Il y a des hommes qui savent dans quelle époque ils mettent les pieds. Par leurs choix et leurs priorités, ils naissent dans le siècle avec de sérieuses longueurs d’avance. Incontestablement, la vision de la communication politique qu’impulse le chef du parlement ivoirien depuis plus de trois ans est avant-gardiste. On ne comprendra rien à la naissance ce 7 novembre 2014 de la Guillaumesoro Web TV sans s’être pénétré du modernisme résolu de cette personnalité politique. Que signifie au fond cette proximité nouvelle recherchée par ce politique chevronné, avec le peuple cybernétique dont les frontières débordent de loin la seule géographie de Côte d’Ivoire?
On a voulu voir dans la passion télévisuelle et cybernétique de Guillaume Soro un ersatz de ses ambitions politiques. Dans ce procès d’intention, autant dire qu’il n’y a pas que de l’amateurisme, il y a aussi, tout simplement, l’envie parfois surfaite d’être comme lui, mais sans les mêmes efforts et sacrifices fournis par lui. Saluons la vision Soro sans fioritures ni vergogne. Point besoin de choir non plus dans une laudation aveugle. Devant l’innovation de Guillaumesoro TV, l’honnêteté intellectuelle et la probité morale commandent au contraire de percevoir l’effort de rejoindre le peuple des citoyens de ce siècle là où massivement, il s’est déporté depuis la disparition de la galaxie Gutenberg. Ce n’est pas que la presse-papier ne fonctionne plus, ou que les gens ne lisent plus. On se tromperait à réduire l’affaire au conflit de l’image et de l’écrit. Qui ne voit pas que la moindre lettre écrite est déjà image? Qui douterait que le son politique génère nécessairement de l’écrit et du livre à long et court terme? L’opposition de l’image et de l’écrit est désormais surannée. Ce que Guillaume Soro dépasse, c’est précisément ce clivage abstrait. L’acteur politique averti qu’il est sait que la parole politique doit jouer sur tous les tableaux de langage, afin d’attendre la large gamme variée des gens qui voient, qui entendent et qui lisent la scène du monde politique. Désormais, en ce siècle, Guillaume Soro sait aussi que l’image est écriture suprême, en raison de son accessibilité immédiate, de sa transmissibilité rapide, et de sa mémorisation aisée. La Guillaumesoro Web TV ne vient donc pas mettre fin au nécessaire travail des analyses politiques de longue haleine, mais plutôt les accompagner d’une ouverture sur d’autres sensibilités de l’intelligence citoyenne.
Saluons cette initiative politique avant-gardiste en Afrique francophone, puisqu’elle supposera une co-production du sens, entre les politiques et les citoyens, une proximité de respect et de partage, dont le but in fine est de réduire le sempiternel écart qui obscurcit la coopération entre les sphères des palais et celles des gens du peuple. En faisant promener les caméras de la Guillaumesoro Web TV des allées des institutions aux avenues de la vie quotidienne, du calfeutrement des palais à la gangue laborieuse des bidonvilles, Guillaume Soro relève un défi essentiel, qui inspirera sans aucun doute d’autres politiques africains: briser la glace de méfiance que les décennies coloniales, autoritaires et populistes de la politique africaine, ont fossilisée entre les politiques africains et leurs concitoyens. On comprendra, à cette dimension de démocratie participative qui inspire la féérie de belles images et d’analyses opportunes que vous entendrez, la joie toute mienne d’être de cette belle aventure. Oui, d’autres en avaient rêvé. Guillaume Soro l’a fait. Coup d’essai, coup de maitre!
Professeur Franklin Nyamsi
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