Le FPI : l’impossible entrée dans un processus de réconciliation et de paix

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Le Front Populaire Ivoirien (FPI), parti fondé par l’ex-Président Laurent Gbagbo aujourd’hui à la Haye depuis plus de cinq (05) ans, n’a pas digéré son éviction des arcanes et des commandes du pouvoir d’Etat. Pour manifester cela, il refuse tout processus qui pourrait conduire à une réconciliation et vers la paix sociale. Le FPI a choisi que les adversaires politiques d’hier continuent à se regarder en chiens de faïence pour construire une Côte d’Ivoire qu’ils disent pourtant aimer. Pour bien s’arc-bouter dans cette attitude de repli sur soi et se complaire dans le refus, ils (les alchimistes du FPI) ont trouvé les argumentaires pour se présenter en victimes aux mains propres comme celles des bébés qui viennent de naitre. Car pour ce parti à la rose le FPI, ses penseurs, les chercheurs de ses officines, les animateurs des Agoras et Parlements, les militants et suiveurs, malgré les « Je suis venu au pouvoir de manière calamiteuse » et « 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite, moi j’avance », ce parti demeure blanc comme neige. Rien, absolument rien à se reprocher.

Pourtant un regard en arrière

Jamais d’effort pour jeter un regard dans le rétroviseur pour voir la germination et le parcours des graines de la fracture sociale, semées en 1999/2000. Le coup d’Etat de décembre 1999 soutenu et récupéré par le FPI. Le changement de la constitution suggéré et piloté par le FPI pour aboutir au réveil de l’ivoirité (le ET et le ET ; le leader a avoué devant la nation que c’était pour régler le cas d’un homme). L’élection calamiteuse (toujours selon les termes de son leader charismatique) et la découverte du charnier de Yopougon, taxé de montage et de mise en scène orchestrée par les adversaires, dixit les nouveaux tenants du pouvoir d’Etat. La présence au Burkina Faso de soldats ivoiriens avec qui un dialogue aurait pu être noué, mais non. C’est avec arrogance que cette affaire fut traitée : « Nous voyons le dos des nageurs » et « Nous les voyons dans leurs moindres déplacements, même quand ils s’arrêtent à un feu tricolore ». Que le pouvoir grise et change l’homme !

Arriva donc ce qui devait arriver : le 19 septembre 2002

La partition de la Côte d’Ivoire en zones SUD et CNO. La chasse aux sorcières commença dans les deux zones. En zone SUD, la chasse aux sorcières, que dis-je, la chasse aux rebelles et à tout ce qui y ressemble de par son faciès, son patronyme, son origine nordique, commença. Les Agoras et les Parlements poussèrent de partout, jusqu’à l’intérieur du pays, avec leurs messages de haine tribale. Des hélicoptères, les MI-21 et MI-24 firent leur apparition avec des images effrayantes peintes sur leur carlingue. Etait-ce des requins à dents longues et ensanglantées. Est-il que c’était des images effrayantes. Et ce que l’on n’osait pas imaginer sur un territoire national, arriva : ces hélicoptères ouvrir le feu de l’enfer sur des populations ivoiriennes dans des localités bien ciblées dont Bouaké qualifiée de ‘’Bouaké la rebelle’’. L’article 125 fit son entrée triomphale avec ses accessoires de pétrole, de feu et de sang et de nombreuses vies l’accompagnèrent dans sa macabre marche.

Et un jour, tout sembla se figer

Et un jour de mars 2011, les soldats des Forces Nouvelles (FN) jusque là cantonnées dans la zone CNO, ces rudes combattants taxés d’analphabètes et de Dozos (chasseurs traditionnels du Nord) entamèrent une descente triomphale pour prendre la zone SUD en trois (03) jours, mettant en déroute, les soldats dits sortis des grandes écoles de guerre. Et ce qui devait arriver en ce genre de circonstance, arriva. Après la rude bataille urbaine d’Abidjan, le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo et tous ses proches retranchés dans son bunker, furent pris comme des rats sortis de leur trou. Pitoyable image de la gloire à la décadence. La page du pouvoir FPI venait d’être tournée. Les penseurs et alchimistes du FPI rentrèrent au laboratoire comme à leur habitude, pour penser et sortir de nouveaux concepts les ‘’victimisant’’ (rendre victimes aux yeux du monde) qu’ils proposèrent à leurs militants et suiveurs pour être relayés : Justice des vainqueurs – Prisonniers politiques, etc.

Impossible conciliation et réconciliation

L’habitude étant une seconde nature, un sage n’a-t-il pas dit « Le molosse ne change jamais sa manière éhonté de s’asseoir » ? Depuis son éviction du pouvoir d’Etat, le FPI a refusé tout dialogue avec le nouveau pouvoir en place ou du moins s’il devait accepter un quelconque dialogue, il fallait d’interminables préalables comme s’il était en situation de le faire. Ainsi, le FPI et ses militants sont restés en dehors de toute réconciliation avec parfois des expressions devenues slogans « Sans Gbagbo, pas de réconciliation » et « Sans liberté de nos prisonniers politiques pas de paix ». Et ils tentèrent l’aventure de la déstabilisation qui échoua. Des localités furent attaquées, Abidjan, Agboville, Abengourou, Noé et le département de Tabou où (Para) sept (07) casques bleus trouvèrent la mort. Las de ne pouvoir atteindre leur but lugubre, ils se recroquevillèrent dans leur repli sur soi. Dans ce repli sur soi, il fallait un adversaire pour se maintenir dans la logique de guéguerre. Ils trouvèrent l’ingénieuse idée de scinder  le FPI en deux entités, l’une dirigée par Pascal Affi N’guessan et l’autre par Sangaré Aboudramane. Et le combat de la négation de la réconciliation, cette fois interne, se poursuivit de plus belle et se poursuit encore. Cette division interne qui affaiblit ce qui devrait représenter l’opposition significative, fait la belle affaire du pouvoir en place qui s’en délecte. Le FPI voulant demeurer en marge de la réconciliation et de la marche du pays, n’aura que ses yeux pour pleurer lors des bilans. Alors question : Que veut le FPI pour le FPI ? Que veut le FPI pour la Côte d’Ivoire ? Un parti qui se veut fort, ne se construit pas avec des murs de jérémiades. Le FPI : l’impossible entrée dans un processus de réconciliation et de paix, pourtant la Côte d’Ivoire avance lentement mais surement vers sa destinée.

Khalil Ben Sory

Lementor.net

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