Qui n’a pas dîné avec le « Diable » au Burkina ?

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« Nous avons dîné avec le Diable, mais nous ne sommes pas le diable ». Ces propos d’un des anciens hommes forts du régime de Blaise Compaoré à savoir Salif Diallo entré dans l’opposition, alimentent l’actualité politique au Burkina Faso. Salif Diallo et ses amis ne sont pas les seuls à avoir dîné avec le « Diable ».

Qui n’a pas déjeuné, dîné, soupé à la même table que le « Diable » ? Si l’on pense que le « Diable » ici cité est Blaise Compaoré, l’on se demande alors qui n’a pas collaboré avec lui et son régime ? Peu d’hommes politiques peuvent se bomber la poitrine. Roch, Simon et Salif sont les plus en vus, eux qui ont quitté le navire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à la dernière minute, soit une année avant l’insurrection populaire. Mais il y en a beaucoup d’autres.

Ces trois qui ont bien diné avec le « Diable »

Et là encore, ces leaders avaient été écartés de la gestion du parti par Blaise Compaoré et son frère François. Leur départ a été ressenti comme un dépit. Mais, ils ont bien côtoyé le « Diable ». Simon Compaoré a été directeur de cabinet de Blaise Compaoré qui était ministre dans le gouvernement de Thomas Sankara. Il a dirigé différentes instances du régime Compaoré jusqu’à sa nomination comme maire de la ville de Ouagadougou de 1995 à janvier 2012. Salif Diallo également était là au tout début du régime de Blaise Compaoré en occupant différents postes comme ministre de l’Emploi en 1991, ministre des Missions, de l’Environnement et de l’Eau, de l’Agriculture. Cet ancien vice-président du CDP et directeur de campagne de Blaise Compaoré est tombé en disgrâce avec son ancien mentor en 2008 puis il a été limogé de son poste de ministre et nommé ambassadeur.

C’est à partir de 1989 que Roch Marc Christian Kaboré occupe, plusieurs postes ministériels à savoir le ministère des Transports et de la Communication, le ministère chargé de l’action gouvernementale avant de devenir président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2012. C’est dans les mêmes conditions que Roch, Salif et Simon qu’il quitte le CDP pour s’opposer à la modification de l’article 37 de la Constitution qui limite le mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une fois.

D’autres aussi ont mangé avec le Diable

Toutefois, Roch, Salif et Simon ne sont pas les seuls à avoir pris un repas avec le président Blaise Compaoré. Le leader de l’ancienne opposition Zéphirin Diabré a également été convié à la table du « Diable ». Il a été membre du gouvernement de Blaise Compaoré entre 1992 et 1996 en tant ministre de l’Economie et des Finances (un poste stratégique confié aux personnes de confiance), conseiller aux affaires économiques de Blaise Compaoré comme l’était François Compaoré. Ce qui prouve que lui aussi était un homme de confiance de l’ancien président. Zéphirin Diabré a aussi été député de l’ODPMT aujourd’hui CDP entre 1992 et 1997, président du Conseil économique et social (CES).

Saran Séré Sérémé, combattu depuis le régime de Thomas Sankara mais aussi par Blaise Compaoré, renouera plus tard de bons rapports l’ancien président. De retour d’exil du Mali, Saran Sérémé, est élu députée pour le compte du CDP de Blaise Compaoré d’abord dans la boucle du Mouhoun en 2002 puis en 2007 dans la province du Sourou. Saran Séré Sérémé sera même membre du bureau politique de ce parti avant de s’en aller pour des questions de positionnement sur la liste électorale lors des élections législatives deux ans avant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Michel Kafando, l’actuel président de la Transition a représenté le Burkina Faso sous le régime de Blaise Compaoré de 1998 jusqu’à sa retraite. Son actuel premier ministre Yacouba Isaac Zida a fait presque toute sa carrière au sein du régiment de sécurité présidentielle (RSP) de 1996 quand il était commandant de compagnie  jusqu’à la chute de Blaise Compaoré alors qu’il était chef de corps adjoint.

Le professeur Laurent Bado, un homme qui n’a pas sa langue dans sa poche s’est plusieurs fois vanté d’avoir rédigé des discours de Blaise Compaoré qui ont été fortement applaudis à l’extérieur. Il a reconnu avoir reçu 15 millions de francs CFA de la part de Blaise Compaoré pour soi-disant construire une opposition forte. Laurent Bado a, à plusieurs reprises, affirmé qu’à part le défunt Norbert Michel Tiendrébéogo tous les autres hommes politiques n’avaient pas forcément les mains propres.

Pour paraphraser quelqu’un, « si on cite tous ceux qui ont dîné avec le « Diable », on ne va pas quitter ici ».

Boukari Ouédraogo

http://lemessagerdafrique.mondoblog.org

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