Hamed Bakayoko : une actualité politique n’a jamais été un long fleuve tranquille

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La confidence suivante d’une bonne source n’est pas forcée :  » Quand le MEMIS (abréviation de ministère d’État, ministère de l’Intérieur et de la Sécurité) voit son jeune frère et ex patron chef de gouvernement en difficultés, il ne s’en réjouit pas puisque cela le renvoie à ses propres difficultés passées, et même à d’autres coups à venir. Pour lui chaque instant est une épreuve et aucune situation n’est définitivement acquise. Lui qui n’a pas encore acquis l’ensemble des positions acquises au sommet de l’État par Guillaume Soro (qui a été ministre d’État, Premier ministre et Président du parlement), reste pourtant aussi exposé et n’est jamais à l’abri de rien « .

La liste de quelques coups bas et difficultés auxquels, le MEMIS ivoirien a eu à faire face depuis ces dernières années, – hormis la prison sous Bédié, la disgrâce sous Gbagbo – en dit long.

La première difficulté fut d’agir pour mériter d’être digne de la confiance du Président de la République alors que même au Rdr, des cadres doutaient de son envergure et de sa compétence dans les fonctions de patron de la sécurité et de l’administration territoriale.

Hamed Bakayoko a gagné le combat de la crédibilité et est même parti pour être pour la troisième année consécutive le meilleur ministre de l’équipe Duncan, sans jamais avoir cessé d’être lui-même , sans avoir abandonné au détriment des anciens amis, les inévitables nouveaux amis que la vie au sommet du pouvoir met sur le chemin des puissants.

Et pourtant ce parcours ne fut pas un long fleuve tranquille.

Le drame du Plateau

En décembre 2012 survient le drame du Plateau dans la nuit du nouvel an. Émotion nationale, deuil national mais aussi fortes et violentes polémiques, sous fond de tentatives de récupération et de manipulation politiciennes.

Quelques personnes réclament alors la tête du MEMIS, alléguant notamment qu’en Europe ou en Occident, même en cas d’un simple accident de train un ministre des Transports démissionne.

Il se trouve que Bush n’a pas démissionné après le 11 septembre 2001, que Gbagbo n’a pas démissionné après le 18 septembre 2002, et qu’après le 13 novembre 2015 Hollande est toujours à la barre.

Hamed démission !

Entre quatre murs au Rdr et dans les journaux proches de l’opposition la charge des critiques contre le ministre d’État reste forte. Le parti de Laurent Gbagbo appelle même à la démission du ministre.

Hamed Bakayoko demeure digne face à l’adversité et même fait montre d’un sens inédit de la responsabilité politique en Côte d’Ivoire, en annonçant qu’il proposera au Président de la République sa démission si les enquêtes le mettent directement en cause.

Des affaires dans l’affaire

Au moment même du drame du Plateau, des dégâts collatéraux naissent dans l’affaire. Quelques personnes soupçonnent la police – donc le MEMIS – de vouloir orienter l’enquête vers Guillaume Soro présenté comme le propriétaire de l’immeuble en construction situé sur les lieux du drame. Un immeuble dont les travaux auraient rendu difficile les premiers secours, aux victimes blessées.

Comme le scénario surréaliste auquel on assiste aujourd’hui sur le rôle supposé du MEMIS dans les épreuves rencontrées par le Président Guillaume Soro , quelques internautes ont alors soupçonné des partisans de Guillaume Soro d’avoir manqué de solidarité et d’avoir même établi des connexions avec les pro-Gbagbo pour distiller des intoxications et des méchancetés sur Hamed Bakayoko, en vue de le faire éjecter du gouvernement et éliminer ainsi un prétendant dans la course à la présidence de la République .

Ceux qui distillent la même thèse aujourd’hui, feraient bien de se souvenir que ce n’est pas nouveau, comme argument.

Cette épreuve du Plateau lors de la nuit de la Saint Sylvestre a été une expérience qui aura alors permis aux autorités ivoiriennes de prendre des mesures relativement à l’organisation de manifestations publiques.

Le ministre d’État , l’Étoile d’État – appellation certifiée par l’esthète et l’avant gardiste des nuits abidjanaises Momo N’Diaye – a connu d’autres épreuves et non des moindres : l’affaire des photos de Ble Goudé diffusées sur internet , les récurrentes allégations de violation de droit de l’homme, de torture et d’abus par la Dst , ( des allégations qui soit dit en passant sont de la même nature que celles de Michel Gbagbo contre Guillaume Soro ).

Outre les inquiétudes sécuritaires quotidiennes, Hamed Bakayoko a dû gérer des pics comme le dossier des enlèvements d’enfants et son lot de psychose, de colère et de révolte populaire contenue.

Il y’a eu aussi quelques affaires annexes ou connexes n’ayant rien à voir directement avec les activités du ministère mais qui ont été l’objet de tentatives de manipulations et de récupération politicienne, notamment le dossier dit Gunvor. Suite d’une part, à un simple rendez vous pris ou suggéré à un opérateur économique pour l’encourager dans sa volonté d’investir en Côte d’Ivoire, et d’autre part à un article de Mediapart d’autre part, n’accusant aucunement Hamed Bakayoko, quelques adversaires en ont fait des choux gras…

Que dire de l’exploitation après le triste assassinat de Claudia Abogny , de cette vidéo de son passage au Zouglou ?

24 heures avant le drame, le MEMIS s’est rendu dans un espace Zouglou – danse populaire urbaine du pays- en vogue pour communier avec la jeunesse. Il a dansé comme il aime le faire (et surtout comme il sait bien le faire), et comme il l’a fait lors de la campagne présidentielle.

Il a dansé comme le font bien d’autres leaders politiques et personnalités publiques, à des occasions ( Obama, Zuma, Gbagbo, Kenyata, etc ).

Pourtant danser est devenu à cette seule occasion un tort et une faute ! Parce qu’on avait voulu faire croire que c’est pendant qu’Hamed Bakayoko dansait, et avait mobilisé la police pour sa sécurité personnelle, que les « microbes » ont sévi contre Claudia. D’autres personnes avaient même allégué sur les réseaux sociaux que la regrettée Claudia Abogny sortait du spectacle Zouglou lorsqu’elle a été agressée.

Silence et réaction minima

 » Quand on a subi tout cela, quand on peut encore subir tout cela, on n’a pas le temps pour monter des coups. On réfléchit plutôt à comment s’en sortir et continuer à mériter la confiance du Président de la République, qui a promis être sans pitié pour tout type de coups bas entre membres du gouvernement, contre des personnalités « , renchérit notre source.

Mais alors de façon générale comment a réagi, Hamed Bakayoko face aux difficultés citées plus haut ?

Quand c’était nécessaire, le ministère montait au créneau à travers soit le ministre d’État lui même, soit un responsable du cabinet, ou le directeur d’une administration.

D’autres fois l’initiative était laissée au porte parole du gouvernement. Une fois, notamment au sujet de l’affaire des photos de Blé Goudé, le ministre d’État a utilisé les réseaux sociaux. Pour les autres intoxications le Memis a souvent laissé la rumeur courir et s’éteindre d’elle même.

Un ministre de l’intérieur et de la sécurité est un homme puissant et craint, qui doit être digne de la fonction. C’est aussi un homme à qui on prête la responsabilité de bien de coups bas, ou méthodes X.

Hamed Bakayoko a gagné le pari, tout en restant lui même et en réussissant un exploit : demeurer contrairement à des prédécesseurs au même poste, un homme accessible, près du peuple, un homme populaire, tout en incarnant la force de l’autorité, le Fouché, le méchant ministre de l’intérieur, chargé de coups considérés comme louches ou fourrés.

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