Enquêtes Militaires Bâclées : Des Morts Sans Coupables

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Deux soldats des ex-Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui étaient poursuivis pour bombardement à l’arme lourde du marché d’Abobo, le 17 mars 2011, ont été déclarés, contre toute attente, non coupable et acquittés pour absence de preuve. Et pourtant ! Pourtant, ce procès avait suscité tant de passion et de conjectures. Tant d’espoir aussi bien dans le camp des victimes et parents de victimes surtout, que dans celui des présumés coupables qui attendaient se défendre. A la grande satisfaction de ces derniers, la présidente du tribunal militaire, Anne-Désirée Ettia, a prononcé, « pour des faits non établis », l’acquittement des prévenus que sont le Commandant Gnahoua Dabley et le MDL-chef Kamana Tanoh Brice-Eric et « leur mise en liberté immédiate ». Surprise des surprises, le procureur militaire, Ange Kessi Bernard reconnait lui aussi qu’il y avait des doutes sur les faits reprochés aux prévenus.

Comment Ange Kessi a-t-il mené ses investigations ?

Deux dates, celle du 12 mars et celle du 17 mars 2011, ont fait capoter les arguments de l’accusation. Hormis ces deux dates, deux accusations : -1- l’accusation portée contre les mis en cause par les victimes. Et 2- celle du MDL-chef Kamana Tanoh Brice-Eric qui affirme en citant le Cdt Gnahoua Dabley : « Je reconnais avoir tiré les obus mais à la date du 12 mars 2011 sur ordre du Cdt Gnahoua, mon supérieur et l’objectif visé était la forêt du Banco », accusation niée par ce dernier : « Comment puis-je donner des ordres alors que j’ai relevé mon prédécesseur ce 12 mars aux environs de 14 h ? ».

Pour un acte commis le 12 mars, pourquoi les investigations du Procureur militaire n’ont-elles pas abouti aux gendarmes qui y étaient ce jour ? Qu’a fait le Procureur pour amener les gendarmes à reconnaitre la date du 17 mars au lieu de celle du 12 mars ? Tous les gendarmes de ce camp ne sont pas morts tout de même pour qu’on ne sache pas qui a fait quoi le 12 et le 17 mars de cette année là ? Avant de venir se ridiculiser devant la nation et le monde, il fallait résoudre ce problème de date qui est la clé de cette accusation capitale. Après tout, ce ne sont pas des martiens qui étaient aux opérations, ces jours là. En définitive à cause de la légèreté de l’accusation, l’on ne saura pas si c’est l’obus lancé le 12 mars par Eric Kamana qui a fait des victimes ou ceux dont les témoins ont entendu les défragmentations le 17 mars qui ont tué les 7 femmes. Quelle légèreté !

Toute honte bue, le Procureur étale les limites d’une enquête bâclée

De quoi donner du tournis à plus d’un. Après 12 heures d’interrogatoire des deux prévenus, des témoins-victimes et les plaidoiries de l’accusation et de la défense, le tribunal militaire présidé par la juge Ane Désirée Ettia a suivi le Parquet militaire qui avait déclaré « les prévenus non coupables pour doute car profondément dubitatif quant au jour, au nombre d’obus, à l’objectif visé. Il y a beaucoup de zones d’ombre qui permettent de déclarer les prévenus non coupables » dans son réquisitoire en demandant la requalification des faits. Allez y comprendre quelque chose. Faut-il en rire ou en pleurer ? Pourtant, ces meurtres avaient suscité beaucoup d’émotion et une grande l’indignation, étant donné que certains avaient poussé le cynisme jusqu’à affirmer qu’il n’y avait pas eu mort d’homme. Que c’était une mise en scène avec du ‘’bissap’’ répandu sur la chaussée pour faire croire que les FDS avaient versé le sang d’innocentes femmes. Aujourd’hui, force est de reconnaitre que des femmes ont bel et bien été froidement abattues par des soldats. Malheureusement, un crime sans coupable. Il est temps, absolument temps, que le Procureur militaire situe enfin les ivoiriens sur les assassins de Guéi Robert et sa famille, les femmes d’Abobo et tous les autres crimes.

Est-ce le réveille du justicier ?

Surprise ô surprise ! Ange Kessi Bernard, Procureur militaire et Commissaire du gouvernement, se pourvoit en cassation contre la décision de relaxe des 2 militaires poursuivis par le tribunal militaire d’Abidjan, pour « meurtre par usage d’armes lourdes » pendant la crise postélectorale de 2011. Alors que ce même tribunal militaire avait requis la relaxe de ses accusés. Expliquant ce revirement, Ange Kessi de déclarer : « Nous avons décidé de nous pourvoir en cassation parce qu’il y a eu une faille dans le jugement qui a affaibli l’accusation », reprochant à la Cour, des faiblesses au niveau de l’instruction, à savoir, le refus d’entendre six témoins clés à l’audience. Il faut le faire !

Khalil Ben Sory

Lementor.net

 

 

 

 

 

 

 

 

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