Affi N’Guessan : On Ne Peut Demander à Un Otage D’organiser Sa Propre Libération

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Je viens de déposer, ce mercredi 12 novembre 2014, devant le Comité de Contrôle du FPI,  ma candidature à l’élection du président du parti qui aura lieu lors du congrès des 11, 12, 13 et 14 décembre 2014, conformément aux dispositions pertinentes de nos textes fondamentaux.

Dans la vie d’un parti, l’acte de candidature à sa propre succession est normal et banal, de la part du président en exercice qui prépare un congrès électif.

C’est la deuxième fois que je remplis cette formalité. Si la première fois, en 2001, je n’ai pas fait de déclaration ni organisé de cérémonies particulières, le contexte dans lequel se prépare notre congrès demande que je vous convie à ce point de presse et que je dise quelques mots pour indiquer les motivations de ma candidature.

1 – POURQUOI JE SUIS CANDIDAT ?

Il y a, tout d’abord une motivation d’ordre militant, c’est mon appartenance au FPI, c’est-à-dire la liberté et le droit qu’a tout militant d’un parti démocratique,  de briguer la présidence du Parti s’ il remplit les conditions. Le FPI est un parti démocratique.

Mais, au-delà de ce droit et de cette liberté,  l’histoire récente de notre pays, la Côte d’Ivoire, et les défis que notre parti, le Front Populaire Ivoirien affrontent depuis le 11 avril 2011, imposent trois devoirs qui justifient que je sollicite le suffrage des militants et des militantes pour un autre mandat à la tête du Parti. C’est d’abord un devoir envers le Président Laurent Gbagbo ; c’est ensuite un devoir envers les militants et militantes du Front Populaire Ivoirien ; c’est enfin un devoir envers la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens,

  • Je suis candidat pour la libération du Président Laurent Gbagbo.

Je suis candidat par devoir envers le Président Laurent Gbagbo. Je rappelle que le Président Laurent Gbagbo m’a fait très tôt confiance,  parmi les militants et les acteurs de la démocratie de notre génération. Il m’a confié les plus hautes responsabilités et m’a nommé à des postes stratégiques à ses côtés, au sein du FPI et dans les institutions de l’État. Au moment où un sort implacable et injuste s’acharne contre lui, au moment où, au nom de la raison du plus fort, il est déporté et est en détention à la CPI, alors qu’il n’a rien fait d’autre que défendre son peuple, les institutions de son pays et le droit, mon devoir à la tête du FPI est de tenir le parti débout, de défendre et promouvoir par mes choix et mes actes les principes qu’il nous a enseignés.

Dans ces conditions et pour cette mission, est-il responsable, est-il pertinent, est-il sage de faire appel au Président Laurent Gbagbo lui-même, comme le réclament quelques camarades ? Peut-on demander à un otage d’organiser sa propre libération ? Je ne le crois pas et je ne l’imagine pas. Ce n’est pas un bon plan : ni pour le Président Gbagbo lui-même, ni pour le FPI, ni pour le pays. C’est à nous qu’incombe cette responsabilité. Nous le devons et nous le pouvons ; ensemble ; dans l’unité et dans la solidarité.

Mon devoir en conséquence, est de rassembler et de mobiliser en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, les militants du FPI et toutes les personnes éprises de liberté et de justice pour la libération du Président Laurent Gbagbo. Pour atteindre cet objectif qui pour moi est un impératif moralet politique, le FPI doit se donner les moyens, une stature et une posture dont un parti démocratique a besoin pour peser sur l’échiquier politique national et international,  c’est à dire un encrage national et une notoriété internationale. L’ancrage national, s’obtient à travers  l’implantation du parti dans le pays d’une part et à travers la bataille pour la conquête démocratique du pouvoir d’État d’autre part, la notoriété internationale s’obtient, quant à elle, par la connaissance des enjeux géostratégiques et par la pertinence des choix politiques et diplomatiques des dirigeants. Notre parti doit pouvoir jouir d’une crédibilité et d’une responsabilité indiscutables aux yeux des puissances et institutions internationales qui sont nos interlocuteurs dans le dossier du Président Laurent Gbagbo.

C’est par là que le parti noue un pacte, un contrat social avec le peuple dans son ensemble.

Le FPI ne doit ni abandonner ni différer la lutte sur l’un quelconque de ces deux fronts, s’il veut se montrer à la hauteur du défi de la déportation de son père fondateur.

Je suis candidat pour renforcer l’ancrage national et la notoriété internationale du FPI afin de mieux faire connaître et défendre la cause du Président Laurent Gbagbo.

Je suis candidat pour rassembler les militants et restaurer l’unité du Parti

Ce parti, le Front Populaire Ivoirien est surtout la chose, le bien de ses militants et militantes. C’est à eux et à elles qu’appartient le FPI. Ce sont leurs choix et leurs luttes qui font le FPI. C’est à eux et à elles aussi que je pense en posant ma candidature à la tête du Parti.  Ils ont tout perdu dans la guerre.  Le FPI est la seule chose qui leur reste aujourd’hui. Les militants et les militantes qui sont aujourd’hui sur le territoire national et qui participeront au congrès, ont des centaines de leurs camarades en prison. Mais ils viendront au congrès parce que le FPI n’est pas en prison. Ils ont des milliers de leurs camarades dans des camps de réfugiés et en exil. Mais ils viendront au congrès parce

que le FPI n’est pas en exil. Ils ont des centaines de camarades morts, assassinés pour leur appartenance politique, pour leur militantisme au FPI. Mais ils viendront au congrès parce que le FPI n’est pas mort.  Pour les morts, pour les prisonniers et pour les réfugiés,  le FPI doit rester vivant, libre et présent sur le terrain partout en Côte d’Ivoire. Pour honorer la mémoire des camardes disparus dans la lutte, pour lutter pour la libération des camarades emprisonnés, pour œuvrer au retour sécurisé des réfugiés et exilés, le FPI a besoin à sa tête d’un militantqui connaît le parti pour l’avoir dirigé  pendant plusieurs années, et qui soit entièrement disponible pour conduire la lutte.

Mais dans les temps d’épreuves plus que dans les périodes calmes,  c’est l’unité qui fait la force des hommes, des organisations et des nations. C’est pourquoi je suis candidat. Je suis candidat pour rassembler les militants autour des principes fondamentaux de notre parti, autour du Président Laurent Gbagbo.

Au sortir du Congrès, si les militantes et militants du parti me renouvellent leur confiance, ma première priorité sera de ramener l’unité au sein de la famille du Front Populaire Ivoirien en ouvrant les organes dirigeants à tous les courants et à toutes les tendances, conformément à l’idéal démocratique qui nous rassemble. C’est bien parce que nous sommes une famille que les divergences de vue ne sont pas et ne seront jamais des fractures mais plutôt des signes de la vitalité du Parti. Je suis un homme d’ouverture. Nous sommes un « FRONT », c’est-à-dire le rassemblement de divers courants de pensés démocratiques autour d’un projet de société commun. L’unité dans ce contexte,  c’est trouver des compromis dynamiques pour faire avancer le parti. J’ai engagé cette démarche ; j’ai pris des contacts. L’onction du congrès sera l’âme de notre unité.

L’unité c’est aussi faire en sorte que tous les camarades en exil rentrent et reprennent leurs places à tous les niveaux. C’est ce que j’appelle « l’unité physique » du parti. J’ai fais du retour sécurisé des exilés et réfugiés un axe central de mon action depuis ma sortie de prison en août 2013. Des camarades sont rentrés.  Ils ont retrouvé aussitôt leurs places dans les instances du parti. Certains avaient déjà pris part à la dernière convention d’avril 2014 d’autres viennent d’arriver. Ils seront présents au congrès et participeront, de plein droit aux travaux.  Je salue leur retour. Mais ils sont encore des centaines de cadres du parti en exil,  des centaines de milliers de militants et de nos compatriotes entassés dans les camps de réfugiés. Leur retour en Côte d’Ivoire est une priorité absolue pour moi et pour tout le parti.

  • Je suis candidat pour ouvrir avec le FPI la voie d’une nouvelle espérance en Côte d’Ivoire

Mais, au-delà de ces considérations qui concernent la vie du parti et ses défis actuels, quand on s’engage en politique, c’est d’abord pour son pays et ses compatriotes. Je me suis engagé en politique,  à la fin des années 80, comme les jeunes de ma génération, à un moment où le pays faisait face à une grave crise économique et politique. Cette crise a trouvé son épilogue dans la proclamation du multipartisme.

Aujourd’hui notre pays fait face à une crise d’une autre nature. Il a besoin de la mobilisation de tous ses fils et filles pour panser les plaies de la crise postélectorale. Le Front Populaire Ivoirien est un acteur historique essentiel de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens attendent que ce parti tienne sa place, toute sa place dans la vie de la nation, pour la réconciliation,  pour le dialogue républicain. Comme hier en 1990, quand le pays était dans l’impasse, bloqué dans son élan par la guerre des héritiers d’Houphouët-Boigny,  les Ivoiriens ont besoin d’un nouvel horizon et ils regardent du côté du Front Populaire Ivoirien.  Je veux que ce parti réponde sans hésitation à cet appel de notre peuple et soit à la hauteur des défis que le pays affronte : défi de la peur, défi de l’insécurité,  défi de la corruption, défi du rattrapage ethnique,  défi de la régression politique, économique et social, défi de la libération du Président Laurent Gbagbo. C’est pourquoi je suis candidat.

En acceptant de diriger ce parti en 2001, ce n’est pas pour jeter le tablier dès que les difficultés apparaîtraient. Non. J’ai accepté de succéder à Laurent Gbagbo à la tête du FPI pour que ce parti reste la voie de l’espérance, quoiqu’il arrive. C’est pourquoi je suis candidat.

Pour atteindre ces objectifs, nous devons renforcer ce qui fait aussi notre force, la mobilisation intellectuelle autour de notre programme de gouvernement. Les grandes lignes de ce programme vont être dégagées au Congrès. Il faudra organiser des rencontres autour de la modernisation de la pensée et de l’action politique en Côte d’Ivoire.

C’est un pilier essentiel de la reconquête démocratique du pouvoir d’État par le Front Populaire Ivoirien.

La reconquête démocratique du pouvoir d’Etat, deuxième volet du thème de notre congrès est un défi qui soulève la question des conditions d’élections justes et transparentes en Côte d’Ivoire. Les tournées que je fais à travers le pays me permettent de mesurer le désir profond des militants et des populations ivoiriennes à être dans la vie politique nationale, de ne pas se voir exclus du jeu politique, à participer au processus électoral pour libérer la Côte d’Ivoire  de la gestion autocratique, clientéliste et gabegique d’Alassane Ouattara.

Le Comité Central du 08 mars 2014 a adopté le principe de la participation du FPI aux élections générales de 2015. Mais il a marqué sa vive préoccupation quant à l’environnement électorale en Côte d’Ivoire, marqué par la persistance des effets de la crise poste-électorale, l’insécurité, la fracture sociale, les graves violations des droits de l’homme et des principes démocratiques, le blocage du dialogue politique et la faillite du processus de réconciliation nationale. Nos militants, et avec eux tous nos compatriotes comptent sur le FPI pour relever ces défis et créer les conditions de la victoire en 2015.

C’est ensemble que nous les affronterons. Rassemblés nous vaincrons.

Rassembler pour gagner, voilà mon credo, pour une nouvelle Espérance pour la Côte d’Ivoire.

Je vous remercie.

Pascal  AFFI N’Guessan

Président du FPI

 

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