Crise A La Refondation: Le FPI à L’épreuve Du Tribalisme

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“Le FPI, à lʼinstar du RDR, est un parti politique national ».Voici le discours que servent à lʼenvi lʼintelligentsia frontiste dans les débats politiques. Mais, aujourdʼhui, en proie plus à un dilemme cornélien quʼau doute cartésien, ces mêmes éminences grises de lʼex-parti au pouvoir, qui avaient fait de cette belle phrase un slogan de marketing politique, commencent à être rattrapés par leur véritable nature. Ici, il ne sʼagit plus de se battre pour conquérir plus dʼespace, mais plutôt de préserver lʼespace vital, pour ne pas dire tribal.

Dans ce cas, cʼest plus à lʼinstinct grégaire que lʼon fait appel et non à la raison. Cʼest en ce moment quʼentrent en jeu les gardiens du temple. Le débat qui a cours en ce moment au sein du FPI nʼest rien dʼautre que la partie visible de cette lutte sournoise menée par les cerbères de la tribu. Pour eux, certes le pouvoir dʼEtat est perdu. Mais, pas question de perdre lʼinstrument qui a permis au gourou de la secte dʼy accéder. Ce qui se passe actuellement au FPI nʼa rien à voir avec la politique, encore moins la démocratie. Il sʼagit dʼune lutte pour le contrôle de lʼappareil sur fond tribal.

Pour mieux comprendre cette bataille, il faut revenir aux origines mêmes du Front populaire ivoirien. Depuis son irruption dans lʼarène politique ivoirienne, en 1990, le FPI sʼest présenté comme un parti national. Mais sa base sociologique a toujours été le Centre-ouest de la Côte dʼIvoire dont est originaire son leader historique, Laurent Gbagbo. Jusqu’ici, les destinées du parti frontiste ont été assurées par lʼancien député de Ouaragahio. Même en octobre 2000, lorsque Laurent Gbagbo accède au pouvoir, le problème de leadership ne se pose pas. Puisque, dans tous les cas, même au Palais présidentiel, la formation politique chère aux frontistes était encore, dans la réalité des faits, dirigée par le clan Gbagbo. Le nouveau chef de lʼEtat ne pouvait plus être président du FPI, certes. Constitution oblige. Mais Pascal Affi NʼGuessan, qui a pris sa succession, ne demeurait pas moins dans lʼombre de Laurent Gbagbo et son épouse, Simone. Dans ce ménage à trois, Pascal Affi NʼGuessan a eu à avaler bien de couleuvres. De la gifle de Simone Gbagbo, après les accords de Linas Marcoussis, à sa mise à lʼécart lors de la campagne présidentielle de 2010, en passant par l’émiettement de son autorité à la tête du FPI et l’emprisonnement de sa compagne à la MACA, Angéline Kili, dans lʼaffaire de la filière café-cacao, Pascal Affi NʼGuessan est resté stoïque. Pendant plus de dix ans, il a tout supporté sans broncher. Plus par loyauté que par masochisme. Maintenant que le destin lui fait un clin dʼoeil, lʼancien maire FPI de Bongouanou ne veut pas rater lʼoccasion inouïe qui lui est offerte de se défaire de l’encombrante emprise de lʼex-couple présidentiel. Lui, un Akan de lʼEst de la Côte dʼIvoire, estime quʼil lui revient de droit de diriger en toute liberté le FPI. Une légitimité que lui contestent tous ceux qui pensent que le leadership doit demeurer dans son fief naturel, au Centre-ouest, dans le pays Krou. Pascal Affi NʼGuessan, jusquʼici, était toléré, tant quʼil servait les intérêts du clan et de son mentor. Mais, le jour où il a décidé de s’émanciper, il a déterré la hache de guerre.

Jean Claude Coulibaly

Le Patriote

 

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