Côte d’Ivoire : Autorités Et Experts Conjuguent Leurs Efforts Pour La Sécurité Alimentaire (SYNTHÈSE)

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ABIDJAN, 4 novembre (Xinhua) — La lutte contre l’insécurité alimentaire se présente comme un défi en Côte d’Ivoire où les autorités et les experts tentent de conjuguer leurs efforts.

Pour ceux-ci, il convient d’intensifier les échanges entre acteurs et multiplier les actions concrètes afin d’instaurer une nouvelle dynamique.

Lors d’une récente rencontre des acteurs, le ministre ivoirien en charge de l’Agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly a insisté sur la nécessité de mettre en commun les efforts et a souligné la nécessité pour le pays d’améliorer la quantité mais aussi la qualité de ses produits agro-alimentaires.

DYNAMISER LA CULTURE VIVRIÈRE

A la mi-juin, le directeur général de la production au ministère ivoirien de l’Agriculture Soumaïla Brindoumi a pour sa part exhorté les femmes ivoiriennes à dynamiser la culture vivrière pour garantir la sécurité alimentaire dans le pays.

Brindoumi qui intervenait à l’occasion d’un rapport des partenaires au développement sur les besoins alimentaires dans la région des Savanes (nord) a plaidé pour un appui aux femmes oeuvrant dans le secteur du vivrier en vue d’accroître leurs productions.

« Dans la région, les besoins alimentaires se posent aussi en termes de problèmes de semences, et de matériels agricoles. Il faut prendre les dispositions pour que la Côte d’Ivoire parvienne à une production substantielle », a -t-il recommandé.

L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance ( UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et les autorités ivoiriennes ont mené une étude conjointe sur les problèmes de sécurité alimentaire dans la région des Savanes, une zone qui a accueilli de nombreux déplacés durant la crise post-électorale.

Le flot de personnes déplacées avait impacté les capacités des ménages hôtes, exposant de nombreux habitants, notamment des enfants à la malnutrition et à la déficience alimentaire.

Les autorités ivoiriennes appuyées par des organismes internationaux s’attèlent ainsi à trouver des stratégies pour mettre les populations à l’abri de l’insécurité alimentaire.

Pour les autorités, les femmes ivoiriennes du nord et celles des autres régions s’adonnant à l’agriculture vivrière pourraient à ce niveau apporter une contribution remarquable.

CAP SUR L’AUTONOMISATION DES FEMMES

En janvier dernier, le gouvernement ivoirien a lancé un projet d’appui à la nutrition et à la sécurité alimentaire en faveur des femmes des régions du nord et du nord-est de la Côte d’Ivoire.

Ce projet, d’un coût de 1,5 milliards de francs CFA, est financé par le Canada en vue d’améliorer l’état nutritionnel des nourrissons, des jeunes et de leurs mères à travers un appui à la production vivrière familiale.

Les groupements bénéficiaires sont appelés à expérimenter la culture de la patate douce à chair orange, riche en vitamine A, de productions maraîchères et légumières à haute valeur nutritive, l’ aviculture avec des races locales et/ou le petit élevage domestique, selon les spécificités et les potentialités de chaque région.

Pour les autorités du secteur agricole, le projet devra permettre « un meilleur accès aux aliments d’origine végétale et animales riches en éléments nutritifs, la diversification des régimes alimentaires et l’augmentation des revenus des ménages ».

L’appui de ce projet aux femmes qui produisent, selon le ministère de l’Agriculture, « 90% des cultures vivrières au niveau national », aura « un impact certain » sur le revenu de ces dernières en contribuant à leur plus grande autonomisation.

OFFENSIVE RIZICOLE

Dans leur détermination à atteindre l’autosuffisance alimentaire, les autorités et les experts ivoiriens misent sur le riz et mettent ainsi le cap sur la performance rizicole.

Depuis plusieurs mois, les stratégies de développement de la riziculture se succèdent en Côte d’Ivoire dans l’optique de parvenir à l’autosuffisance et de juguler l’insécurité alimentaire.

A l’occasion d’un entretien avec des médias, le directeur général de l’Office national pour le développement rizicole (ONDR) Yacouba Dembelé a assuré que le pays « met les bouchées » doubles pour atteindre l’autosuffisance en riz en 2016.

« Nous comptons produire à cette date 1,9 million de tonnes de riz, contre 1,3 million de tonnes en 2013 et 700.000 tonnes en 2010 », a révélé M. Dembelé, notant qu’une véritable offensive rizicole est en marche dans le pays, ce qui a permis une réduction de l’importation.

Le gouvernement ivoirien, à travers l’Office national de développement du riz, a élaboré une stratégie nationale de développement de la riziculture sur la période 2012-2020, en vue de satisfaire, dès 2016, l’ensemble des besoins de consommation nationale en riz blanchi de bonne qualité.

Le coût total du projet s’élève à 672 milliards de FCFA à mobiliser sur la période 2012-2016 à travers le Fonds de développement de la riziculture, les apports des partenaires au développement et ceux du secteur privé.

A plusieurs occasions, le président de l’Association nationale des riziculteurs de Côte d’ivoire (ANARIZCI) Thomas Kouadio-Tiacoh a expliqué que la Côte d’Ivoire peut atteindre l’autosuffisance en riz si une politique de production est bien menée.

« Nous pouvons être autosuffisants et exportateurs en tenant compte du potentiel national avec une productivité qui va de 3 à 10 tonnes à l’hectare et en fonction des cycles. L’importation du riz à grande échelle doit nous interpeller », a souligné l’expert, relevant l’utilité de cette filière pourvoyeuse d’emplois et créatrice de richesse.

Le riz constitue une céréale de grande consommation dans le pays, notamment dans la région ouest du pays où il occupe une place de choix dans les habitudes alimentaires.

En vue de dynamiser la production dans cette région du pays et d’en faire un véritable grenier rizicole, la Banque ouest africaine de développement (BOAD) s’est impliquée dans la relance rizicole à travers un soutien à des projets d’envergure.

Du côté des autorités comme du côté des riziculteurs, l’offensive est lancée avec l’appui des partenaires à travers des actions tous azimuts pour relever le défi.

LA CHINE, UN MODÈLE QUI INSPIRE

Pour la réussite de sa politique d’autosuffisance en riz, la Côte d’Ivoire compte sur l’appui de plusieurs pays amis, à l’exemple de la Chine qui a fait ses preuves dans le monde en matière de production rizicole.

A la faveur d’une visite en Côte d’Ivoire, le vice-ministre chinois du Commerce Li Jinzao avait annoncé la création par la Chine à Yamoussoukro (centre, 230 km d’Abidjan), la capitale politique et administrative ivoirienne, d’un centre pilote d’agriculture qui va se spécialiser dans la production de riz.

« Le gouvernement chinois voudrait développer des projets avec Yamoussoukro, tel que le centre pilote d’agriculture », avait déclaré le vice-ministre du Commerce non sans insister sur la volonté de la Chine de « planter ou d’aider les Ivoiriens à faire des plantations de riz ».

Bien avant cette visite du vice-ministre, la Chine avait posé des actes forts au profit de la Côte d’Ivoire en matière de riziculture, à l’exemple d’un important don d’engrais, de motoculteurs, de faucheuses, de batteuses et de décortiqueuses fait aux autorités agricoles ivoiriennes, le tout d’une valeur marchande d’environ 1,5 milliard de FCFA ( environ 3 millions USD).

Le riz est la première céréale consommée en Côte d’Ivoire, un pays qui ne produit annuellement que 600.000 tonnes de riz blanchi pour des besoins estimés à 1,5 million de tonnes, l’obligeant à une importation massive.

Pour des observateurs, les perspectives sont bonnes eu égard à la mobilisation des acteurs de l’agriculture et au déploiement tant par l’État que par ses partenaires de moyens conséquents pour permettre à la Côte d’Ivoire de relever le noble défi de l’autosuffisance en riz et par ricochet de tracer les sillons de la sécurité alimentaire.

Xinhua

 

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