La Démocratie à L’agonie Au Burkina Faso : (2ème Partie): Le Coup d’Etat Militaro-Civil Dans L’impasse

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Plus les jours passent, plus la vérité sur l’incongruité politicienne à l’oeuvre au Burkina Faso éclate. Une ribambelle d’amateurs massacre sous nos yeux ahuris, près de trente années de stabilité politique et de progrès socioéconomique continus, impulsés de main de maître par le président Blaise Compaoré. Le nanisme et l’opportunisme politiques les plus échevelés ont-ils le droit de ramener le Burkina Faso à l’instabilité chronique des années 1966-1987? Le Burkina Faso peut-il passer par pertes et profits sa longue tradition pluraliste, la puissance de ses traditions de gouvernement et l’extraordinaire créativité positive de ses paysans et ouvriers, comme de son élite bâtie avec persévérance sur les fonds d’un des Etats les plus pauvres au monde? Et dire que devant cette ignominie rampante, certains, parmi lesquels de bien faux amis, se sont permis de me recommander le silence, pendant qu’ils pérorent goulûment sur la prétendue révolution burkinabé du 31 octobre. Non, mesdames et messieurs. Je parlerai, dussé-je être la « bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » que poétisait Aimé Césaire.

Les choses sont pourtant claires. Il n’y a pas révolution au Burkina Faso, mais plutôt involution.  Le standard politique du Faso est tombé très bas, et je ne suis pas le seul à le savoir. Nous avons affaire à un coup d’Etat militaro-civil délibéré,  en bonne et due forme, et rien ne prouve que ce pays soit sorti des convulsions occasionnées par l’opportunisme militaro-politique actuellement en vogue à Ouagadougou. Dans ma précédente tribune, j’ai montré comment la savante confusion mentale entretenue par les deux ailes du néoputschisme burkinabé avait mélangé dans les esprits fébriles, les notions de foule et de peuple. On a crié çà et là au loup quand j’ai dit qu’une masse indistincte d’individus sans visage n’est pas le peuple; j’ajoutai que ce dernier est constitué de citoyens s’exprimant dans le respect des lois qu’ils ont eux-mêmes votées et des institutions qu’ils ont sciemment érigées. En effet, si c’était le peuple qui avait contraint le Président Blaise Compaoré à la démission, alors, la vacance de pouvoir  de celui-ci aurait été sanctionnée de la gestion de la période de transition par le président de l’Assemblée Nationale Burkinabé, Apollinaire Soungalo Ouattara, que personne n’a daigné consulter depuis la précipitation des événements les 30 et 31 octobre derniers à Ouagadougou. Comment comprendre qu’une opposition qui ne contestait ni la légitimité, ni la légalité du pouvoir Compaoré issu des élections de 2010, se soit immédiatement rangée derrière les scansions d’une foule manipulée, qu’une partie de la gendarmerie et de l’armée burkinabé n’ont pas manqué d’encadrer et d’encourager dans la destruction des biens de l’Etat? Comment comprendre qu’alors que ladite foule avait obtenu le saccage des sièges de l’Assemblée Nationale, de la télévision d’Etat, la même foule, une fois le Président Compaoré parti, se soit abstenue de s’attaquer au palais présidentiel de Kosyam, en vue de saccages similaires? Autrement dit, qui prétendra encore qu’une armée qui peut défendre le palais présidentiel contre la foule, ne soit pas capable de défendre l’Assemblée Nationale, la Télévision ou le Gouvernement?  Je voudrais établir simplement dans la présente tribune que: 1) Un complot militaro-civil évident, rassemblant des ailes de l’armée et de la société civile Burkinabè s’est déguisé derrière la foule instrumentalisée des 30-31 octobre; 2) La foule burkinabé des marches des 30-31 octobre 2014 a d’autant plus été instrumentalisée, qu’on sait son effarement devant le surgissement, aux côtés de certains leaders de jeunesse sur la place de la Nation, du Lieutenant-Colonel Zida, manifestement impliqué dès le début dans la manipulation de cette « foule » aux fins de renverser le président Compaoré. 3) La situation burkinabé actuelle, où l’on bricole, à l’écart des institutions démocratiques, unConseil de Transition tiré au jeu de cauris entre larrons bien entendus, conduira ce pays dans une impasse pire que celle du différend référendaire irrésolu. Pour tout dire, la démocratie est résolument agonisante au Faso. Et la responsabilité de la communauté internationale, dans un pays exposé au terrorisme islamiste au Nord, à la pression migratoire des siens vers le Sud, et à la pauvreté structurelle, est plus que jamais engagée.

I – Du complot militaro-civil: l’alliance Diabré- Zida – Bénéwendé connue

On a bien sûr voulu nous vendre le mythe d’un grand jour révolutionnaire au Faso. Selon ce conte de fées pour enfants au feu du soir, le peuple du Faso, spontanément, comme un seul homme, se serait levé pour chasser le Président Compaoré du pouvoir.  Dans un élan de désintéressement sacrificiel, ce peuple était prêt, alléguait-on, à mourir entier pour entrer à Kosyam et reprendre la main sur son destin. Or les mensonges modernes ont les jambes trop courtes pour abuser de nos vigilances. De peuple, il n’y en avait point. Ce qu’on a vu, c’était des foules conduites et orientées vers des objectifs stratégiques bien précis, définis par des meneurs qui se donnaient l’allure de gens de foule, alors même qu’ils se savaient au coeur d’une opération de prise de pouvoir par la force, avec des complicités à tous les niveaux de l’appareil d’Etat burkinabé. La foule ouagalaise des 30-31 octobre 2014 fut principalement l’oeuvre du trio Diabré-Zida-Bénéwendé, comme nous l’allons montrer maintenant.

Comment s’en convaincre? Lors des événements d’octobre 2014, L’Assemblée Nationale et la Télévision Nationale du Burkina Faso ont été prises d’assaut et saccagées par la foule, tous comme les résidences des membres de la famille Compaoré et des dirigeants du CDP avec la bénédiction des commandements militaires qui étaient supposés protéger ces biens et personnes. Les forces de police et de gendarmerie, mais aussi les groupuscules militaires qui ont encouragé la foule à poursuivre son travail de sape savaient ainsi ce qu’ils visaient. La Chute du Président Compaoré, par-delà la rétractation du projet de loi modifiant l’article 37, était le but unique et ultime de cette révolte instrumentalisée. La preuve? Le retrait du projet de loi n’a pas suffi à calmer l’ardeur de la foule. Elle avait d’autres ordres de mission. Elle savait que la gendarmerie et la police, et certains segments capitaux de l’armée, tel la Garde Présidentielle, les laisseraient allègrement détruire les institutions démocratiques burkinabé, afin que le pourvoir d’Etat soit l’affaire d’un partage entre alliés d’un soir. Quand Diabré et Bénéwendé, dans la soirée du 30 octobre, en appellent désormais à la démission du Président Compaoré, c’est donc en parfaite connivence avec leur homme dans l’armée, avec lequel ils avaient pris langue et qu’ils feraient surgir au coeur de la Place de la Nation pour récupérer la chefferie de l’Etat et la partager avec eux. Le Lieutenant-Colonel Zida, en se permettant de débaptiser, sans la moindre onction d’une élection démocratique, l’Hôpital Blaise Compaoré de Ouagadougou, et en osant jeter en taule, le ministre d’Etat Assimi Kouanda, Secrétaire Exécutif du CDP de Blaise Compaoré, aura achevé de faire chorus avec ses comparses. Une lecture rétrospective de la situation permet donc de dire ceci: préparé par le trio Diabré, Bénéwéndé et Zida, un coup d’Etat manipulant la foule a atteint le régime du Président Compaoré en plein coeur, pour empêcher le peuple de s’exprimer par référendum ou l’Assemblée Nationale de trancher légitimement le différend portant sur l’article 37 de la Constitution. Mieux encore, qui niera aujourd’hui qu’il y aurait eu coup d’Etat au Faso, y compris dans l’hypothèse où le président Compaoré ne sollicitait pas un amendement de la constitution? La foule moutonnière des 30-31 octobre 2014 n’est pas entrée au Palais de Kosyam parce que ses pâtres (Diabré, Bénéwéndé et Zida) y étaient déjà représentés. 

II – Une foule abusée, puis désabusée à Ouagadougou

La foule instrumentalisée par le Trio Diabré-Zida-Bénéwendé, tombait des nues quand aux lendemains de la démission du président Compaoré, deux militaires s’autoproclamaient Chefs de l’Etat du Burkina Faso et maîtres de la transition vers les nouvelles élections nationales. On s’était débarrassé d’un président légitime et légal, d’une assemblée nationale légitime et légale, d’un gouvernement légitime et légal, pour se retrouver sous le diktat de deux haut-gradés de l’armée par ailleurs autrefois nommés par le président démissionnaire, Blaise Compaoré? Les marcheurs furent pris d’un violent vertige. « Tout çà, pour çà? », entendait-on. De la république au régime militaire, drôle de révolution, n’est-ce pas? 

Abusés par ce trio de tireurs de ficelles, les enragés populistes des 30-31 octobre se tournèrent vers d’autres figures tutélaires supposées « sauver leur révolution ». On essaya un vieux général à la retraite, Kwamé Lougué. Mais les militaires putschistes n’en voulaient point. Le vieux militaire Abron n’était pas au programme. On essaya une chipie, véritable folle des marches ouagalaises, enivrée par la soif hâtive de jouir du statut de présidente de la République: Saran Sérémé , ni plus, ni moins, voulait se proclamer Chef de l’Etat burkinabé à la télévision nationale, sous la prétendue contrainte d’une poignée de drogués qu’elle osa appeler à son tour « le peuple ». Elle fut désavouée par le CFOP Diabré lui-même, qui avertit les chefs de partis d’opposition de ne plus oser s’autoproclamer Chef de l’Etat. Ce faisant, Diabré livra savamment Dame Saran Sérémé, alias Inteligencia à la vindicte militaire. La pauvre dame en récolta quelques coups de bottes cyniques dans le train.  

Alors, la foule abusée se tourna vers un autre larron: le terne général Nabéré Traoré. Mais lui non plus ne figurait dans les tabloïds du trio manipulateur. On avait préparé le coup d’Etat à son insu, il était hors de question qu’il en tire avantage. Et sachant notamment la puissance de feu conservée par les proches de Zida au Bataillon Présidentiel, le pauvre  général Honoré Nabéré Traoré , prudemment, s’en alla faire allégeance au trio majeur à Kosyam, en attendant sa part dans le partage du gâteau du Conseil de Transition. Au grand dam de la foule, le Lieutenant Colonel Zida obtenait le satisfecit public de ses deux acolytes Diabré et Bénéwendé Sankara, Sam’s Jak étant  chargé, avec les autres crieurs des comités Cibals, de faire avaler la longue couleuvre  putschiste aux gens place de la Nation. Et n’est-ce pas d’un commun accord que le trio fit surgir le Lieutenant Colonel Zida en pleine foule, comme « le sauveur de la révolution d’octobre 2014 »? Jolie pièce de théâtre à deux sous. La foule n’avait pas encore fini de boire la tasse, pourtant.

Après avoir été abusée, la foule fut désabusée. La soldatesque qui n’avait pas hésité à défendre à balles réelles, un palais de Kosyam pourtant abandonné par l’ancien président Blaise Compaoré, vint intimider à coups de canons, du 1er au 2 novembre,  la foule de la place de la Nation qui ne dut son salut qu’à la vigueur de ses jarrets et à l’ardeur tiédie des animateurs des mouvements de jeunesse, décidés à ne pas jouer avec le feu, maintenant qu’ils se savaient au pouvoir dans le cadre du deal Zida-Bénéwendé-Diabré. Pourquoi prendre encore Kosyam puisqu’on y avait pris langue depuis avec Zida? Pourquoi vouloir qu’un civil touche à la présidence de la transition alors qu’avec Zida les postes les plus juteux leur avaient déjà été promis? La foule, devenue molle et perlée, s’est dissoute comme neige au soleil, laissant la place aux combinaisons politiciennes. Elle a commencé à méditer ses avantages perdus du temps où elle était plutôt constituée en peuple. Et voici qu’on nous reparle de la Constitution de 1991 au Faso, alors que la simple évocation de ce texte fondamental sur la place de la Nation le 31 octobre aurait valu lynchage à l’imprudent qui s’y était risqué. On doit donc se demander: où est passé le peuple burkinabé ? Jusqu’à quand va-t-il se contenter des arrangements des trois putschistes qui se sont emparés de 27 années de progrès démocratiques et socioéconomiques continus du Faso? 

III – Une transition tirée au sort des jeux de cauris truqués: la boîte de Pandore à Ouaga

Et voici où nous en sommes au 10 novembre 2014. On a réuni, par convocations au lance-pierre une partie du peuple burkinabé, pour dessiner les contours d’une transition politique au Burkina Faso. Mais quelle légitimité un pouvoir obtenu par la force, le pouvoir Zida, a-t-il pour dire au peuple du Faso comment il doit reconfigurer son aventure démocratique? Un vide sidéral répond à cette question. Au nom de quoi le pouvoir Zida réprime-t-il la direction du CDP, parti majoritaire aux élections législatives précédentes dans ce pays, au moment même où le même pouvoir de la junte Zida ouvre Kosyam aux opposants politiques du président Compaoré, aux leaders des mouvements de jeunesse de l’opposition, et à toutes sortes de pelés et de tondus de son choix, pour penser l’avenir commun de tous les Burkinabé?  Au nom de quoi le pouvoir Zida peut accoler un texte sans onction populaire à la constitution de 1991 et organiser le choix d’un civil autre que le président de l’Assemblée Nationale, prévu par la même constitution de 1991 pour assurer l’intérim de la présidence de la république en cas de démission du président en exercice?  Voici le Burkina Faso livré au pire des bricolages et les germes d’une déflagration majeure à nouveau inséminés dans le corps de cette vigoureuse nation.

Dès lors que le Lieutenant-Colonel Zida se fonde sur la qualité de l’armement détenu par ses hommes pour tenir la position de Chef de l’Etat, il va de soi que tout rapport de forces qui ne serait plus à son avantage ne manquera pas de tourner en confrontation armée entre troupes burkinabé. Ne sommes-nous pas entrain de nous enliser dans le syndrome guinéen sous le Capitaine Dadis Camara, et malien sous le Capitaine Amadou Haya Sanogo? Souvenons-nous: tentant de justifier la terrible répression populaire de septembre 2009, le Capitaine Camara s’était retrouvé en porte-à-faux avec certains de ses propres frères d’armes auxquels il voulait faire porter le chapeau de la tragédie. Mal lui en a pris. Ils ont failli lui ôter la vie. En 2012, dans un élan de populisme, le Capitaine Sanogo s’était allié aux gauchistes Mariko et Traoré, pour contourner la constitution malienne et annihiler les forces armées restées républicaines. Il en a résulté une tragédie entre frères d’armes de Kati et de Djicoroni.   Par la suite,  sont inéluctablement survenus l’isolement et la mise aux arrêts du trublion prétentieux du camp de Kati. Voici donc le Lieutenant-Colonel Zida en 2014, tentant de liquider l’héritage politique du Président Compaoré de la manière la plus éhontée et bridant le peuple par l’intimidation des leaders républicains et la caporalisation de l’armée. Aura-t-il meilleur succès? Le passé récent de la sous-région ouest africaine plaide difficilement pour la zidamania. Mais il y a plus.

Les crises politiques internes, dans les pays du Sahel en cette période de péril islamo-terroriste, ouvrent largement les frontières des Etats déstabilisés de l’intérieur aux prédateurs de l’extérieur. L’occasion, dans la sous-région ouest africaine, sert aussi le larron jihadiste. Or l’on sait qu’en la matière, le Burkina Faso, comme le Mali et le Niger, sont les appâts de prédilection de l’engeance funeste qui avance dans le désert. Que faut-il donc comprendre? On fait tomber bêtement ATT au Mali, les jihadistes coupent le pays en deux. On fait naïvement démissionner le Président Compaoré au Burkina li et les jihadistes ne sont pas bien loin. Le risque pris actuellement d’une implosion du Burkina Faso est la boîte de Pandore ouverte à tous les vents périlleux du temps présent. La division du peuple burkinabé, la division de l’armée, burkinabé, la division de l’opposition burkinabé, la division de la sous-région ouest-africaine sur la méthodologie politique idoine de la transition en cours, c’est la porte ouverte aux intrus de tous acabits, avec le risque de nouvelles migrations massives des populations meurtries du Burkina vers le sud…Qui peut raisonnablement jouer avec autant de foyers d’incendies politiques ravageurs?

Le non-respect des prescriptions de la constitution de 1991 par le trio putschiste Zida-Diabré-Bénéwendé, indubitablement, plonge le Burkina Faso dans l’impasse. Ils tiennent à s’imposer par les armes, par peur du verdict des urnes. Ce trio ouagalais, on le sait, craint les compétitions électorales. Il craint le choix du peuple et aime les voies de fait. Conscients de leur minorité politique réelle, ils ne voudront aller aux élections que dans des conditions biaisées. Ainsi ont-ils allègrement décidé de mettre les millions de burkinabé de l’Etranger hors des futures échéances électorales. Pourquoi donc? Ils craignent la liberté de ton et d’esprit de ceux qu’aucune de leurs baïonnettes ne menace. Je le dis donc de nouveau: le trio putschiste qui dirige actuellement la transition burkinabé est référendophobe et démocratophobe. Et c’est pour cela qu’il faut bruyamment tirer ici la sonnette d’alarme à l’intention de la communauté internationale. La CEDEAO, L’ONU, L’UA, L’UE, les grandes puissances, auraient bien tort de tolérer le triomphe des bricoleurs de transition qui croient inventer la glace dans un pays doté d’une constitution largement opérationnelle dans ce type de situation de crise.  Un langage unanime et vigoureux doit être ténu au trio putschiste militaro-politique, pour que les clauses constitutionnelles prévues en cas de vacance du pouvoir présidentiel soient intégralement appliquées et que tous les burkinabé , de l’intérieur comme de l’extérieur, se constituent en peuple pour choisir leurs dirigeants de l’ère post-Compaoré. Si la transition actuelle consiste à tuer le CDP, à exclure une partie du peuple pour faire plaisir aux chefs de foules, il y aura inévitablement fort à craindre pour la paix et la stabilité du Burkina Faso. Espérons que la présente analyse participe de la conjuration d’un si funeste sort pointant à l’horizon de ce beau pays.

Une tribune internationale de Franklin Nyamsi

Professeur agrégé de philosophie, Paris, France

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