Vendredi soir, il est 17H, nous nous interrogeons encore sur l’identité du chauffeur ayant transporté les terroristes le 13 mars à Bassam, lorsque nous recevons un coup de fil d’un jeune qui se présente à nous comme habitant de Dabou et ayant faire les études avec Barry Batesti, Barry Hassan de son nom à l’état civil, présenté comme le chauffeur des terroristes. «Nous avons fait la classe de terminale ensemble en 2009 au lycée Albert Kacou Tiapani de Dabou » nous lance au téléphone A.K. Vu la sensibilité du sujet, nous décidons d’un rendez-vous le même soir à Dabou pour avoir plus d’informations sur ce jeune homme de 24 ans qui a hébergé à Dabou et conduit ces tueurs à Grand Bassam en mars dernier. C’est un jeune homme d’affaires, d’un tempérament froid, mais quelqu’un de très ouvert et très serviable que nous rencontrons en début de soirée à Dabou.
« Il est de teint clair, Mince, il fait à peu 1, 75 mètre. Après deux échecs au Bac, il gérait une cabine téléphonique en bordure de la voie internationale. Ils nous disaient toujours que son rêve était d’aller en France. Vers 2014 il a rejoint un de nos enseignants affecté à Zuenoula et c’est de là-bas qu’il a voulu se rendre en France en passant par le sahel » nous informe A.K.L l’air très déçu de son compagnon de classe. « Il n’était pas brillant en classe, il voulait même pas reprendre la terminale, il avait la tête en l’air et n’avait que l’aventure Européenne en bouche » se souvient-il
A l’en croire c’était un jeune très respectueux, sans histoire. Malheureusement, les choses vont changer pour lui sur le chemin de la France. C’est à la frontière Algérienne qu’il rencontre « ses nouveaux amis » qui en lieu et place du rêve Européen, lui propose une vie de riche avec des attaques terroristes. Il connait la Cote d’Ivoire et donc peut leur servir de guide. Face déjà eux difficultés de la traversée de la méditerranée et ce que lui propose ses nouveaux amis, le choix est vite fait. Il effectue alors plusieurs voyages entre le Niger, le Burkina, le Mali, et la Cote d’Ivoire où il se rend à Daloa, à Gonzagueville, à Bassam mais avec une présence assez remarquée à Dabou entre l’hôtel Akparo, et une boutique de ces compatriotes. Se rendait-il souvent en famille ? .« Je ne sais pas, depuis le Lycée, il avait quitté le domicile familiale et vivait avec un de nos enseignant qui l’avait adopté. D’ailleurs, j’ai appris qu’il était chez ce dernier en 2014 avant de se lancer sur le chemin de l’aventure » nous dit AK.
« Je l’ai vu ici à Dabou avec ces derniers et je lui ai demandé qui étaient-ils ? Il m’a juste dit que ce sont ces « ces vieux pères » ». Ils les avaient logés à l’hôtel Akparo courant février et il faisait toutes ses courses à bord d’une Toyota 4X4 Land Cruiser de couleur OR. « C’est lui qui les a conduits à Bassam, et on a un de nos vieux pères qui étaient au courant des mouvements de Barry Hassan. Ce dernier est en fuite depuis l’arrestation d’Hassan » explique notre contact, qui précise avoir assisté un soir à un contrôle de police où ce dernier et ses compagnons ont été contrôlé par les policiers. « C’est Hassan qui est descendu du véhicule afin de négocier avec la police. Je n’entendais pas les propos mais je me suis dit que c’était en rapport avec la plaque Nigérienne qui était sur le véhicule »
Une semaine avant les attaques, se souviens AK, ils se sont rendus à Grand Bassam sûrement pour le repérage. « Il bougeait beaucoup à cette époque suscitant des soupçons chez certains de ces anciens amis qui se demandait bien ce qu’il faisait comme métier pour avoir un tel véhicule. D’autres avaient finir par conclure que c’était un « brouteur » et les soupçons n’allaient pas plus loin.»
« Quand nous étions encore petits, il avait un vélo, malheureusement ce vélo a été volé par un autre ami. Il était si respectueux qu’il saluait tous ceux qu’il croisait sur son chemin » se souvient avec sourire AKL qui n’en revient toujours pas.
Orphelin de père Barry Hassan dit Barry Battesti, est fils d’une famille de sept enfants dont 4 filles et un 3 garçon. Burkinabé d’origine, il est né en Côte d’Ivoire, précisément à Dabou en 1992. De retour de l’Algérie, il a été aperçut à Daloa et à Gonzagueville où il a deux de ces sœurs mariées qui habitent dans ces lieux respectifs. Sa mère quant à elle est encore à Dabou (pour sa sécurité, nous ne pouvons donner son lieu d’habitation que nous avons vu).
C’est actuellement la désolation auprès de ceux qui l’ont connu. « C’était un jeune très poli et on ne pouvait même pas penser un seul instant qu’il pouvait faire cela» ne cesse de répéter ces derniers qui se demandent encore comment il a pu se radicaliser. « La cupidité » soutient un de ses amis, « la course à la richesse » soutient un autre qui dit ne pas encore croire à cela. Pour l’heure, l’enquête avance bien loin de toutes ces spéculations et interrogations de ces proches encore sous le coup de la surprise et qui souvent se morfondre du fait de n’avoir jamais pensé à une piste terroriste afin d’alerter à temps la police. « Mais nous retenons qu’il va falloir désormais prendre nos distances avec tous ceux qui échouent sur la route de l’Europe et qui reviennent au pays. Ce qui vient d’arriver avec ce jeune doit nous servir de leçon » lance l’air abattu AKL.
Ys Cazola
Lementor.net
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