Konan Bédié a opté pour la réélection de l’actuel locataire du palais présidentiel.
En définitive, au regard de tout ce qui précède, que vaut le système Gbagbo face à la machine Ouattara,? A vous de répondre.
Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO
Lementor.net
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