Présidentielle ivoirienne : faut-il mettre au pilori la cei ?

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Pour le scrutin présidentiel du dimanche dernier, on peut, sans craindre de se tromper, avancer que le pari a été relevé. En effet, dans un climat empreint de sérénité, ceux des  6 millions d’Ivoiriens inscrits sur les listes électorales qui désiraient exercer leur droit de vote, ont pu le faire sous la bienveillance sécuritaire de 34 000 soldats dont 6000 Casques bleus. Selon le vice-président de la Commission électorale indépendante (CEI), le taux de participation est de 60%, contrairement à 2010 où l’on frôlait les 80%. Il faut, de ce fait, non seulement saluer la maturité d’esprit des Ivoiriens qui montrent ainsi leur détermination à vaincre le signe indien de la violence électorale, mais aussi l’irremplaçable rôle des autorités coutumières et religieuses qui n’ont cessé, de façon indéfectible, de prêcher la paix en Côte d’Ivoire. Dans un scrutin dont l’enjeu principal était le taux de participation en raison des appels au boycott et du retrait subit, de la course, de certains candidats de l’opposition,  c’est la CEI qui, au cœur de l’organisation du scrutin, n’a cessé d’inciter les Ivoiriens à s’inscrire sur les listes électorales, donnant ainsi raison aux abstentionnistes. Des ratés essentiellement dus aux tablettes biométriques qui étaient censées permettre un contrôle simple et infaillible de l’identité des votants en plus des listings d’émargement déjà existants, ont été constatés. Certains responsables de bureaux de vote en ont découvert le fonctionnement le jour même du scrutin. Ou alors, les tablettes dédiées à un bureau avaient été livrées dans un autre bureau, occasionnant parfois une belle pagaille et des retards de deux à trois heures dans certains des 19 000 bureaux de vote. Certes, il faut se féliciter de l’intention de la CEI de vouloir bien faire en usant des nouvelles technologies pour accroître la transparence et la célérité du scrutin. Car «on n’arrête pas le progrès», comme on le dit et à sa décharge, c’est la première fois que ce système est expérimentée en RCI et aucun pays n’est à l’abri de la défaillance technologique.

L’Afrique doit tourner la page des élections bâclées

On a encore en mémoire les dysfonctionnements du système de vote électronique lors de la présidentielle  qui a opposé Bush à Al Gore dans la décennie 2000. Toutefois, la CEI ne saurait se dédouaner à si moindres frais. Elle savait pertinemment qu’elle était attendue  « au tournant ». Au regard du sombre passé de cette institution dont le rôle a été souvent indexé dans la mauvaise gouvernance électorale en RCI, et des  récentes récriminations de l’opposition à son encontre, elle devait mettre un point d’honneur à organiser une élection propre, sachant que tout couac apporterait de l’eau au moulin de l’opposition. Toute chose qui ne va pas sans rappeler la sombre page des violences électorales en RCI. En cela, la CEI a lourdement fauté. Elle donne raison à l’opinion africaine selon laquelle, le problème en Afrique, c’est la qualité approximative des scrutins électoraux, qui empoisonne l’atmosphère sociale souvent très volatile. De ce fait, la CEI n’a pas rendu service à Alassane Dramane Ouattara qui peine déjà sur les sentiers pierreux de la réconciliation et de la concorde nationales, surtout qu’il avait commis l’impair de faire la sourde oreille face aux revendications de réformes de l’opposition. L’Afrique de façon générale et la Côte d’Ivoire en particulier,  doivent tourner cette page des élections bâclées. Si tant est que l’on veuille aller dans le sens de l’amélioration de la gouvernance électorale en Afrique, il faut exiger des Commissions électorales le devoir de rendre compte. Elles ne doivent être ni haut perchées ni intouchables et doivent nettement encourir des sanctions en cas de fautes graves. Non seulement, elles fournissent très souvent l’étincelle qui embrase les scènes politiques, mais leur attitude frise parfois la délinquance financière. En effet, « baillées » très souvent à des centaines de milliards de F CFA par les contribuables et les aides internationales, elles organisent dans bien des cas des mascarades électorales nauséeuses. Il est donc plus que temps de mettre fin à l’impunité des commissions électorales africaines censées être indépendantes.

SAHO

Le Pays (Burkina Faso)

 

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