A San-Pedro, un homme a été pris avec 24 crânes humains. L’affaire a fait grand bruit. L’homme aujourd’hui déféré devant les tribunaux à Sassandra, avait affirmé avoir ramassé les crânes au cimetière municipal de la seconde ville portuaire. Sans nullement chercher à défendre Ballo Salifou, ‘’ l’homme aux 24 crânes’’, son affaire nous a amené à explorer une autre piste qui donnerait foi à ses allégations. Celles d’avoir « ramassé les crânes au cimetière municipal ». Comment arrive-t-il à rammasser si facilement des crânes humains ? Enquête.
Un cimetière qui n’est que de nom
Nous avons mené nos investigations. Le cimetière municipal ouvert en 1971 pour une population qui s’est multipliée par au moins 10, s’étend sur une colline abrupte, derrière l’emplacement de l’ancien marché de San-Pedro, route Grand-Béréby. A pied ou en voiture, c’est une réelle difficulté que d’avoir accès à ce cimetière perché sur une colline. On y entre comme on veut et on ressort. Aucun préposé pour vous remettre un ticket portant le N° d’une parcelle où ensevelir votre mort. En quelque sorte, un ‘’cimetière-marché’’. Situation que certaines populations exploitent de manière macabre car il n’y a plus de place au cimetière de San-Pedro. Pour trouver un espace à creuser afin d’y ensevelir leurs morts, les parents s’adonnent à une véritable fouille des lieux. « Lorsque nous arrivons pour creuser une tombe, le vieux gardien nous indique d’aller au fond. Au cours de cette recherche d’emplacement, nous pouvons creuser et tomber sur un corps que nous refermons avant de chercher ailleurs jusqu’à ce que nous trouvons un espace libre », nous confie un habitant. Ce qu’il ne dit pas, c’est que certains, enlèvent carrément les ossements qu’ils emballent dans le linceul et qu’ils déposent dans les herbes pour s’approprier l’emplacement afin de ne pas avoir à creuser à plusieurs endroits.
Des ossements à ciel ouvert
Ce n’est pas tout le monde qui voue un respect aux morts. Au cimetière municipal de San-Pedro, si vous avez bien le cœur en place, vous pouvez y effectuer une visite. Vous marcherez sur des tombes qui s’effondreront sous vos pieds et vous verrez un peu partout dans la broussaille, des linceuls tachés, contenant des ossements humains. C’est à ce macabre spectacle qu’il est donné de voir lorsque vous allez à un enterrement au cimetière municipal de San-Pedro. Par-ci, des ossements humains dans un linceul et jetés dans la broussaille, par-là des os à ciel ouvert que des chiens peuvent venir ramasser.
De la méchanceté de l’être humain
Ignorant que « la mort est l’équitable cadeau que Dieu est fait à chaque être humain », des gens se comportent comme s’ils n’allaient jamais mourir et peut-être traités de la sorte. Sinon comment comprendre que des êtres humains profanent des tombes, juste pour enterrer leurs morts et laisser d’autres corps dans la broussaille ? Et cela, sans aucun cas de conscience ? A San-Pedro, des personnes aux lugubres objectifs, peuvent se procurer des ossements humains sans forcement prendre la vie d’autrui.
A quand le nouveau cimetière municipal ?
Depuis de longues années, on en parle et pourtant rien ne pointe à l’horizon. Si bien que la construction d’un cimetière municipal digne de ce nom, est devenue pour la population de San-Pedro, une rumeur. Pourtant, l’information qui circule avec persistance, soutient que l’espace destiné au repos des morts est situé avant le corridor, route de Grand-Béréby. Y aura-t-il toutes les commodités qui en feront un cimetière moderne où les morts sont respectés ? Ou bien une fois de plus, un espace dégagé à la va-vite qui sera livrée à la population qui en ferait ce qu’elle voudrait ? San-Pedro mérite mieux. Un cimetière bien tracé et loti avec des parcelles numérotées. Parcelles acquises moyennant une certaine somme d’argent avec des indications précises d’ensevelissement. Les morts de San-Pedro ne méritent pas de mourir deux fois.
Khalil Ben Sory
Lementor.net
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