Affi-Gbagbo – Après Les Dépôts De Candidature : Le FPI A La Croisée Des Chemins

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Quel Front populaire ivoirien (Fpi) après le congrès des 11, 12, 13 et14 décembre ? Serait-on tenté de s’interroger après la candidature de Laurent Gbagbo et celle d’Affi N’guessan. Deux têtes fortes de l’ancien parti présidentiel. Qui vont inévitablement s’affronter à distance pendant ce congrès dont il sera difficile d’imaginer l’issue. Quoiqu’il en soit, le verdict de ce face-à-face sera préjudiciable pour le parti bleu dont des cadres prennent des risques à soutenir la candidature d’un des leurs qui est dans les liens de la détention. Il y a vraiment un sérieux problème chez les frontistes. Affi N’guessan, lui, l’a bien perçu. Son parti a plus que besoin d’unité en son sein. Surtout, après sa chute programmée en 2011.C’est pourquoi, le natif de Bongouanou n’a de cesse d’en appeler à l’union des militants pour donner la chance au Fpi de vivre encore de beaux jours devant lui.« Au sortir du Congrès, si les militantes et militants du parti me renouvellent leur confiance, ma première priorité sera de ramener l’unité au sein de la famille du Front Populaire Ivoirien en ouvrant les organes dirigeants à tous les courants et à toutes les tendances, conformément à l’idéal démocratique qui nous rassemble », a promis mercredi, Pascal Affi N’guessan, dans le discours qui a succédé son dépôt de candidature. Ce n’est d’ailleurs pas un fait du hasard si le président du Fpi a choisi comme slogan de campagne, « rassembler pour gagner». Mais, en face, la démarche de l’ancien Premier ministre est-elle comprise ? Pas si sûr.

Pro-Gbagbo-Pro-Affi: désormais chiens et chats ?

A preuve, l’enfant du Moronou fait l’objet de tirs nourris de la part de ses adversaires, depuis qu’il a manifesté le désir de se succéder à lui-même. « Simplement, vu le parcours qui a été celui d’Affi, parcours au cours duquel Laurent Gbagbo s’est avéré un mentor pour l’actuel président du Fpi, la sagesse africaine recommande que ce face-à-face n’ait pas lieu. Certes, le verdict sera sentencieux. Pour l’un ou l’autre. Soit Affi « enterre» Gbagbo, soit Gbagbo « enterre» Affi. Mais, quelle que soit l’issue de cette joute, la conscience populaire retiendra que Pascal Affi N’guessan, celui-là même que Laurent Gbagbo a «fabriqué » de toutes pièces, a osé disputer un fauteuil avec son bienfaiteur», écrivait un journal proche de Laurent Gbagbo, dans sa parution de mardi dernier. C’est une idée partagée par tous ceux qui soutiennent cette candidature de l’ex-chef d’Etat. Ainsi, pour ces derniers, l’attitude du président du Fpi est une trahison à l’égard du bienfaiteur Gbagbo. Affi, soutenu par bien des cadres du Fpi, n’arrive pas aussi à comprendre l’attitude de ceux qui veulent imposer Gbagbo à la tête du parti bleu. « Est-il responsable, est-il pertinent, est-il sage de faire appel au président Laurent Gbagbo lui même, comme le réclament quelques camarades ? Peut-on demander à un otage d’organiser sa propre libération ? », s’est interrogé longuement Affi, avant d’être catégorique. « Je ne le crois pas et je ne l’imagine pas. Ce n’est pas un bon plan : ni pour le président Gbagbo lui-même, ni pour le Fpi, ni pour le pays. C’est à nous qu’incombe cette responsabilité. Nous le devons et nous le pouvons ; ensemble ; dans l’unité et dans la solidarité ». On l’aura compris. Les positions sont figées. D’une part, les proches de Gbagbo entendent contrôler le parti bleu, afin de mieux faire pression sur le pouvoir et la communauté internationale. En prison, s’il est élu malgré cela, à la tête de cet outil, ses partisans devraient s’en servir pour démontrer à la face du monde la popularité de leur mentor et réclamer sa libération, afin que la réconciliation soit possible. Ce qui n’est que de la pure fiction. Bien au contraire, le Fpi court à sa perte s’il échoit aux mains du pensionnaire de Scheveningen. Comment, du fond de sa cellule, l’homme Gbagbo parviendra-t-il à gérer au quotidien, son parti ? De plus, rien, à la vérité, ne dit que son élection sera appréhendée comme un motif de libération.

Oser tourner la page Gbagbo

D’autre part, Affi N’guessan et les siens envisagent de faire revivre leur parti, après sa déconvenue d’avril 2011. Car, quoiqu’on dise, l’ancien chef du gouvernement et ses camarades comprennent que la chute du Fpi est l’échec de Laurent Gbagbo, en qui, ils avaient pourtant placé toute leur confiance. A présent, ils veulent éviter à leur formation politique, un second KO qui pourrait lui coûter sa vie. De deux choses l’une. Soit, Laurent Gbagbo est élu au soir du 14 décembre et c’est le Fpi qui se retrouve peu après dans le cloaque, soit c’est Affi N’guessan qui se succède à lui-même, et l’ancien parti présidentiel tente de relever la tête. Certes, le chemin sera long, mais avec un brin d’espoir. Car, il est difficile de comprendre comment la gestion du Fpi se fera avec celui dont la simple liberté provisoire est refusée par la Cour pénale internationale, près de sept fois de suite. Le candidat Affi, certes, en quête de confiance au sein de son parti, fait croire que l’une de ses missions, s’il est élu, reste le combat pour la libération de Laurent Gbagbo. Mais, dans son for intérieur, le président du Fpi sait que le combat pour la libération de son compagnon est vain. Le cas Jean-Pierre Bemba, du nom de ce leader congolais, est là pour nous situer sur la difficulté à libérer aussi facilement, un détenu de la Cpi. Depuis environ six ans que l’ancien vice-président congolais croupit en prison, aux mains de la Cpi, ce n’est que maintenant que son procès entre dans sa phase active. Adire vrai, la volonté du natif du Moronou se trouve ailleurs : trouver les moyens de prendre la tête du Fpi, afin de lui éviter une mort certaine et d’en faire un outil de reconquête du pouvoir, si possible. Lui, aura compris la nécessité de poursuivre la lutte, même sans Laurent Gbagbo, dont certains veulent absolument lier le destin au Fpi. Pourtant, c’est la vie, elle même, qui veut les choses ainsi. Comme une scène de théâtre, chacun vient jouer son rôle, et s’éclipse. Il faut ainsi comprendre les choses de la vie, et accepter avec beaucoup de courage, que la page Gbagbo soit tournée. Pour que continue de vivre le Fpi, qui, disons le franchement, a encore un rôle à jouer dans le développement du pays, même si la première expérience de gestion du pouvoir pendant dix années, a été un échec sur toute la ligne. En témoignent les crises à répétition, sanctionnées parla crise postélectorale qui a occa-

Ouattara Abdul Karim

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