Mamadou Koulibaly ou l’art de l’esquive…

0
5

Le masque de la lâcheté sert de paravent aux vaniteux pour éviter le déshonneur suprême. Quand pendant longtemps on a plastronné en exhibant mollets et biceps, le moment de vérité apparaît pour le fat comme l’heure de la déchéance. L’heure où débarrassé de ses vains oripeaux et de tous les artifices qui en faisaient sa grandeur, il sera réduit à sa plus simple expression révélant ainsi à la face de tous la vacuité de sa personnalité et la certitude de son néant.

Mamadou Koulibaly a préféré la poltronnerie à la honte de la débâcle. Celui-là même qui se présentait depuis des années comme le candidat descendu du ciel pour sauver la planète de la banqueroute, vient contre toute attente et à peine la campagne lancée de jeter l’éponge dans la course à l’élection présidentielle. Pourquoi ? Serait-on tenté de se demander. En effet pourquoi nous avoir soûlés pendant des années avec ses arguties politico-économiques et ses promesses de société idéale si c’était pour se débiner dès le coup d’envoi donné ? Pourquoi avoir fait monter la sauce notamment ces derniers mois à travers meetings de remobilisation, création d’une coalition de l’opposition, ateliers de formation de militants entre autres si c’était pour lever le pied au moment d’affronter les urnes. Pourquoi avoir fait acte de candidature ? Pourquoi avoir accepté les 100 millions offerts pour sa campagne ? Pourquoi ? Pourquoi ?…..

La défection d’un évanescent Essy Amara n’a pas suscité autant d’interrogations. Contraint et presque forcé à se lancer dans la course, ce monsieur s’est toujours demandé ce qu’il faisait dans ce guêpier. Son retrait n’était donc que la suite logique d’une introspection commencée le jour même où répondant à l’appel de quelques facétieux, il avait accepté de monter à bord de ce train pour nulle part. Prenant soin au passage de s’asseoir à la fenêtre au cas où la fermeté qui lui avait manqué pour dire non à cette farce lui revenait pour servir ses projets de désertion. La comédie n’avait en fait que trop duré.

Mais lui Mamadou Koulibaly, le chantre de la bonne gouvernance, l’électron libre de la refondation maintes fois cité pour son indépendance d’esprit, le chevalier sans peur et sans reproches qui n’hésite pas à tirer sur son propre camp, le docte rhéteur si prolixe en critiques contre le régime Ouattara et qui nous assommait avec ces théories hermétiques sur le franc CFA flottant et la croissance à vingt chiffres…. Que peut-il nous donner comme arguments convaincants pour justifier pareille dérobade? Je veux bien ranger l’épisode de la photo de campagne au rayon des anecdotes et croire que notre professeur émérite voulait faire un dernier trait d’humour avant de tirer sa révérence. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le sérieux de son attitude quant aux revendications dont il semble faire des préalables.

Si un chef d’état devait se soumettre à tous les caprices de son opposition avant d’aller aux élections il finirait par se tirer une balle dans le pied. La vérité se trouve dans les urnes. Et non à la télévision. La loi prévoit bien un temps d’antenne équitable pour tous les candidats pendant la campagne mais pas avant. Un chef d’état à l’approche d’un scrutin ne cesse pas d’être un chef d’état. Les visites qu’il entreprend dans le cadre de ses fonctions ne sauraient être boycottées par les médias d’état sous prétexte qu’un opposant en a formulé le vœu. Quant aux griefs sur la composition de la CEI, je me permets de faire remarquer à notre agrégé que le fait d’être représenté dans cette commission peut se révéler inopérant pour contrer la fraude qu’on redoute si on n’a pas assez de représentants pour couvrir l’ensemble des bureaux de vote. À moins bien sûr d’avoir un plan à la Pickass qui consisterait à bloquer les résultats en réduisant tous les PV en charpie. Mais là encore il faudrait rééditer le même exploit au CC. Ce qui est moins évident.

En vérité, Mamadou Koulibaly a peur. Peur de la sanction du peuple, peur de la défaite, peur du ridicule, peur de l’humiliation qui se profile à l’horizon et de la mort politique qui en découlerait. Enfermé dans sa caverne et mu par ses passions narcissiques et égocentriques, MK a peur d’affronter la réalité et craint d’apparaître au grand jour dans toute sa nudité. Son amour propre, son besoin de plaire, sa quête de respect pourraient en prendre un coup. Une sévère déculottée risquerait de sonner le glas de ses ambitions de grandeur. Comment pourrait-il affronter le regard interrogateur de ses ouailles, lui le saint homme promis à un destin présidentiel si au soir du scrutin il apparaissait évident pour tous que sa popularité maintes fois clamée n’était que pure fantasme. Après la branlée des Législatives 2011 à Koumassi (les fameux 2%) les militants désabusés ne manqueraient pas cette fois ci de demander des comptes à un leader qui en guise de victoire ne leur ramène que des cuillères en bois. On imagine dès lors l’anxiété de notre homme qui pris entre le marteau et l’enclume préfère se dégonfler au moment de le la bataille au risque apparaître aux yeux de tous comme un vulgaire pleutre. Mais conscient qu’il aurait plus à perdre dans ce combat plus qu’inégal contre un adversaire dont la puissance de frappe n’est plus à démontrer.

MK doit être bien malheureux à cet instant. Sa fuite lui permet d’éviter la correctionnelle et de sauver la face. Mais il lui reste à affronter ses propres démons. Ceux qui font de lui un insociable et un faire-valoir politique nostalgique d’une grandeur perdue derrière laquelle il court en vain…

Jean Ecclésiaste

 

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here