Le Fpi à L’épreuve Du Jeu Démocratique

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Drôles de candidatures à la présidence du Front populaire ivoirien (Fpi) ! La première est un « otage » que la seconde entend libérer. Pascal Affi N’Guessan se positionne comme le messie de son mentor, Laurent Gbagbo. Reste à savoir qui sont les preneurs d’otage. Rassurez-vous ! Ce n’est pas Boko Haram qui continue de sévir au Nigéria. Encore moins les Djihadsites du Nord Mali. N’allez pas chercher loin les ravisseurs. En vérité, l’ex-président de la république s’est fait prisonnier de son refus de démocratie, de son entêtement à se soumettre aux résultats issus des urnes. Avec la complicité des extrémistes de sa formation politique qui l’ont fortement encouragé dans sa forfaiture.

Osons donc le reconnaitre : c’est l’obstination à tricher avec les suffrages des Ivoiriens, avec tout son cortège violences meurtrières, qui a conduit Laurent Gbagbo à La Haye. Aux fins de faire prévaloir la justice sur l’injustice. Autrement dit, il serait illusoire de croire que le président du Fpi, candidat à sa propre succession, pourrait libérer Gbagbo. Le 12 juin 2014, la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (Cpi) a confirmé quatre charges de crimes contre l’humanité (meurtre, viol, autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – tentative de meurtre, et persécution) à son encontre et l’a renvoyé en procès devant une chambre de première instance. Laurent Gbagbo sera donc bel et bien jugé. C’est au terme de procès qui s’ouvre le 7 juillet 2015, qu’il peut être reconnu coupable ou être acquitté. Aucune manœuvre politique ou politicienne n’empêchera l’éclatement de la vérité.

Cette clarification nous semble importante face à l’amalgame qui est entretenu dans le cadre de la course au fauteuil présidentiel du parti à la rose. Aux dernières nouvelles, Pascal Affi N’Guessan, en s’appuyant sur les dispositions statutaires du Fpi, a demandé au comité de contrôle le retrait pur et simple de Laurent Gbagbo de la liste des candidatures au poste de Président du parti. Dans un courrier formel, il dénonce les entorses aux textes qui réglementent le parti. D’ailleurs, comment est-ce possible pour un « otage » d’être dans le starting block ? Tel un fin stratège, et déterminé à non seulement encaisser des coups, mais à en donner également, le président sortant du Fpi s’est fixé un objectif. Celui de servir son parti, tout en faisant triompher les règles démocratiques.

Conformément aux textes qui régissent le Fpi, Laurent Gbagbo ne remplit visiblement pas toutes les conditions requises pour briguer la présidence du Parti. Certains réagiront en ces termes : «  Mais c’est son parti. Il en est le fondateur et s’il veut reprendre la présidence, où se trouve le problème ? ». A ceux-là, nous rappellerons que le Fpi n’est pas une Société à responsabilité limitée (Sarl) unipersonnelle. En Afrique francophone, nous avons cette manie de penser qu’une formation politique est la propriété de ses fondateurs. Les Sud africains nous ont donné un bel exemple avec Thabo Mbeki. Son parti politique, l’Anc, l’a démis de ses fonctions de président de la République de l’Afrique du Sud. Tout comme, au Ghana où John Jerry Rawlings a été mis en minorité dans le parti qu’il a lui-même créé, le Ndc. Chez les francophones, le président ou le leader fondateur est plus fort que tout, c’est l’homme fort, tout simplement. Un parti politique devrait être perçu comme une institution forte au-dessus de ceux qui l’animent.

Partout, les nations émergentes essayent de mettre en place des systèmes totalement indépendants de la trajectoire personnelle des individus. Même la Chine taxée de ne pas être une référence démocratique a compris la vertu des institutions fortes à travers un parti unique fort et influent soumis à un jeu démocratique interne. Les hérauts de l’idée démocratique dont Charles de Montesquieu (1689-1755) avaient à l’esprit un jeu transparent sans tripatouillage. Le jeu démocratique au sein du Fpi suppose que tous ceux qui remplissent les critères puissent participer à toute compétition électorale. Et que les candidatures qui enfreignent aux règles statutaires soient rejetées ou déclarées irrecevables. Malheureusement, pour l’instant, le comité de contrôle, habilité à examiner et valider les candidatures, est en proie à un dysfonctionnement. Ses membres sont à couteaux tirés. On appréhende donc le pire. Le Fpi osera t-il jouer franc jeu ?

Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

 

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