Mauvaise Gestion Des Missions Ministérielles, Les Responsabilités Connexes

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Au cours du conseil des ministres tenu le jeudi 16 octobre 2014, le président de la république « a instruit le gouvernement de mettre de l’ordre dans la gestion des missions notamment au niveau des nombres de personnes qui constituent les délégations et au niveau des tarifs qui sont négociés par rapport à l’hébergement, au transport aérien ». On nous parle d’une ardoise de 500 millions de francs cfa à la primature qui aurait provoqué le courroux du chef de l’Etat. Cette mesure de bonne gouvernance donne la forte impression que l’actuel locataire du palais présidentiel est quasiment le seul acteur de l’émergence.

On ne peut pas tout dire, sinon on nous dirait comment des gens « ont bouffé » sous différents régimes successifs, comment des cadres de ce pays ont sacrifié l’intérêt général sur l’autel de la gloutonnerie et de la cupidité, comment la nation a été rongée de l’intérieur par d’authentiques rongeurs que nous croyions patriotes et refondateurs, comment le développement n’a pu s’élever, parce que constamment tiré vers le bas par les adeptes des pratiques de corruption.

On ne peut vraiment pas tout dire, mais on pourra tout de même nous dire qu’au moment où le président Alassane Ouattara se plie en quatre pour amorcer l’émergence de la Côte d’Ivoire, les « Pharisiens hypocrites et loups rapaces au-dedans » sont à l’œuvre, avec leur petite musique insidieuse et ravageuse. Vous vous lamentez à la découverte d’un réseau mafieux d’ordres de mission fictifs et de surfacturation ; on vous rétorque que les « cadres doivent arrondir leurs fins de mois ». On vous invite par la même occasion à laisser tomber car c’est ainsi que fonctionne l’administration ivoirienne. Vous hurlez à la découverte d’un scandale financier ; on vous calme en ces termes : « Quel est ton problème ? ».

Ce n’est donc pas surprenant que des cas de légèreté soient détectés au sein de l’appareil gouvernemental. Après le cri d’alarme du premier magistrat, nous revenons à la charge. Muni d’une lunette d’observateur, nous percevons la foule de petits services parfaitement illégaux que d’authentiques supérieurs hiérarchiques somment leurs collaborateurs de rendre illico presto.  Sous cet angle, nous voudrions bien demander aux membres du gouvernement comment est ce possible qu’ils aient toléré des listes pléthoriques et des dépenses faramineuses infondées pour leurs missions. Au point qu’il a fallu que le chef de l’Etat s’en saisisse et les rappelle à l’ordre. Seriez-vous complices de ces agissements aux antipodes des valeurs de probité que prône le président de la république ? Pourquoi n’avez-vous pas tiré à temps la sonnette d’alarme ? Au nom de ce silence, vous apparaissez aux yeux de vos compatriotes comme responsables collatéraux du désordre constaté et décrié. Alassane Ouattara a assurément fait sa part, en tant que garant de la bonne gouvernance. Il vous revient désormais, de notre point de vue, de prendre vos responsabilités pour empêcher à l’avenir de tels manquements. Messieurs les ministres, vous avez incontestablement votre part de responsabilité dans la récurrence des actes de mauvaise gestion dans les entités ministérielles. L’identification des vrais coupables, des commanditaires, des protecteurs et des parrains a souvent cédé la place à une série de sanctions clémentes et indulgentes qui, au finish font le lit de la mal gouvernance à la tête des structures étatiques. Ainsi, les profiteurs et constructeurs de fortune sur le dos de leurs concitoyens, nichés dans les arcanes de l’administration publique poursuivent leur sale besogne. L’appât du gain facile prend l’ascendant sur les vertus qui régissent la bonne gestion du denier public.

C’est le lieu d’interpeller l’autorité pour la bonne gouvernance. Nous nous interrogeons sur l’attitude de l’institution qui semble ne rien voir et n’entreprend pour l’instant rien pour que le pire soit évité et que sans distinction d’appartenance politique ou sociale, les cadres gèrent au mieux nos entités publiques. Comme quoi, l’anticipation a du mal à être logée à la bonne enseigne dans la lutte contre la corruption. Evitons de donner raison à William Blake qui disait que « celui qui désire, mais n’agit point, engendre la peste ». Engageons-nous pour la République en vue de cueillir les fruits de l’émergence enracinée dans une gouvernance de qualité.

 Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

lementor.net

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