Parti Unifié : voici ce qui bloque

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Le bureau politique du RDR s’est réuni le mardi 15 décembre 2015 pour débattre de l’épineuse question du retour ou non du RDR au PDCI, avec lui toutes les autres composantes du RHDP. Comme il fallait s’y attendre, c’est par un texte long, traduisant la confusion mais surtout la méfiance chez les républicains qui a été servi là ou un simple « Oui » ou « Non » ferait l’affaire. Le RDR dit « Oui-Non » au parti unifié. Une acrobatie politique qui cache difficilement un agacement quant à la conduite à tenir suite à l’appel de Daoukro de l’ex président Bédié, président du PDCI-RDA. Cependant, cet agacement trouve son explication dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire et des deux partis.

L’ivoirite

Il est clair que l’ivoirite est un lointain souvenir pour les différentes directions politiques. Mais pour la grande majorité des militants du RDR, l’Ivoirite est encore vivace. La candidature de KKB et celle de Banny ont fini par convaincre les sceptiques du RDR que le PDCI ne s’est pas encore séparé de ses vieux démons. A dire vrai, selon l’entendement des militants du RDR, c’est bel et bien le Pdci qui a créé l’Ivoirite théorique pendant qu’est revenu au FPI de Gbagbo l’application pratique de cette théorie qui divise les Ivoiriens en plusieurs catégories. Le retour du Pdci au pouvoir est perçu comme un reniement dans son combat initial. S’il est vrai que le président Bédié a clairement pris ses distances d’avec ce concept. Il n’en demeure pas moins que certains militants du Pdci portent en eux, cette « haine » des supposés étrangers. Rappelons-nous que le concept du « rattrapage » est aussi sorti, de façon inopinée, des officines du Pdci-rda. Jamais au grand jamais, un bureau politique ou comité central du vieux parti n’a renié l’ivoirite, du moins officiellement. Encore moins, le Pdci n’a exigé de ses militants de mouler leur prise de position en réfutant cette idéologie. Et comme on le dit dans les « grins ». Si Bedie n’est plus là et que le Pdci retombe dans la xénophobie, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer. Il faut que le vieux parti rassure son partenaire par une action claire et tranchée sur ce problème qui en sourdine mine cette unification/réunification c’est selon. Les thèmes de campagne de KKB et Banny ont piétiné dans le champ ivoiritaire frôlant quelques fois la xénophobie et le tribalisme. Fait marquant, ces deux candidats à la présidentielle d’octobre dernier ont été accueillis à bras ouverts lors du dernier bureau politique du Pdci. Toute attitude qui réconforte la base Rdr que seul Bedie a tourné dos à ce concept pendant que ses militants se plaisent à enfourcher cette trompette dévastatrice de la classification des citoyens de notre pays. Cette attitude suspecte du Pdci, du moins d’un nombre considérable des ses militants, a réveillé les soupçons de l’allié. Il est important que le Pdci, ne déclare « ivoirite-free » pour mettre son allié à l’aise pour une uni/réunification optimale. Le Rdr ne peut offrir le pouvoir en ayant a l’esprit que le sens de son combat pour être dévoyé par une certaine catégorie de xénophobes, tapis dans les rangs du Pdci et motivés a frapper après que le vieux ait tiré sa référence. L’appel de Daoukro, va au delà du président Bedie et engage la sincérité de la base traditionnelle Pdci pour une cote d’Ivoire dépourvue de sectarisme. Comme le disait un secrétaire de section sous l’anonymat et que nous citons : « si cet appel n’engageait que le président Bedie uniquement, le Rdr aurait par acclamation dit oui. Mais derrière lui, nous avons une suite d’inconnus à résoudre avant le oui. Spécialement le positionnement idéologique du Pdci vis-à-vis de l’ivoirite».

L’appel de Daoukro

Comme si personne ne veut le dire. L’appel de Daoukro, bien que partagé par les deux présidents trouve toute sa difficulté dans la lecture que chacun des leaders en fait. Cette lecture se traduit dans les différents communiqués des deux partis. Heureux d’être ensemble mais différemment. Pour Bedie, 2020 ce sera un cadre du Pdci qui aura le privilège d’être élu président à travers cette force politique qu’est le RHDP alors que pour Alassane Ouattara, ce sera le plus méritant des militants du parti unifié qui sera choisit. Les deux leaders disent deux choses diamétralement opposées. Le part unifié semble être un acquis mais l’exécution de la soit disante « alternance » pose problème. Si on veut aller sur la base que le parti unifié sera lancé incessamment alors on se pose la question de savoir comment distinguer un militant RDR de celui du PDCI si ce ne sont que sur des bases ethniques et tribales. La question de l’alternance est très sensible et faudra la gérer avec tacts. Les militants du Rdr, qui ne partagent pas forcement la vision « Bedie » de l’alternance, verrait d’un très bon œil, une compétition ouverte entre les différents postulants, d’origine Pdci ou Rdr. En réalité, la base Rdr veut être éliminée de 2020 que seulement sur une base démocratique. Elle se dit qu’il y a une confusion à ne pas faire entre le parti unifié et l’alternance en 2020. L’alternance étant que le Rdr ne sera plus le parti au pouvoir mais plutôt le parti unifié. Ils assimilent le choix de l’homme de « 2020 », sur cette base, à une autre forme de frustrations. Une autre réalité est que le Rdr et sa base se disent qu’ils ont les meilleurs chevaux pour succéder à Ouattara. Une longue liste de jeunes loups aux dents aussi longues que les ambitions remplissent la case fondée par Djeni Kobina. Peut-on légitiment les mettre à l’écart sur une base aussi injustes que le parti d’origine au détriment de la compétence ? les militants aimeraient y voir claire.

Le Pdci « mange » plus que le Rdr

Si un parti a bénéficié de la prise de pouvoir d’Ouattara dans ce pays, c’est bel et bien le Pdci d’Henri Konan Bedie. Sous silence la position non officielle de vice-président d’Henri Konan Bedie. A cela, faudra y ajouter le poste de premier ministre avec une pléthore de ministres dans un gouvernement dit RDR. Le plus heureux semblent être le Pdci et ses militants qui mangent sans faire du bruit. Se reconstruisent, avec eux leur parti dans un silence troublant, signe de la préparation d’une tempête programmée. En fait, pour le militant lamda, le Pdci est déjà au pouvoir. Quelle est donc cette alternance dont parle le président Bedie ? Est-ce que le Pdci pourra offrir sur un plateau d’or une primature comme c’est le cas aujourd’hui ? En fait que gagne le Rdr de manière claire dans ce deal ? que dit le Pdci sur ce point ? Peut-on être détenteur du pouvoir exécutif et le remettre à son allié sans contrepartie ? La base pense que l’appel de Daoukro doit être mieux décortiqué car ne faisant que l’affaire du Pdci.

L’après « Bedie »

Quel Pdci après Bedie ? Cette parenthèse nous ramène en quelque sorte sur la première. Celle de l’Ivoirite. Aucune lisibilité sur la réelle position du Pdci concernant ce concept. Bedie étant humain, il est clair qu’il sera rappelé un jour auprès de son créateur. Que sera alors son parti ? Rien n’est sur à ce stade. Le Pdci peut entrer en alliance avec le Fpi et embrasser sa théorie de l’ivoirite. En cela, la base du Rdr ne souhaite pas se faire hara-kiri.

La rédaction

Lementor.net 

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