Pour Que Le Fusil S’écarte Au Profit De La Constitution …

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Le brouillard enfin levé. Une semaine, après sa démission de ses charges de président de la république du Faso, Blaise Compaoré s’est prêté aux questions des journalistes. Depuis Yamoussokro, l’homme, autrefois acteur de premier plan de la scène politique burkinabè, a revêtu les habits d’éclaireur en éventant une cabale politicienne abjecte qui ailleurs aurait pu conduire tout un pays vers l’abîme. C’est désormais entendu, « l’opposition a comploté avec l’armée pour prendre le pouvoir par la force ». Les causes de l’insurrection populaire sont donc  à rechercher au tréfonds des combines de l’opposition et de l’armée qui ont tout fait pour le déboulonner. Les auteurs de ce  « coup d’état » ont réussi le funeste exploit d’avoir soumis la démocratie burkinabè à un stress indescriptible. Et depuis lors, ils montrent leur frilosité à rétablir l’ordre constitutionnel. Puis, par doses homéopathiques, ils tentent de peindre en monstre le président Compaoré, feignant l’évidence exprimée dans cette pensée de Ruy Barbosa : « la pire des démocraties est de loin préférable à la meilleure des dictatures ».

Au-delà des dénonciations et révélations de l’ex-premier magistrat du « pays des hommes intègres », c’est la justesse de ses challenges qui doit réjouir tous les Burkinabè. Déjà en juillet 2014, dans une interview publiée par Jeune Afrique n°2792, il  affirmait : « Ce qui me préoccupe, c’est ce que deviendra le Burkina, trouver la bonne formule, garantir la stabilité, ne pas voir détruit tout ce qui a été mis en place. Je n’ai pas envie d’assister à l’effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde. Quel que soit le terme, il faudra bien partir un jour…». On comprend ici aisément les raisons profondes de sa renonciation à engager les hostilités meurtrières pour sauver son fauteuil. Une posture citoyenne et patriotique pour un grand homme d’Etat soucieux de l’intérêt supérieur de la nation. Aujourd’hui, loin de sa terre natale, rien de la détresse du Burkina ne lui échappe et ne l’indiffère. ​De tous les temps, d’ailleurs, Blaise Compaoré est toujours resté un homme de conviction très attaché à la paix et au développement du Faso. Ce qui lui a valu une audience fulgurante chez ses compatriotes qui lui ont renouvelé mandat sur mandat.  Son repli tactique en Côte d’Ivoire ne saurait l’empêcher d’exercer pleinement et plus activement sa citoyenneté au bénéfice de la marche résolue de son pays sur le chemin de la démocratie et du développement. Ses propos tenus dans la toute première interview qu’il a accordée aux médias français sonnent comme une alerte maximale solennellement adressée d’une part aux démocrates d’horizons divers, et d’autre part au peuple burkinabè, pour que la démocratie burkinabè retrouve ses lettres de noblesse et s’affermisse. Il se préoccupe de tout ce qui se passe actuellement dans son pays. Et tout porte à croire qu’on n’est pas loin d’une parade légalement convenable pour faire face à l’imbroglio mlitaro-politico qui caractérise ces jours-ci le Burkina. 

Accordons-nous avec Machiavel sur le fait que « la meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples ». C’est pourquoi, le peuple burkinabè ne  devrait faire aucun cadeau à une opposition politique embrouillée dans ses calculs avec l’armée et qui chercherait à détruire les acquis. Si les acteurs qui ont uni leur intelligence et leurs forces pour déstabiliser le régime démocratique qui était en place sous le prétexte d’une lutte anti révisionniste, sont de bonne foi, ils doivent admettre que rien ne justifie que la Constitution demeure suspendue. Rien ne devrait en effet empêcher la levée de cette suspension et l’activation des dispositions constitutionnelles. C’est un impératif catégorique.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Compaoré a fortement contribué à la mise en place du label démocratique burkinabè réputé pour son ancrage textuel, sa richesse institutionnelle, sa stabilité politique. Ses successeurs ont donc là un héritage à enrichir. Nul pouvoir, fut-il transitoire, ne saurait s’inscrire dans l’illusion d’une perpétuation nuisible à l’intérêt collectif. L’absence de lucidité des gouvernants provisoires du Burkina, grisés par les avantages, les fantasmes ainsi que la fascination du pouvoir, prolongera à coup sûr le temps de l’impasse.  Et ce serait une bombe sociale qui au jour de sa déflagration emportera presque tout sur son passage.

Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

 

 

 

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