Suspension de Blatter et Platini du football : les méfaits des longs règnes!

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Provisoirement suspendus en octobre dernier des instances du football pour une période de 90 jours et sous la menace d’une radiation à vie, Joseph Blatter, l’ex-président de la Fédération internationale de football et associations (FIFA) et Michel Platini, le patron du football européen (UEFA), ont finalement écopé d’une suspension de huit ans de toute activité liée au football venant de la Commission d’éthique de la faîtière du football mondial. Les deux hommes forts du football mondial sont accusés d’abus de position et de gestion déloyale. Cette fatwa est la résultante d’une sombre transaction portant sur la rondelette somme d’environ deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) que le second aurait reçue du premier, et dont la légalité est sujette à caution dans les milieux du football international, depuis que l’Oncle Sam a donné un coup de pied énergique dans la fourmilière de la maison de verre de Zurich, en alpaguant plusieurs hauts cadres de l’instance dirigeante du football mondial soupçonnés de corruption. Bien entendu, l’attribution des coupes du monde 2018 à la Russie et surtout 2022 au Qatar est passée par là. En effet, tout porte à croire que n’ayant manifestement pas digéré son échec à l’attribution de ces deux compétitions, le géant américain a décidé de secouer vigoureusement le cocotier pour voir clair dans cette affaire. Cela a eu pour conséquence de mettre à nu des pratiques sordides dont se sont rendus coupables de hauts responsables, pratiques que l’on soupçonnait depuis longtemps dans les milieux du football mondial et que personne n’osait dénoncer, faute de preuves. Mais depuis six mois que l’affaire a éclaté, la FIFA est dans la tourmente, avec les arrestations de plusieurs hauts responsables. Et c’est la réplique de ce séisme qui semble vouloir emporter aujourd’hui Michel Platini et Joseph Blatter, au point de les rendrepersona non grata dans un milieu où ils ont pourtant fait la pluie et le beau temps. Si pour le Suisse Joseph Blatter, 79 ans, cette affaire sonne comme une fin peu glorieuse, après dix-sept ans de règne à la tête de l’organisation mondiale du football, pour le Français Michel Platini, c’est non seulement une triste fin pour une si grande légende du football mondial, mais aussi un rêve qui se brise : celui de se hisser à la tête de la faîtière du football mondial.

Le mythe de la toute puissance  de la FIFA est désormais tombé

Toute chose qui devrait être le couronnement d’une carrière bien remplie, après un passage plutôt réussi à la tête du football européen qui apparaît aujourd’hui comme la locomotive du football mondial. En attendant le verdict du Tribunal arbitral du sport (TAS) devant lequel les deux accusés ont décidé de faire appel, l’on peut dire que Michel Platini semble le plus grand perdant dans cette affaire. Non seulement ses chances de pouvoir conquérir le très convoité fauteuil présidentiel de la FIFA semblent désormais réduites à néant, mais aussi c’est une image jusque-là méticuleusement lustrée qui est en train de se ternir. Et le fait d’être tenu à l’écart, pendant de si longues années, comme un pestiféré, d’une discipline à laquelle il a consacré toute sa vie, peut être dur à supporter, même si la sentence aurait pu être plus lourde. Toute la question est alors de savoir si à 60 ans aujourd’hui, Platini pourrait encore être tenté par l’aventure dans huit ans, en cherchant à rebondir, et de quelle manière, si le TAS venait à confirmer la sentence de la Commission d’éthique de la FIFA. C’est pourquoi l’on ne peut s’empêcher de penser que ces suspensions constituent un véritable tournant pour les intéressés eux-mêmes mais aussi dans la gestion du football mondial  sur qui souffle désormais un vent de renouveau. Si fait que l’on se demande si les cinq candidats à la succession du Suisse, à savoir le Cheikh Bareini Salman, le Sud-africain Tokyo Sexwale, le prince jordanien Ali, le Français Jérôme Champagne et le Suisse Gianni Infantino, seront à la hauteur des défis qui les attendent à la tête de la faîtière du football mondial. Une chose est sûre, le milieu du football a besoin d’être assaini. Et si par malheur, ces différents scandales devaient refroidir les ardeurs des sponsors dans l’accompagnement de ces compétitions internationales, la plus grande compétition sportive au monde pourrait perdre de sa superbe. Quoi qu’il en soit, avec le coup de filet de la justice américaine, le mythe de la toute puissance  de la FIFA est désormais tombé et il y a fort à parier que plus rien ne sera comme avant au sein de cette instance. Tout comme en politique, cette « Fifagate » est, une fois de plus, la preuve des méfaits des longs règnes. Vivement le tour de la Confédération africaine de football, car, là-bas aussi, il y a sans nul doute du ménage à faire. Dans tous les cas, comme le dit un proverbe africain, « quand ça va pourrir, ça va forcément sentir ».

Outélé KEITA

Le Pays (Burkina Faso)

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