Qu’attendre du procès de Gbagbo Laurent et Blé Goudé ?

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Les barrages, pillages, exactions et tueries de populations civiles d’Abidjan constituent-elles une action collective, planifiée, politiquement construite et orientée par le « Plan Commun » de Gbagbo? A mon sens c’est la démonstration à laquelle veut aboutir la procure de la CPI afin de confondre les accusés que sont Gbagbo Laurent et Blé Goudé. Etablir un lien logique entre l’organisation politico-militaire, les déclarations, les réunions plus ou moins sécrètes et des décisions de l’exécutif ivoirien d’alors, dans le feu de l’action, pour se maintenir vaille que vaille au pouvoir. Ce « Plan Commun », selon la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, c’est que les Forces de Défenses et de Sécurités, FDS, restées fidèles à Gbagbo Laurent au lendemain des proclamations contradictoires du vainqueur de l’élection présidentielle de 2010, l’ensemble des mouvements de jeunesse dénommé « Jeunes Patriotes » dirigé par Blé Goudé Charles, « Le Général » comme on l’appelait, obéissaient à la mise en œuvre d’une politique de terreur et de destruction de l’adversaire militaire et civil. L’organisation civile du Plan Commun Blé Goudé Charles, Juste pour rappelle qui arrivait à cette terrible conclusion, « Je suis arrivé aujourd’hui à un point où je ne crois plus que Hitler a été mauvais, ou que Milosevic est mauvais », pourra-t-il nier sa responsabilité directe dans les buchers humains de personnes supposées êtres proches d’Alassane Ouattara dans les rues d’Abidjan ? Lui qui lors de la tenue d’une assemblée générale extraordinaire de la « galaxie patriotique », le 24 février 2011, dans un bar dancing à Yopougon clamait devant une foule surexcitée « Je demande à tous les jeunes de Yopougon, Port-Bouët, Koumassi, Adjamé, Cocody,Treichville, bref, de tout le district d’Abidjan, je demande à tous les jeunes de Côte d’Ivoire de s’organiser en comités… ». Cet appel au soulèvement et aux dénonciations était relayé et mis en œuvre par plusiers sous-groupes dont le Conseil révolutionnaire d’actions concrètes (Crac), dirigé par Serge Koffi, alias Sroukou Trinmin Trinmin (STT) : « Les rebelles agressaient intempestivement à Abobo et il n’y avait pas de réaction. …On a donc organisé le pillage des maisons des responsables du RHDP. Au niveau du Crac, nous avons installé des cercles révolutionnaires dans tous les quartiers d’Abidjan. Et chaque cercle devait piller chez les responsables RHDP dont les domiciles étaient répertoriés sur l’ensemble du district d’Abidjan » clamait un de ses proches en février 2011. La suite on la connait tous. Dans toutes les communes d’Abidjan et à l’intérieur du pays, des jeunes excités armés de machettes, de gourdins, de couteaux, et bien souvent de Kalachnikovs, souvent encagoulés, ont rapidement érigé des barrages, afin de passer au peigne, tous les véhicules, vérifient les cartes d’identité des passants, « interpelaient » manu militari ceux qu’ils jugeaient suspects et ce fut le début des buchers humains. A la date du 25 février, près de 8 personnes étaient déclarées « brûlées vives » dans plusieurs districts d’Abidjan, selon les informations recueillies par l’envoyé spécial en Côte d’Ivoire du journal en ligne LEXPRESS.fr dans son édition du 01/03/2011 : une à Gesco, cinq à Sicogi, près du Commissariat du 16e arrondissement, une à Yopougon, et enfin encore une à Siporex, près du Lycée technique. La procureur de la CPI a donc pour stratégie de démontrer que l’exécutif ivoirien ténu par Gbagbo au moment de la crise postélectorale était un appareil à tuer structuré et hiérarchisé composés de FDS, de mercenaires, de miliciens, de jeunes pro-gbagbo régulièrement appelés « Jeunes Patriotes » qui avait pour leader incontesté Ble Goudé Charles. Déjà, dans le recrutement des forces de défenses, il est établis que Blé Goudé avait son mot à dire ou à tout le moins avait le pouvoir d’intégrer par voie de concours ou recrutements directes des contingents et ce phénomène a donné naissance au terme de “Contingent BLÉ GOUDÉ”, “soldats BLÉ GOUDÉ” or “recrues BLÉ GOUDÉ” or “recrutés BLÉ GOUDÉ”. Le complexe politico-militaire de Gbagbo Laurent Gbagbo s’étant entouré d’hommes politiques fidèles et de militaire qui étaient tous à des postes de commandement clés ne lancera-t-il pas, à eux tous, son fameux « Si je tombe vous tombez » ? Tout le système mis en place était chapoté, selon la logique de l’accusation par Laurent Gbagbo lui-même entouré donc d’hommes de confiance, prêts à aller jusqu’ au bout, parmi lesquels on peut citer DOGBO BLE (GR), Boniface KONAN (DMIR), GUIAI BI et son adjoint ROBE GOGO ainsi que ZOH LOUA (CECOS). Dans la Gendarmerie, GBAGBO pouvait compter sur ABEHI et KOUKOUGNON (GEB). Dans la police, Claude YORO (DUI), Emmanuel Patrice LOBA GNANGO (BAE), Bertin DJEDJE GBAGRO (CRS1) et Marius Ouaty TOURE(CRS2) étaient des soutiens du régime. Dans les unités spéciales des forces terrestres, il s’agissait surtout de Rigobert DADI TOUHOURI (BASA), et le capitaine Clément Ouandé ZADI pour le « sous-groupement tactique. Y avait-il un « Plan Commun » élaboré et exécuté par le clan Gbagbo afin de se maintenir au pouvoir et mener une guerre sans merci aux forces militaires pro-Ouattara et les populations civiles supposées êtres les partisans de son adversaire politique ? Les juges suivront Fatou Bensouda dans sa logique ? Gbagbo et Blé Goudé ont-ils de réels espoirs de passer les mailles du filet de la CPI ?.

Etat civil et le paradoxe de l’identification des personnes, 26 acteurs ministériels concernés et les partenaires au développement se sont donnés rendez-vous, hier, mardi 9 février 2016, pour mettre en place un cadre juridique et institutionnel afin de clarifier les rôles de chacun et d’éviter les chevauchements lit-on dans la presse. Sincèrement ne sommes pas à l’âge préhistorique dans ce domaine quand on sait que le numérique qui a envahi toute les sphères de la vie et qui est de loin le moyen le plus efficace dans l’identification et traçabilité des personnes physiques est juste à portée de main? Le développement de l’e-administration, on peut quand même l’espérer avec l’actuel ministre en charge du numérique, ne devrait-il pas être l’opportunité de développer une carte nationale d’identité électronique, s’il le faut, dotée d’une puce (révolutionnaire ?) dans laquelle serait enregistré l’état civil de chaque ivoirien, sa photo et surtout ses données biométriques? On s’étonne que la base de données constituée par l’établissement de Carte d’Identité Nationale actuelle, produite à la veille des élections de 2010, contenant des données biométriques, ne puisse pas servir à reproduire automatiquement et dans un délai record une carte pour ceux qui ont perdu les leurs. Les collectivités locales ne devraient-elles pas être mises à contribution pour établir une base de données numérique, eux qui sont plus proches des populations donc ayant une interaction plus grande que l’Etat central ? La centralisation électronique de cette base d’informations, consultable par différentes structures administratives, santé, éducation, sécurité, justice, recherche scientifique et stratégie d’élaboration des programmes socioéconomiques, permettrait d’avoir une base d’informations fiable, mise à jour régulièrement au gré des migrations interne et de l’évolution des personnes physiques dans le temps et dans l’espace. Le terrorisme devient un sujet préoccupant pour tous les pays et la question de l’identification prend tout son sens dans la lutte contre ces guerres mouvantes utilisant le monde virtuel des réseaux sociaux pour recruter, organiser, planifier et exécutés les horribles attentas qu’on observe dans la sous-région. Avec le numéro de « Sécurité sociale», identifiant fiable et immuable la vie durant, et autres cartes bancaires dans les pays développés règlent en parti le problème et donne des armes efficaces à la lutte contre le banditisme protéiforme dans ces pays. Mais ici, nous continuons à nous égosiller dans des débats futiles et intellectuellement insultants sur l’identification des personnes physiques par le biais des cartes d’identité. L’identification ou l’identifiant des citoyens (CNI) qui en découle étant perçues malencontreusement comme un privilège dans l’imaginaire collectif de certaines personnes aux réflexe de tribu assiégée. En réalité, la peur d’un système rigide et immuable d’identification qui annulerait la fraude sur les acte de naissance et autres documents administratifs ( changement de la date de naissance, des diplômes subséquents, de CNI) demeure le seul motif pour accepter un système de fonctionnement suranné.. Alors, ici nous continuons de gaspiller toutes nos énergies et des sommes onéreuses en paperasse et en fonctionnement d’administrations tentaculaires, pléthoriques, et moins efficaces les uns que les autres. 26 structures ou acteurs…pour identifier une personne physique. 26 conflits de prérogative, de perception de droit d’enregistrement, 26 obstacles à l’établissement de documents administratifs et à la sécurité publique. C’est à croire que les agences de téléphonie mobile, les banques, et même les entreprises électricité et d’eau courante seront à la longue plus fournies et efficaces en gestion des identités physiques que l’Etat lui-même. Souvent la sclérose du fardeau de la gestion administrative fait passer à côté des choses simples… Que représente une base de donnée numérique centralisée face au cout de fonctionnement et la lenteur légendaire et souvent provoquée (selon les facettes du racket) de pléthores de structures qui se battent les unes contre les autres ou au mieux s’ignorent les unes les autres, plutôt que de conjuguer les efforts pour parvenir à établir un identifiant administratif unique à vie pour les personnes physiques?

Bakary Cisse

Analyste en développement économique

 

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