Les Eléphants Et Le Pari De L’avenir

0
7

Les Ivoiriens aiment passionnément le football. Mais faute de résultats probants, ils se résignent à applaudir les exploits des autres devant leur téléviseur. Les principaux acteurs n’ont pas pu hisser cette discipline à la hauteur d’une ambition pleinement assumée, à la portée d’une mission consciencieusement accomplie. Du coup, les éléphants ont de plus en plus une cote d’enfer auprès des Ivoiriens. Leur calamiteuse participation à la coupe du monde 2014 est encore vivace dans les cœurs et les mémoires.  Au-delà du facteur chance qui peut accompagner à la victoire, ils ont montré de bien pâles copies. Cette débâcle au Brésil, précédée de l’insuccès enregistré à répétition aux différentes compétitions africaines, atteste des maux qui minent notre football. Des maux qui s’égrènent en un long chapelet d’amertume et d’espoir déçu. Des maux qui résultent de l’absence d’une politique intelligente de promotion de ce sport et de la survenance de crises successives.

Avec un nouvel entraineur, notre onze national continue de nous décevoir. Cependant, il faut savoir raison garder. On entend dire trop d’énormités sur la Fédération ivoirienne de football (Fif) et les joueurs. Cette disposition négative a fini par établir et par consolider dans les esprits la réalité d’une équipe condamnée à l’échec. Les dirigeants seraient incultes. Le coaching serait hasardeux et bancal. Les joueurs seraient inefficaces. C’est sûr : le football ivoirien ne respire pas la santé. Il a besoin d’être soumis à des examens et analyses appropriés. Mais ce n’est pas en peignant constamment un tableau sombre et crasseux qu’on fera émerger ce sport roi. Et si l’on devait se tromper de diagnostic, prenant des vessies pour des lanternes, on risquerait de le projeter dans les abîmes.

Tenez ! L’échec n’est pas une fatalité. Comme l’affirme Alain Ayache : «  Il n’y a pas de honte à perdre ou à échouer. La honte, la seule qui puisse nous faire honte est d’être inférieur à nous-mêmes ».  C’est en référence à la diabolisation de l’équipe, à toutes ces flèches qu’on envoie aux dirigeants de notre football. Nous pensons que l’urgence est à la mise en commun des intelligences pour relever la tête et faire triompher la Côte d’Ivoire. Il est totalement inutile de chercher à désigner des coupables ou à maudire les joueurs. En attendant le jugement de Salomon, c’est-à-dire un jugement empreint de sagesse et d’équité, il vaut mieux mettre le cap sur le futur et gagner le pari de l’avenir.

Chacun doit se le tenir pour dit : il n’y aura pas de miracle. Une équipe déstructurée et malade ne peut réaliser des exploits aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2015) qui se jouent actuellement. Il ne servira à rien de vendre du vent au peuple, de susciter de faux espoirs chez les supporters. Le succès ne s’accommode pas d’improvisation. La victoire est le fruit d’une préparation conséquente fondée sur une politique bien définie et exécutée méthodiquement. Choisir un entraineur expatrié et expérimenté n’est pas la recette magique pour réaliser une prestigieuse Can 2015. Les résultats qui sortiront de cette course contre la montre seront à l’image de ces fruits dont on a forcé la maturation. Une équipe nationale de football n’est pas un vase que l’on remplit, mais une flamme que l’on allume. Il faut donc oser retenir des options stratégiques qui garantissent la victoire dans le futur. Il faut oser donner le temps au temps pour créer autour des éléphants un environnement pacifié, avec une direction technique forte. Voilà la priorité, de notre point de vue.

Tout ceci suppose que les différents acteurs prennent conscience de la nécessité de taire les querelles intestines. En Côte d’Ivoire, la maison football a du plaisir à croquer à belles dents les disputes. Faute d’une prise en charge correcte de cette gangrène, c’est un football avarié qui serait transmis en héritage à nos enfants. La politique de « ôtes-toi pour que je m’y mette » pourrit la vie des clubs. Elle détruit la cohésion au sein des dirigeants. Elle anéantit les efforts de l’Etat. Nous avons affaire à un destructeur redoutable. Le peuple ivoirien  porte ainsi une lourde croix, réduit au triste destin d’Atlas, ce personnage de la mythologie grecque condamné à supporter sur ses épaules le poids de la voûte céleste.

Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

lementor.net

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here