FPI, Le Choc Des Slogans

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L’orage gronde davantage dans le ciel électoral du Front populaire ivoirien (Fpi). Avec les candidatures de Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan au poste de président du parti. Les nuages porteurs de malaise et de division, à force de s’amonceler, risquent de se désagréger au point de provoquer une avalanche de tensions préjudiciables à la cohésion de la formation politique. Dans la perspective de se donner plus de chance pour arracher la victoire, les états majors des deux candidats rivalisent d’imagination. La vie du parti à la rose est en effet désormais rythmée par les formules électorales scandées dans deux principales chapelles internes. Ce qui plonge le Fpi dans une ambiance préélectorale faite de diatribes et de coups bas. 

Le congrès prévu pour décembre 2014 est tout proche. Cette réunion statutaire imminente envoie quotidiennement ses signaux que des écuries captent pour mieux se connecter à l’enjeu et s’adapter à la cadence. Sans l’illusion d’avoir le monopole des slogans ou concepts, la mouvance Gbagbo a lancé son fameux « Gbagbo ou rien ». Le relais oppositionnel vient du camp Affi avec « Gbagbo et nous ». La guerre des slogans est engagée. On se délecte déjà de cet avant-goût du tumulte saisissable dont se sert la démocratie au sein de nos partis politiques pour se consolider. Ce n’est certes pas la catastrophe, mais le prochain congrès du Fpi réserve de grosses sensations. Le réflexe des anti- Affi fait école et on s’attend à un déluge de slogans dans la veine des vocations de succession. Aux volontés de continuité exprimées par l’actuel président du parti, s’opposent celles de l’alternance. Une alternance unique en son genre car incarnée par l’ex-président de la république, fondateur du Fpi.

«Gbagbo ou rien » est théoriquement en butte à « Gbagbo et nous ». Au cœur de cette guéguerre se trouvent deux conjonctions de coordination . La première « ou » relie « rien » dont la nature invariable est connue de tous : c’est un adverbe. « Gbagbo ou rien » nous renvoie donc au radicalisme et remue le pathos démocratique dans l’ambiance d’un Fpi à la croisée des chemins. Les pontes du Fpi opposés à Pascal Affi N’Guessan croient détenir le titre foncier du parti. Il est évident que l’alternance est le substrat de la démocratie. Il n’y a donc aucun mal à souhaiter un changement à la tête du parti. Mais quand ce besoin de changement prend la forme d’un radicalisme sans alternative, il y a de quoi s’inquiéter. Ce pompeux « Gbagbo ou rien », royalement scandé sans répit porte les germes de l’autocratie. L’odeur que ce slogan dégage, traîne un chantage politique en préparation.   

La seconde conjonction de coordination « et » est associé à « nous », un pronom personnel pluriel. « Gbagbo et nous » a donc l’avantage de mettre en relief le rassemblement, la synergie entre la masse de militants et le leader charismatique. Néanmoins, reconnaissons que ce slogan traîne aussi une plaie congénitale : le manque d’originalité. Inspirée de la formule « Gbagbo ou rien », la trouvaille de ceux qui soutiennent Affi semble porter des grains du primitif et les semences de l’amalgame. C’est un slogan dont le support doctrinal demeure Gbagbo, donc fragile dans un contexte où on fait la promotion des institutions fortes au détriment des hommes forts. Si les partisans de « Gbagbo ou rien » vivent pleinement leur rêve de convertir le Fpi en un patrimoine exclusif de son fondateur, le groupe opposé, en revanche, ne nous propose aucune innovation.

Nous voici dans ce que Georges Simmel qualifie d’« excitation stérile ». Deux slogans, deux courants politiques et un dénominateur commun : Gbagbo. Mais leur mérite est de semer l’ambiance de précampagne. Au-delà de notre perception qui porte sa dose de subjectivité, nous notons visiblement que les signes avant-coureurs de chaudes joutes envahissent désormais le marécage du Fpi. Les deux camps en présence sont en mode slogan dans cette nécessité d’afficher dans le champ des congressistes une identité attractive. Nous ne sommes donc pas surpris par le grain d’imaginaire, d’émotionnel et d’agressivité qui caractérisent les différentes déclarations. A chacun ses arguments, ses stratagèmes, son slogan. Les maîtres de slogans courent cependant le risque de n’être que des joueurs de flûtes.  

 Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO

georexk@gmail.com

 

 

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