Dernier jour de recensement électoral : les retardataires ne se sont pas pressés en Côte d’Ivoire

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L’opération d’enrôlement qui devait initialement se terminer le 30 juin avait finalement été prolongée de 12 jours en raison du faible nombre d’inscriptions. Jeune Afrique s’est rendu dans des centres d’enrôlement dimanche, dernier délais pour les Ivoiriens qui souhaitaient s’inscrire sur les listes électorales.

« Ivoirien, Ivoirienne, tu as 18 ans ou plus. La CEI te donne une seconde chance pour t’inscrire sur la liste électorale. Jusqu’au 12 juillet 2015. Rends-toi, dans le centre de recensement de ta localité, muni de ta carte nationale d’identité ou le certificat de nationalité», disent les affiches discrètes disséminées à travers la capitale ivoirienne. On retrouve les mêmes messages sur les encarts ou bandes dessinées visibles dans nombre de médias, ceux proches du pouvoir surtout.

L’opération d’enrôlement qui avait débuté le 1er juin et qui devait se terminer le 30 du même mois, avait en effet été prolongée de 12 jours face à la faible affluence dans les 2000 centres d’enrôlement fixes et auprès des 500 équipes mobiles déployées dans tout le pays. La Commission électorale indépendante (CEI) ayant constaté fin juin que le nombre de nouveaux électeurs inscrits dépassaient à peine les 120 000 – loin, très loin des 2 à 3 millions attendus.

Pas la grande bousculade

En ce dimanche 12 juillet, à Abidjan comme partout dans le pays, pour les nouveaux électeurs, c’était donc le dernier délai pour s’inscrire… Et pourtant, sur le terrain, force est de constater que – même si les retardataires étaient plus nombreux qu’à l’accoutumée, de l’aveux de plusieurs « agents d’enrôlements » – ce n’était pas vraiment la grande bousculade…

Début d’après-midi, dans un centre du Plateau, le quartier d’affaires d’Abidjan, ils sont une cinquantaine, en grande majorité des jeunes hommes. Mineurs en 2010, ils n’avaient pu prendre part au vote, et veulent participer cette fois-ci. Ils sont venus très souvent entre copains, certains sont là depuis plusieurs heures et se plient silencieusement au lent processus : remplissage des formulaires avec les agents puis prise de photos, grâce à des tablettes.

Alors bien sûr, il y a quelques privilégiés, qui « ne font pas le rang », comme les jolies filles ou les notables du coin qui tutoient les gendarmes chargés de la sécurité des lieux… Mais personne ne se plaint. La plupart d’entre eux, habitent les communes avoisinantes (Attécoubé, Adjamé…), mais ont préféré se déplacer jusqu’au Plateau où l’affluence est moindre.

Problèmes pour s’enrôler

Dans un autre centre d’enrôlement de la même commune, ils ne sont en moyenne qu’une quinzaine, à se succéder par heure. Certains agents jouent les navettes et vont même chercher les électeurs chez eux afin de leur faire accomplir leur geste citoyen. Là, la bonne organisation du centre permet aux personnes de s’enrôler plus rapidement, en moyenne une demi-heure. Mais ici, comme dans d’autres centres, le problème majeur est le même, comme l’explique un agent : « Beaucoup n’ont pas de carte d’identité ou de certificat de nationalité. Soit par ce qu’ils n’en ont jamais eu, soit par ce qu’ils les ont perdu, et se présentent avec des documents photocopiés, scannés ou illisibles, en pensant qu’ils seront acceptés lors de l’enrôlement « .

Un problème également présent, la veille, à Bonoua, une ville située à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan. Les agents sont, là aussi, très affairés mais pas débordés. A 11h, l’un d’eux explique qu’une quarantaine de personnes a déjà été enregistrée, avant de s’interrompre très rapidement: « On a reçu comme consigne de ne pas parler aux journalistes, qui sont nombreux, tout comme les agents de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) qui s’enquièrent de l’Etat d’avancement du processus.»

Dans cette ville, considérée comme un des fiefs du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, la révision de la liste électorale passionne pourtant bel et bien la population. Non seulement parce qu’elle constitue un élément supplémentaire qui divise les deux tendances du FPI – la tendance Affi N’Guessan encourageant les électeurs à y participer massivement et la tendance Sangaré appelant au boycott – mais aussi parce qu’elle déterminera le nombre de votants pour les échéances électorales futures. A savoir les législatives en 2016 puis les municipales en 2018.  Et en coulisses, on s’accuse déjà entre militants de différents partis politiques d’amener des nouveaux électeurs, non issus de la ville…

Haby Niakate

Jeuneafrique.com

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