La victoire en pleurant…

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« Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus »… La phrase est de Pyrrhus 1er d’Épire, ce roi macédonien qui dans l’antiquité s’était rendu célèbre par des victoires aux goûts bien amères sur les armées romaines. Puisque la saignée subie à chaque confrontation par ses troupes était telle qu’elle obscurcissait encore un peu plus son avenir, jetant un doute sérieux sur les chances de succès final de son entreprise et lui ôtant ainsi toute envie de fanfaronner devant ce qui de victoire n’en avait que le nom. D’où l’expression « victoire à la Pyrrhus » passée à la postérité pour désigner une bataille gagnée au prix de mille souffrances ou de pertes importantes.

Eh bien désormais il faudra ajouter au catalogue des épilogues à la saveur âpre « la victoire à la kragbétienne ». Cette dernière-née se singularisant par le fait qu’elle tire son amertume bien moins des souffrances endurées pour l’obtenir que de l’éclat même de ce dénouement favorable qui dans un monde normal aurait ravi les acteurs de cet aboutissement heureux. Faut-il donc se résoudre à penser qu’en Eburnie, nous ne vivons pas dans un monde normal ? Apparemment oui…. Puisque dans ce pays certains esprits obtus semblent se complaire dans les glapissements interminables, leur soif inextinguible de paraître les poussant à revendiquer tout et son contraire au point de ne trouver satisfaction dans aucune décision prise pour faire droit à leurs requêtes et soulager leurs souffrances. A moins d’avoir une conception masochiste de la lutte sociale comment peut-on comprendre ces lamentations à n’en point finir qui accompagnent chaque avancée obtenue de haute lutte dans la bataille pour le bien-être et la sécurité des ivoiriens ?

Des factures d’électricité revues à la baisse qui auraient dû les agréer, ils préfèrent plutôt caqueter sur le pourquoi du comment. De l’annulation de l’opération obligatoire de renouvellement du permis de conduire qui aurait dû leur redonner le sourire, ils préfèrent jacasser sur le sexe des anges. Soupçonnant même le pouvoir d’avoir sciemment créer cette situation dans le seul but de se réserver le beau rôle en répondant favorablement aux plaintes des consommateurs. Aussi ne digèrent-ils pas le discours du 1er mai dans lequel le PR en grand seigneur a mis les pendules à l’heure en remontant les bretelles de ses ministres, poussant le zèle bienfaiteur jusqu’à ordonner le remboursement du trop-perçu sur les dernières factures d’électricité !!! « Trop c’est trop ! Pour qui se prend-il celui-là à détourner nos problèmes pour se forger l’image d’un sauveur à l’esprit chevaleresque volant avec panache au secours de son peuple ?!!!! Non, non, non, nous ne saurions supporter d’avantage pareille infamie….»…….. Aurait-il fallu donc le PR restât les bras croisés devant la fronde sociale, histoire que nos éternels ronchons puissent continuer à tirer jouissance de leur chapelet de griefs égrenés sans fin ? Pauvre de nous !!

L’humeur bilieuse de la kragbétie atteindra un pic inflationniste quand face au climat d’insécurité grandissante créé par les agressions multiples de la « microbie», les autorités décident de prendre le taureau par les cornes et de mener une croisade contre ces bandits en culottes. Des gens qui hier encore faisaient feu de tout bois sur le pouvoir accusé de complicité dans cette situation se découvrent soudainement une vocation de défenseur des droits de ces fripouilles contre lesquels ils vitupéraient tantôt. Les voici l’air horrifié grimpant aux arbres pour pester contre la brutalité policière dont seraient victimes ces gamins innocents contraints par la pauvreté à couper des gorges pour obtenir leur pitance quotidienne. Alors qu’on essaie de créer les conditions leur permettant de préserver leur vie et leurs bien, les mêmes trouvent moyen de rouspéter contre leurs protecteurs, et de se mettre en peine du sort infligé à leurs bourreaux. C’est encore heureux qu’on ne meurt qu’une seule fois. Certains se seraient sûrement occis volontairement pour le seul plaisir de pouvoir revenir témoigner de l’échec de la politique sécuritaire du pouvoir en place. Triste !

En définitive, et tout esprit équilibré en conviendra, la meilleure façon de faire le bonheur de quelqu’un c’est de le faire sans tenir compte de ses humeurs. Car l’être humain étant changeant par nature, les victoires qui aujourd’hui lui semblent d’un goût aigre lui apparaitront beaucoup plus éclatantes lorsqu’elles seront débarrassées de l’irritabilité que lui procure le sentiment d’en partager les dividendes avec l’ennemi. Et le jour où il saura apprécier sa situation sous un climat plus serein, il se rendra alors compte de l’avantage qu’il avait d’être en face d’un interlocuteur qui a su se montrer réceptif à ses jérémiades et en tirer matière pour le bonheur de tous et de chacun…

Merci Prési de rester à l’écoute de ton peuple.

Jean l’ecclésiaste

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