Les écoutes téléphoniques anti-Soro : analyse à froid d’une énième tentative d’assassinat politique

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N’en soyons point dupes. Les grandes nations d’Afrique contemporaines ont besoin d’institutions fortes incarnées par des hommes de haute exigence. Or qu’est-ce qu’un homme de haute exigence ? Ce n’est pas un simple collaborateur, fût-il le meilleur des collaborateurs. Il faut plus, pour incarner l’avenir. C’est d’être la figure idéale d’une génération humaine. Le meilleur des hommes politiques d’une génération n’est ni le plus fanfaron, ni le plus  beau, ni le plus grand, ni le plus petit, ni le plus pauvre, ni le plus riche, ni le plus fort, ni le plus malin, mais celui en qui le peuple profond ressent la vertu d’être son leader en raison de sa capacité à incarner l’intérêt général. Celui qui a acquis et montré sa capacité à être au cœur du peuple, dans ses grands moments historiques, comme un poisson dans l’eau. Celui qui sait sécher les larmes des siens et donner sa poitrine pour la Cause Commune, avec fidélité, loyauté, lucidité et courage. Comment le dire autrement ? Dans la vie des grands hommes politiques, la plus grande confiance du peuple vient de la traversée réussie de l’épreuve du Feu. Certains, ayant perçu l’ampleur de l’adhésion du peuple à l’un de ses élus, s’échinent à briser son destin, à multiplier des obstacles sur la voie destinale de l’homme d’Etat, dans l’espoir de tordre le coup au message subliminal de l’âme du monde, qui met certaines figures politiques en réserve, afin que l’œuvre de la république se poursuive dans une merveilleuse continuité. N’en est-il pas ainsi de Guillaume Kigbafori Soro, au four et au moulin de la république de Côte d’Ivoire depuis 1995, combattant suprême contre l’ignominie ivoiritaire dès 2001, plusieurs fois ministre d’Etat, premier ministre, et depuis 2012, président de l’Assemblée Nationale de son pays ? Guillaume Soro, à l’instar d’Alassane Ouattara entre 1989 et 2010, n’a-t-il pas entamé la plus terrible des marches, celle où les coups les plus ignobles pleuvent à gauche et à droite contre l’homme d’Etat, uniquement parce qu’on sait que l’avenir l’appelle subtilement et objectivement? C’est pourtant un si grand destin qu’on a voulu tuer, le jeudi 12 novembre 2015, en balançant sur les ondes médiatiques ivoiriennes et internationales, une bande audio-magnétique qui se voulait comme un coup de grâce contre l’homme. On croyait ainsi abattre un homme, mais on a ouvert une monstrueuse boîte de Pandore. Tous les observateurs attentifs s’accordent à dire qu’avec la sérénité et la célérité qui caractérisent son dispositif, Guillaume Soro et ses hommes auront fait front avec efficacité et lucidité contre ce énième scandale destiné à célébrer la messe de requiem de la carrière politique du Chef du Parlement, avant de précipiter sa descente aux Enfers de l’oubli mortel. Maintenant donc que le soufflet du scandale des écoutes téléphoniques est retombé, faisons l’effort de sortir des émotions pour écouter la voix de la raison, afin de cerner l’enjeu et la portée historique de cette affaire des écoutes téléphoniques. Dans la présente analyse, où j’emprunterai le rasoir  du célèbre philosophe Guillaume d’Ockham pour qui il faut s’en tenir aux faits pour ne pas tomber dans le délire,  je me propose d’étudier patiemment, à propos des écoutes téléphoniques en question, deux hypothèses dont l’analyse nous conduira, je l’espère chères lectrices et lecteurs, à des évidences indiscutables. Ne faut-il pas s’adresser aux plus sceptiques pour conquérir le trophée du vrai ? Husserl, le penseur allemand, disait que lorsque l’évidence traverse l’épreuve du doute, elle devient apodictique. C’est-à-dire que la chose devient si vraie que même un aveugle physique pourrait la voir, intellectuellement parlant. Notre première hypothèse testera donc la supposition que la bande audio-téléphonique de 16 minutes environ, diffusée par le journaliste Théophile Kouamouo, soit entièrement authentique ; la seconde hypothèse testera l’hypothèse contraire, celle que la bande ait été traficotée, et reviendra donc aux grands enseignements de la bande originale de l’écoute, telle qu’elle a été restituée par les journalistes d’investigation abonnés à d’autres méthodes que celles du sulfureux Théophile Kouamouo. A l’issue de l’analyse du sens et des conséquences de ces deux hypothèses, il nous plaira de tirer quelques leçons dignes de prémunir l’opinion ivoirienne et l’opinion internationale contre les dangers de ces pratiques d’intrusion dans la vie privée des citoyens de nos jeunes démocraties africaines.

I – Première hypothèse,  raisonnons par l’absurde : et si la bande publiée par Théophile Kouamouo était vraie ?

Un dicton latin dit  credo quia absurdum, « je crois parce que c’est absurde ». Imaginons un seul instant donc, ce qui est absurde puisque c’est très loin d’être la réalité,  que les écoutes téléphoniques d’une durée de 16 minutes environ, publiées par M. Théophile Kouamouo le jeudi 12 novembre 2015 en début de matinée soient authentiques. Imaginons sérieusement que ce journaliste aujourd’hui résident en France,  par un miracle digne des contes de fées, ait eu accès au contenu réel et intégral des conversations téléphoniques de citoyens ivoiriens et burkinabé. Il y aurait incontestablement péril en la demeure ! Car, que s’en suivrait-il, logiquement ?

Poursuites judiciaires en vue contre l’intrus Kouamouo…

1° Il s’ensuit en effet que le journaliste Théophile Kouamouo, citoyen français d’origine camerounaise, est détenteur de moyens techniques exceptionnels d’entrée par effraction dans l’intimité des personnes privées que sont le Président Guillaume Soro et le Général Djibril Bassolé,  respectivement citoyens de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, à leur insu et contre leur gré. Qui donc serait prêt à accorder de facto à Monsieur Théophile Kouamouo, le droit de s’intruser dans la confidentialité des conversations téléphoniques des citoyens ivoiriens et burkinabé ? On a certes vu de nombreux internautes ivoiriens et burkinabé, appartenant à toutes les familles politiques de ces deux pays, se réjouir de cette prouesse du sieur Kouamouo. Est-ce à dire qu’écouter les conversations privées des ivoiriens et des burkinabé est désormais une activité qui réjouit profondément les peuples de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso ? Considèrerait-on comme un fait banal, le fait qu’un journaliste ait accès aux conversations privées des citoyens de nos républiques? Certes, en effet, la haine rentrée, la jalousie, les prétentions et les rivalités les plus abjectes, semblent avoir inspiré cette révélation téléphonique. Mais accepte-t-on, à cause de la haine contre Guillaume Soro, de livrer toutes les conversations téléphoniques privées des Ivoiriens, quel que soit leur classe sociale, leur statut économique, ou politique, à l’écoute d’intrus de toutes sortes ? L’hypothèse que les 16 minutes de la bande audio-téléphonique de M. Kouamouo soit vraie nous conduit dès lors à prendre conscience d’un danger gravissime qui menace désormais tous les citoyens de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso : la violation de l’intimité de leurs conversations téléphoniques ne diffère en rien de l’intrusion d’une caméra cachée dans la douche d’une belle femme qui apprend dès le lendemain que toutes les parties intimes de son corps sont offertes, contre son gré, à la délectation des voyeurs du web. On comprend dès lors que Monsieur Théophile Kouamouo soit désormais éligible  à des poursuites judiciaires en bonne et due forme, pour faits de violation du secret des conversations téléphoniques, qui relèvent, pour ce qui est de la France par exemple, du Code Civil français, en son article 9, et de la Convention européenne de 1950, consacrant le droit au  respect de la vie privée. Mieux encore, le Code Pénal français classerait sans difficulté l’acte ignoble de Monsieur Kouamouo dans la qualification de violation du secret de la correspondance, « qu’elle circule par voie postale ou par télécommunication. Les dispositions qui frapperaient le journaliste imprudent sont consignées, entre autres dans  l’article 9 du code civil,  dans les articles 226-15 et 432-9 du code pénal français et par l’article L33-1 du code des postes et des communications électroniques…Dans le Code Criminel du Canada, à titre d’illustration supplémentaire, l’article 184 prévoit ce qui suit : « Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans, quiconque, au moyen d’un dispositif acoustique, mécanique ou autre, intercepte volontairement une communication privée ».Enfin, pour le Burkina Faso, il pourrait, par exemple, être fait appel au cadre juridique tracé par la loi 010-2004/AN du 20 avril 2004 portant protection des données à caractère personnel et de l’Acte additionnel A/SA.1/01/10 du 16 février 2010 relatif à la protection des données à caractère personnel dans l’Espace CEDEAO, etc. Ces questions relèvent bien sûr d’une expertise juridique en cours de mobilisation, un Conseil d’avocats ayant dûment été constitué par le président Guillaume Soro pour faire rendre gorge aux imposteurs Kouamouo et compagnie.

Péril sur les  vies privées au Burkina et en Côte d’Ivoire…

2° La deuxième conséquence logique de la première hypothèse – celle qui suppose authentiques les 16 minutes de la bande audiotéléphonique diffusée par Monsieur Kouamouo- , c’est celle qui suppose que n’étant pas une autorité sous-régionale, n’étant ni un officiel du Burkina Faso ou d’un quelconque Etat ouest-africain, Monsieur Kouamouo a donc dû bénéficier de complicités étatiques, au moins au cœur des Renseignements Généraux de l’Etat du Burkina Faso. Si Monsieur Kouamouo détient ce document par le biais des Renseignements Généraux du Burkina Faso  ou par les services d’un autre Etat que nous ne pouvons imaginer, ne convient-il pas de se demander si les services secrets de ces pays n’ont pas basculé entre temps dans des méthodes de voyou et dans la violation de toutes les normes en matière de diplomatie et de courtoisie politiques ? Dans les pires affaires d’écoutes audiotéléphoniques à travers l’Histoire, telles le Watergate américain ou l’affaire Clearstream, le drame est  justement né de la légèreté de certains renseignements généraux convertis par corruption aux méthodes de voyous ! Diffuser médiatiquement des écoutes téléphoniques, c’est discréditer définitivement ce qui fait justement  la fonction du service secret, à savoir le secret des informations détenues. Qui peut ou veut  donc, dans toute la sous-région ouest-africaine, s’accommoder aujourd’hui d’une situation où des services de renseignement généraux d’un pays livrent les conversations privées des citoyens internes ou voisins à la vindicte publique, au lynchage médiatique et à la démolition psychologique qui n’est qu’un prélude à la destruction physique ? Accepterait-on, à la suite de la méthode barbare dont les citoyens Guillaume Soro et Djibril Bassolé ont été victimes, par le fait de ce journaliste sulfureux et de ses complices dans les renseignements généraux burkinabé- puisqu’ils ont évoqué publiquement l’existence de tels enregistrements par la voix du Colonel Sita Sangaré- , que désormais les conversations téléphoniques privées de tous les burkinabé et de tous les ivoiriens, mais aussi des ministres, premiers ministres, hauts magistrats, officiers de haut rang, députés, hauts fonctionnaires, Chefs d’Etat, de toute la sous-région ouest-africaine fassent l’objet d’un tel espionnage et de telles divulgations explosives ? Et puisque le FPI, parti éminemment ami de Théophile Kouamouo, veut bien participer à la mêlée, plairait-il à messieurs Affi Nguessan, Aboudrahmane Sangaré, Firmin Krékré, et autres hommes politiques ivoiriens  de retrouver leurs conversations téléphoniques privées et respectives dans la presse ?  La Raison nous commande de reconnaître que le Rubicon a été franchi dans cette affaire : laisser prospérer la violation de l’intimité des usagers téléphoniques du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire, c’est de fait livrer la dignité, mais aussi la sécurité de l’ensemble des citoyens à la merci de toutes sortes de pyromanes des ondes. Il apparaît donc très clairement que l’hémorragie doit être immédiatement stoppée, et les auteurs de ces dérives dans les renseignements généraux du Burkina Faso et de tout service extérieur complice,  identifiés et exemplairement sanctionnés ! Les autorités légales et légitimes des Etats Africains ont intérêt à prendre le taureau de la violation des conversations téléphoniques ainsi révélées par les cornes. Sinon, ce sera le péril permanent sur les vies privées des citoyens du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire…

II – Deuxième hypothèse : et si la bande audiotéléphonique de Théophile Kouamouo était le résultat d’une manipulation perfide de la bande originale de la conversation Soro-Bassolé ?

Dans cette seconde hypothèse, Théophile Kouamouo et ses commanditaires auront atteint le summum de l’abjection. Non seulement, ils auront tenté de détruire politiquement un homme d’Etat en livrant son intimité à la foule, mais ils auront en plus fabriqué une pseudo-réalité pour abuser de tout le monde, y compris des adversaires ou ennemis de Guillaume Soro eux-mêmes qui auraient pu se laisser embarquer dans un combat perdu d’avance. Mieux encore, Kouamouo et ses commanditaires confirmeraient alors plus nettement qu’ils étaient en mission commandée de haute portée.  Tous les coups sont-ils définitivement permis en politique ? Doit-on dire avec le philosophe américain William James, que «  La vérité, c’est ce qui réussit ; le salaire du brigand blanchit son brigandage » ? Peut-on désormais librement et impunément trafiquer des conversations téléphoniques obtenues par voie frauduleuse et s’en servir pour détruire publiquement l’honneur de nobles et paisibles citoyens attachés à leurs obligations ? Il urge de savoir si la politique doit être une foire-à-tout de la bassesse humaine. Car loin d’être une simple curiosité de journaliste d’investigation, la violation des correspondances téléphoniques privées des sieurs Soro et Bassolé par Théophile Kouamouo et commanditaires obéissait dès lors à un projet bien ciblé : contraindre Guillaume Soro  à démissionner, devant l’indignité des faits qui lui sont reprochés, de ses fonctions de Chef du Parlement Ivoirien, le livrer non seulement à la vindicte populaire, mais aussi au harcèlement judiciaire, afin de mettre un terme à sa carrière politique, avant éventuellement de procéder à sa liquidation définitive…Accessoirement, entériner bien sûr la privation abusive de liberté dont le Général Bassolé et de nombreux cadres politiques de l’ex-majorité présidentielle sont victimes de la part des autorités de transition du Burkina, elles-mêmes issues d’un putsch maquillé en insurrection, accompli en octobre 2014 contre le régime démocratiquement élu du Président Blaise Compaoré. Nous sommes donc, je le répète, face à  l’avant-garde d’un projet d’assassinat politique visant le Président Guillaume Soro. Qu’on se dise la vérité !

Une bataille médiatique en deux temps le 12 novembre 2015…

Comment comprendre cette funeste tentative d’assassinat politique contre le Président Guillaume Soro ? La journée médiatico-politique ivoiro-burkinabé du 12 novembre 2015 s’est en réalité déroulée en deux temps.  Retraçons-en les deux temps avant d’en venir aux conséquences de cette hypothèse. En milieu de matinée, le journaliste Kouamouo, partisan connu du FPI de Laurent Gbagbo, puis de Mamadou Koulibaly, puis de la galaxie pro-Gbagbo en exil au Ghana, en Afrique du Sud, au Cameroun, en Europe et aux Etats-Unis, balance son missile médiatique : seize minutes d’une conversation téléphonique incroyable qu’il attribue tranquillement au président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro et à l’ex-ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, le Général de Gendarmerie Djibril Bassolé. La vraisemblance des voix qu’on y entend sème pendant de longues heures, le doute et la panique dans l’opinion. On peut croire que Kouamouo et ses commanditaires embusqués ont accompli le coup de Jarnac du siècle ivoirien. L’émotion la plus intense et l’agitation la plus fébrile s’emparent du monde ivoiro-burkinabé. Les supporters de la transition Kafando-Zida jubilent sur le web, à tue-tête : ils tiennent leur preuve absolue, croient-ils. De l’autre côté, dans la médiasphère ivoirienne, le doute anti-Soro atteint son paroxysme : « C’est lui, Soro est fini », disent ceux qui, clairsemés ans tous les camps politiques, ne rêvaient plus que de cela. « Ce n’est pas possible », claironnent, comme sonnés groggy les nombreux partisans du président Soro, massivement présents sur les réseaux sociaux, où la nouvelle fait rage. La mi-journée du jeudi 12 novembre 2015 sera traversée dans  cette espèce de cauchemar médiatique infligé aux amis de Guillaume Soro, en même temps que la jubilation des partisans des manipulateurs est extrême. On nous rapportera même que certaines officines ont célébré très tôt l’événement en pétant force bouteilles de Champagne Magnum. Le summum du cynisme. Or n’a-t-on pas, une fois de plus vendu trop tôt la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?

Ce qui éveille très vite l’intelligence des analystes les plus divers de cette divulgation médiatique, c’est le degré de légèreté et de décontraction avec lequel les deux interlocuteurs supposés abordent des questions pourtant réputées extrêmement sensibles : poursuivre le coup d’Etat du 16 septembre 2015 par d’autres voies que celle du Général Diendéré ? Financer lourdement des troupes ? Attirer les armées burkinabés dans une manoeuvre de diversion ? Eliminer certains acteurs politiques ? Autant de sujets dont l’extrême gravité est si évidente que croire qu’à ce niveau de responsabilité politique, on en parle ainsi au téléphone, c’est exactement comme prétendre qu’une prostituée chevronnée peut être vierge. Qui est vraiment fou pour en parler ainsi ? Qui plus est, le niveau de langue prêté par l’enregistrement de Kouamouo aux deux hommes politiques est d’une telle grossièreté élémentaire que ceux qui connaissent l’amour de Guillaume Soro pour les belles-lettres et sa maîtrise des arcanes de la géostratégie , tout comme le niveau élevé de culture spirituelle et politique du Général de Gendarmerie Djibril Bassolé, ne sauraient gober les mouches que les 16 minutes de Kouamouo veulent leur faire avaler.

Le deuxième temps de la journée médiatique ivoiro-burkinabé du 12 novembre 2015 sera dès lors lancé, quand Guillaume Soro, revêtant ses habits de Général des jours difficiles, lâche ses troupes intellectuelles et médiatiques dans l’arène. Après 18h30, french time, les données commencent à changer résolument. L’équipe de communication et les amis de Guillaume Soro sur les cinq continents portent la contradiction au poison de l’intoxication de l’Intérieur et de l’Extérieur. Des renforts inconnus jaillissent de partout dans la blogosphère mondiale, qui dénoncent l’extrême bassesse et l’incongruité de l’attaque infligée à la deuxième personnalité politique de Côte d’Ivoire. L’émoi pour le grand combattant anti-ivoiritaire, le tombeur du xénophobe-nationaliste Gbagbo,  est immense. La surprise change dès lors de camp. Les fous-rires des manipulateurs se transforment en rictus. Le vent tourne et revient livrer de violents coups de boomerangs aux envoyeurs du canular.

De seize minutes délirantes et traficotées à quatre minutes bien ordinaires et originales…

Dès le début de l’après-midi du 12 novembre, RFI, France 24, Le Monde,  fleurons de la presse française, ont eu le courage de souligner, comme de nombreux autres médias après eux,  que cette bande audiotéléphonique souffrait d’un manque évident et irrécusable d’authenticité.  Le ver que cachait le fruit était désormais visible.  Par la suite, des experts indépendants consultés par le Cabinet Soro analysent la fameuse bande de seize minutes et y décèlent rigoureusement de nombreuses défaillances techniques : la bande son est floue et confuse, elle est hachée, la voie de Guillaume Soro paraît tantôt authentique, tantôt doublée par un imitateur dont le talent ne saurait cacher les limites.  On se rend vite compte que, bizarrement,  chaque fois que des choses gravissimes sont attribuées à la voix faisant office de Guillaume Soro, c’est évidemment le fameux doublon qui parle et non lui-même. Chaque fois qu’il parle de choses neutres, c’est plutôt la voix naturelle du député de Ferké qu’on entend. Les experts, qui publieront le résultat de leur enquête sur le site du journal L’œil D’Afrique,  parviennent ainsi à reconstituer les zones de faille de la bande audiotéléphonique de Kouamouo et réussissent à remonter, et retrouver la conversation originale entre le Président Guillaume Soro et le Général Djibril Bassolé. Ladite bande originale, il convient de le préciser,  avait été sécurisée par un avocat constitué, dès les premières rumeurs d’écoutes téléphoniques anti-Soro venues du Burkina. Il s’agit de quatre minutes dans lesquelles, il est en tout et pour tout question de conseils de prudence et d’actes fraternels de solidarité du Chef du parlement ivoirien envers le ministre Bassolé qu’il connaît de fort longue date, comme la quasi-totalité du personnel politique burkinabé. Peut-on franchement reprocher à Guillaume Soro d’avoir de la compassion pour des frères africains victimes de persécutions avérées ? N’est-ce pas cela, la légendaire hospitalité et la fraternité vraie que chante l’hymne national ivoirien ? On aurait dû féliciter l’homme pour sa bienveillance, au lieu de le jalouser puérilement.  Tout çà, pour ça ? dirait l’ivoirien ordinaire. Est-ce diantre pour une conversation privée illégalement interceptée et malhonnêtement traficotée que l’honneur d’un homme d’Etat doit être livré à la délectation des chiens ?

Concluons donc notre analyse.

III – L’ignominie ne passera pas : que les officines de la haine de l’Intérieur et de l’Extérieur se ravisent !

Cette attaque médiatico-politique sans précédent dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso nous aura permis de tirer de nombreuses leçons de choses et de comprendre jusqu’à quel point les frêles démocraties africaines que nous bâtissons requièrent incontestablement le redoublement de nos efforts individuels et collectifs pour entrer irréversiblement dans la modernité politique. J’insisterai volontiers sur trois leçons essentielles : l’attitude souveraine et lucide du Président Guillaume Soro, de ses compagnons et de ses collaborateurs, face à la virulence et à la violence inouïe de la tentative d’assassinat politique amorcée par les commanditaires de Monsieur Kouamouo ; la réaction de nombreux pans de la société ivoirienne et de la communauté internationale des amis de Guillaume Soro ; enfin, les urgents réajustements politiques que la gravité de cette affaire requiert de toute évidence.

1° Guillaume Soro, l’homme droit debout dans la tempête

Je m’autorise à vous livrer, lectrice et lecteur, quelques confidences, avec l’aimable permission de l’intéressé lui-même.  Comment le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire a-t-il vécu les deux temps de la terrible journée du 12 novembre ?  Au plus fort de l’attaque médiatique du 12 novembre 2015 contre son honneur, sa dignité et sa personne, Guillaume Soro, fidèle à sa méthode de vie,  est entré dans un moment de profonde introspection. Lui, qui a consacré sa jeunesse à défendre l’inclusion des jeunes générations de son pays dans une citoyenneté active et proactive, lui qui a risqué par plusieurs fois sa vie pendant plus de dix ans avec de nombreux valeureux ivoiriens pour combattre un régime criminel, discriminatoire, mensonger, lui donc, Guillaume Soro, qui a loyalement et courageusement participé à la défense de la souveraineté démocratique de son peuple en le conduisant aux élections de 2010 et en soutenant créativement la réélection magistrale du Président de la République Alassane Ouattara en 2015, était-ce donc lui qu’on voulait ainsi livrer à la risée des siècles en réduisant en poussière une carrière politique faite d’infinis sacrifices pour des valeurs universelles et incontestables ? Guillaume Soro, un temps en compagnie de son frère cadet Simon, a écouté et réécouté la fameuse bande du sulfureux Kouamouo. Ce qu’il entendait dire par le personnage qu’on lui attribuait était si stupide et incroyable qu’il en était à se demander s’il ne fallait pas qu’il se déteste lui-même. Avait-il agi dans un moment de somnambulisme ? Avait-il pu dire de telles choses sans s’en souvenir ensuite ? La présence secourable de Simon Soro a été fort utile à son illustre aîné. C’est lui, Simon Soro, qui décèle rapidement les premières inflexions étranges de la voix attribuée à son frère :

-Grand frère, cette voix n’est pas entièrement de toi. Il y a quelqu’un d’autre qui parle.

– Tu le sens, Simon ?

-Assurément grand frère. Réécoutons.

A la troisième écoute, Guillaume Soro lui-même était parfaitement à même de détecter les phrases du doublon et de reconnaître les lambeaux restants de sa propre conversation originale avec le Général Djibril Bassolé. L’expertise indépendante qui s’en est suivie lui a parfaitement donné raison. Et dès lors, c’est sans précipitation que le Président Soro a instruit à ses équipes l’essentiel de la mise au point dont le monde entier attendait la parution. Droit debout dans la tempête, comme en 1995-1998, comme en 2001-2011, Guillaume Kigbafori Soro aura  tranquillement donné à voir l’extraordinaire cuirasse d’homme d’Etat qu’il endosse naturellement. Bien sûr, le Président aura eu une occasion inespérée de faire le tri entre les vrais et les faux amis de circonstances. Les premiers, tout naturellement assument l’adversité, dans une loyauté naturelle. Les seconds, pourtant souvent si prompts à se faire adouber, détalent comme me le racontait le président avec ironie, à la première alerte. Heureusement, il y le formidable peuple de Côte d’Ivoire, qui quant à lui, a bonne mémoire des œuvres salvatrices de Tienigbanani. Et ceux qui savent ce qu’il représente pour l’avenir de son pays et de sa génération africaine se comptent aussi par millions à travers le monde…

2° La mobilisation exceptionnelle des Ivoiriens et des Amis Internationaux de Guillaume Soro

Ce qu’on a aussi vu lors de cette journée horrible du 12 novembre 2015, c’est qu’il y a une majorité souvent silencieuse d’Ivoiriens et d’amis de toutes les nations de Guillaume Soro qui n’acceptera jamais de laisser passer ce type d’offense contre ce leader générationnel incontestable. Accourus du pays profond,  d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie,  comme des fourmis, les Ivoiriennes et les Ivoiriennes, des Africains et des non-Africains qui se sentent intimement redevables du combat dirigé par Guillaume Soro contre l’ancien régime de l’Apartheid Ivoiritaire, sont sortis en masse sur les réseaux sociaux et ont courageusement porté l’estocade contre l’ignominie. La transition au pouvoir au Burkina Faso a été vertement sommée de respecter les autorités légales et légitimes de Côte d’Ivoire. Les fadaises du journaleux Théophile Kouamouo ont été déconstruites, pulvérisées, jetées dans les poubelles de l’amateurisme le plus minable. Les tentatives du FPI radical de récupérer l’occasion pour se refaire une santé qu’il ne retrouve toujours pas, ont fini en pétard mouillé devant la détermination des Ivoiriens conscients des enjeux de la paix et de la prospérité retrouvées dans le pays. Et quand aux faibles d’esprit qui y voyaient l’occasion de régler leur fameuse mythologie de la « guerre successorale » post-Ouattara, la mobilisation et surtout la démonstration faite de la manipulation en court auront suffi en quelques heures à leur faire provisoirement du moins, ranger leurs dards et ruminer leur venin dont ils risquent désormais de s’empoisonner tout seuls. Pourquoi ne pas vous dire, pour en finir avec la page des réactions, que n’eût été mon propre sang-froid, dopé par la compagnie d’un homme d’Etat de la carrure du Président Guillaume Soro, j’aurais pu céder à la panique ambiante dans certains milieux pourtant parfois favorables au président ?  Mon propre téléphone a été envahi de SMS de toutes sortes : « Professeur, cette fois, ton Président là est cuit » ; « Guillaume Soro, c’est fini » ; « Le cul de ton champion est dehors » ; « Il ne vous reste plus qu’à plier bagage » ; « On vous a pris la main dans le sac, prof » ; « Les Burkinabé ont fini avec vous » ; « Prof, c’est grave, faites quelque chose, dites quelque chose, le président est attaqué ! » . Mais quand vous avez en âme et conscience, la certitude de défendre l’œuvre d’un grand homme d’Etat, et quand vous mesurez vraiment l’espoir qu’il incarne, vous pouvez marcher droit devant toutes les adversités qu’on lui inflige. Un ami socialiste, Président d’une Région de France, qui a suivi cette actualité ivoirienne extraordinaire, n’a pas hésité à m’écrire ceci :

-« Guillaume Soro, décidément, est un homme politique doué d’une exceptionnelle résilience. Il a, qu’on l’aime ou pas, un bel avenir devant lui. »

Résilience : le mot est lâché. Capacité propre à certains hommes d’exception de traverser les pires épreuves avec sérénité, courage, lucidité et créativité. Comment dire mieux le caractère kigbaforien de l’homme ? Si l’on nous permettait un néologisme, la résilience à la Guillaume Soro correspondrait à sa kigbaforité, au sens Sénoufo de son propre nom, Kigbafori, une douce et sereine invincibilité trempée à l’art du combat politique et à l’endurance des traversées de désert les plus inimaginables. Sera-ce assez pour décourager les amateurs de coups bas ? Sera-ce assez pour que ceux que tentent sans cesse l’idée d’assassiner politiquement Guillaume Soro se ravisent avant qu’il ne soit trop tard pour leurs illusions ? Jusqu’où iront-ils pour salir un homme qui a pourtant servi son peuple avec abnégation, courage, intelligence et clairvoyance ? Puissent les mânes des siècles et l’âme du monde éveiller quelque sagesse chez ces téméraires, mus aveuglément par la haine épaisse, l’ignorance et l’ambition. Sinon, qu’espérer de l’avenir ?

3° Des réajustements urgents des lois  et dispositifs protégeant la vie privée  des communications téléphoniques et électroniques au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire

On a manifestement violé l’intimité des conversations privées d’un citoyen de Côte d’Ivoire et d’un citoyen burkinabé.  De quel droit ? Au nom de quel décret ? Au nom de quelle autorisation expresse ? Avec quelles complicités ? Cette affaire peut aider les jeunes démocraties africaines à prendre des mesures salutaires pour la vie privée de leurs ressortissants et résidents. Ne pas en tirer des leçons, ce serait ouvrir la pire des boîtes de Pandore médiatiques de l’Afrique contemporaine. A qui sera-ce donc bientôt le tour ? Un proverbe africain bien connu,   conseille à toute personne qui déguste une main de singe de ne pas oublier de bien contempler sa propre main pendant ce bien original repas…A méditer !

Au moment de clore le présent dossier, je me dois de souligner qu’il est fort souhaitable que les spécialistes du droit et de la sécurité des télécommunications, au Burkina Faso comme en Côte d’Ivoire, se penchent sérieusement sur les lois et dispositifs protégeant la vie privée des citoyennes et des citoyens. On a beau haïr Guillaume Soro, ce serait abomination que de sacrifier les libertés de tous les citoyens de Côte d’Ivoire et du Burkina, voire de tous les citoyens africains, comme on a manifestement violé la sienne et celle du Général Bassolé.  L’affaire des écoutes téléphoniques  anti-Soro met les Etats de toute l’Afrique en demeure de verrouiller les failles qui permettent ou facilitent de telles dérives. Deux réformes urgentes s’imposent dès lors dans leurs systèmes, qui consisteront :

 –A identifier les points et failles matérielles comme humaines,  du système de sécurisation des télécommunications nationales et internationales, que des pirates de l’information à la Kouamouo ne manqueront point d’exploiter pour semer la confusion dans les esprits non-avertis de leurs œuvres de prestidigitateurs de la haine et du mensonge sans bornes. 

-A sécuriser davantage l’intimité et la confidentialité des conversations privées des plus hautes autorités de l’Etat, dont la violation sans aucun doute,  constitue un acte de déstabilisation évidente des institutions républicaines.

Car s’il s’avérait finalement que ce sont les Services Secrets Burkinabé qui ont divulgué les conversations privées d’un citoyen burkinabé et d’un citoyen ivoirien, ouvrant ainsi ostentatoirement leurs coffres-forts  à la curiosité de toutes sortes d’aventuriers, ne s’ensuit-il pas qu’il n’y a  plus de services secrets au Burkina Faso ?

A quoi faudrait-il alors s’attendre bientôt ? A de nouvelles bandes sonores encore plus délirantes que les précédentes, où les ébats amoureux des hommes et femmes politiques, leur vie quotidienne et intime, tout ce qui fait l’intériorité sacrée de leurs existences deviendrait le menu quotidien des journaux et des ragots ? Ceux qui ont pris conscience du péril qu’il y a en la demeure sauront raison garder. Sans cette prise de conscience, disons-le tout net : le pire  serait encore à venir…Il nous a déjà montré son nez…Mais, pour le président Guillaume Soro et pour tous ceux qui croient en ce qu’il représente dans notre continent et dans notre époque, les épreuves, une fois de plus, ne sont que des jalons d’espérance. Ou bien les difficultés brisent un homme, ou bien elles achèvent de le rendre plus fort. Soyons donc prêts à tout, sereinement et imperturbablement, la vérité et la justice l’emporteront.

Un dossier de Franklin Nyamsi

Professeur agrégé de philosophie, Paris, France

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