L’autre Blaise Compaoré (2/2)

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Du haut de leur science et de leur enfermement, des partisans de l’ex président Laurent Gbagbo ont pris la lourde responsabilité – peut être n’en sont-ils pas suffisamment conscients – de se montrer inhospitaliers  à l’égard d’un grand ami de la Côte d’Ivoire avec un slogan farfelu : « Blaise Dehors ! ». Des politiciens véreux et en mal d’inspiration ont embouché les trompettes pour chanter en chœur la même rengaine. A travers un communiqué signé de sa Secrétaire générale et porte-parole, le Front populaire ivoirien (Fpi) s’insurge contre la présence de Blaise Compaoré sur le sol ivoirien et affirme : « La manière dont il quitte le pouvoir, sans gloire, chassé par son propre peuple, signifie que M. Blaise Compaoré n’a pas engagé le Burkina Faso sur la voie de la démocratie, mais qu’il a tout mis en œuvre, au contraire pour empêcher l’émergence d’un environnement démocratique et le fonctionnement régulier des institutions d’un Etat moderne ». Visiblement, les dirigeants du Fpi veulent régler de vieux comptes. Dans un sinistre dessein, ils tentent de déclarer le président Compaoré indigne de séjourner ou de se réfugier en Côte d’Ivoire. Heureusement, pour leur perte, le peuple ivoirien avait déjà pris conscience de l’incurie de ces pseudo-démocrates. Le peuple qui veille au grain, héritier des valeurs houphouétistes, a su anticiper la réplique appropriée pour éclairer leur opacité d’esprit. Contre l’arrogance habituelle de ces gens-là, le peuple ivoirien a choisi depuis 2010 un homme attaché aux valeurs d’hospitalité et de gratitude. Contre la suffisance de ces « parvenus », le peuple a sorti le « carton rouge », signe d’un désaveu pour Laurent Gbagbo et ses disciples. Le peuple a choisi Alassane Ouattara qui incarne l’esprit d’ouverture, de reconnaissance, de solidarité africaine. Le peuple souverain avait donc déjà tranché et le président Alassane Ouattara, en accueillant son homologue burkinabè, est parfaitement en phase avec les Ivoiriens.

En vérité, qui est Blaise Compaoré ? Brisons la glace et tentons de mettre en lumière certains de ses nombreux visages, afin de cerner la part de l’ombre de celui qui, même après sa démission, continuera de peser sur le cours de l’histoire du Burkina Faso. Au commencement était le destin particulier d’un homme né le 3 février 1951 à Ziniaré, ville au nord de Ouagadougou. Alors que rien apparemment ne le prédestinait à un destin national, il va révéler très tôt des prédispositions de leadership largement au dessus de la moyenne. Ses enseignants et camarades de promotion se souviennent d’un esprit brillant, doublé d’une assiduité à toute épreuve. Les vicissitudes du quotidien ne viendront nullement contrecarrer la destinée du jeune esprit en formation, mais contribueront plutôt à tremper et forger ce caractère dans les valeurs essentielles acquises au cours de ses études militaires. Et c’est tout naturellement qu’il accède courageusement au pouvoir le 15 octobre 1987 et réussit à présider aux destinées du Burkina Faso pendant près de trois décennies. Mais pour en arriver là, que de chemin, d’embûches, d’oppositions, mais également de succès et d’espérance. L’on se souviendra avec beaucoup d’émotion des artifices politiques, des mutineries, des tentatives de déstabilisation qui n’ont pu prospérer. Le système Compaoré a constamment fait échec à l’imposture.

L’homme à qui l’on attribue tous les superlatifs demeure pour tous ceux qui l’ont côtoyé toutes ces années, en dépit de son parcours plus qu’exceptionnel, d’une extrême simplicité, d’une humilité qu’on n’a pas coutume de rencontrer chez les détenteurs d’une parcelle de pouvoir, et surtout d’un patriotisme inusable. S’il a fait preuve d’une disponibilité extraordinaire en qualité de médiateur dans plusieurs pays africains en crise, Blaise Compaoré a été particulièrement de tout temps au chevet de la Côte d’ivoire pour sa pacification. Adulé par ses admirateurs,  craint par ses adversaires et souvent détesté par ses détracteurs, Blaise Compaoré qui ne laisse personne indifférent, a acquis une notoriété qui dépasse les frontières du Faso. Ses plus proches collaborateurs le décrivent comme un homme énigmatique. Ni ange, ni démon. Juste un homme d’Etat, féru de paradoxes qui font de lui un leader complexe dont on peut difficilement cerner la personnalité pour se forger une unique opinion.

 

Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

CONSULTANT – FORMATEUR EN MANAGEMENT

 

 

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